
Inutile d'introduire cette critique en vantant la percée de Denis Villeneuve dans le cinema international, que ce soit dans le registre du thriller avec Prisoners ou dans celui du film d'action avec Sicario. Quand on arrive devant Premier Contact, on sait qu'on a affaire à l'un des réalisateurs les plus prometteurs de cette génération.
On ne s'attend pas à du grandiose et du grandiloquent parce que l'on connaît le style anti spectaculaire et intimiste du réalisateur qui fait la force de ses films.
On s'attend à un vent de fraîcheur balayant le genre dans lequel le film s'inscrit, comme l'avait brillamment fait Sicario l'année dernière, ne renouvelant certes pas grand chose, mais apportant une personnalité forte et inhabituelle dans cette masse informe de productions hollywoodiennes désincarnées.
Un film frais et prenant, c'est ce que j'attendais de ce Premier Contact, et, même si j'ai apprécié le voyage, je dois dire que je suis resté sur ma faim.
La première partie du film remplit le contrat Villeneuve, avec sa caméra paisible, ses plans propres, sobres et maîtrisés (on est souvent proche d'un Fincher visuellement), son ambiance à la fois calme et apocalyptique, et surtout sa mise en scène parfaite qui ne cherche jamais à impressionner vainement et en faire trop (on peut louer les premières minutes du film qui nous font ressentir toute l'ambiance électrique et la panique des gens devant cet événement inattendu sans nous montrer une seule fois les ovnis en question, tout est sobrement filmé du point de vue de la protagoniste qui assiste à tout ceci depuis sa télé), on est exclusivement dans la retenue, l'intime, le confidentiel, et ça j'adore, parce qu'il n'existe pas de meilleur moyen de faire ressentir la grandeur et le frisson de l'inconnu.
Et c'est justement ce qu'il manque à cette deuxième partie qui n'est pas exempte de défauts. Tout s'enchaîne à vitesse grand V, des facilités scenaristiques apparaissent à ma grande consternation et les enjeux deviennent moins prenants et semblent même s'effacer, mettant en place un twist que je qualifierai d'assez pauvre. Un twist qui m'a déçu car je ne pensais pas qu'un type comme Villeneuve tomberait dans un écueil pareil, vu et revu et servant la plupart du temps à meubler un scénario indigent.
Mais le scénario de Premier Contact n'est pas indigent, et c'est justement pour ça que le réalisateur aurait pu - et aurait dû - sortir de ces facilités scenaristiques.
Je n'ai pas non plus accroché à ces scènes malickiennes entre la femme et sa fille, bien que la présence de cette dernière en filigrane tout au long du film apporte quelque chose à la psychologie du personnage principal.
Cependant ce film n'est pas tellement idiot et ne se croit pas plus intelligent qu'il ne l'est (certains lecteurs sont en train de penser à Nolan). En effet, le scénario offre une richesse thématique assez intéressante et s'offre le luxe de traiter de multiples concepts philosophiques tels que le langage, la mémoire, l'humain et sûrement pleins d'autres thèmes que je n'ai pas su déceler. Et c'est un peu pour ça que je pense être passé à côté du film, ou du moins de certains de ses aspects. Je pense qu'il a un fort potentiel dans ses différents niveaux de lecture et je n'exclut pas revenir sur mon avis dans quelques jours, le temps que tout ceci mature dans mon esprit.
Dans ce cas là, ce sera un signe d'une certaine richesse et, envisageant de revoir tout ça à la hausse, j'attend de voir ce que le film aura de nouveau à m'offrir...
Mais pour le moment je reste mitigé.