le genre qui prédestine la chute (CRITIQUE AVEC SPOIL)

Pour parler de ce film et de ce qui m'en a fait baisser la note, difficile de ne pas passer par une case spoil bien garnie :


Le problème majeur de ce film à mes yeux, c'est son absence de surprise. Je m'explique : il met en place une intrigue temporelle ainsi que des figures énigmatiques dés le début de sa narration. Intrigue temporelle...figure énigmatique dont on prend la peine de bien cacher le visage... non, rien de bien nouveau pour le genre et on sait d'office où on va aller.
C'est clair, si on ne peut pas dire que la plupart des intrigues à base de sauts temporels s'agrémentent d'une thématique sur l'identité et le changement nous livrant une chute finale montrant le héros -oh sacrebleu - devenir un autre, on peut néanmoins voire l'exemple s'être répété encore et encore au film de la littérature et du cinéma. "Retour vers le futur" exclu, on peut citer du "Looper" (quoique pas vraiment question de chute sur l'intrigue identitère) , "la machine à voyager dans le temps", "perdus dans l'espace", "Harry Potter III", "Terminator", et d'autres encore. C'est dire que le sujet a déjà intéressé plus d'un mais aussi qu'on en a fait l'expérience plus d'une fois.


Devinez quel est le sujet principal de "Predestination" ?
Alors oui, il le fait de manière alambiquée et multiplie les retournements de situation sous coups de révélations identitaires mais les procédés semblent néanmoins grossiers et les éléments en sont donnés de manières si ostentatoires qu'ils laissent toujours deviner ce qu'ils cachent, ce qui fait la chute de ce qu'ils préparent chaque fois et de sorte que ces grands moments de révélations deviennent surtout de grands flops....


John nous apprend qu'elle s'appelait Jane, qu'elle a rencontré un homme dont elle ne savait rien (dont on nous cachera bien sûr les traits - ce qui est fort subtile) duquel elle est tombée enceinte avant d'affirmer fièrement "les médecins m'ont dit que j'étais fertile ce matin !"
...en faut-il tant pour nous montrer ce qui va suivre ?


Le début n'est pas moins subtil, avec un Ethan Hawke qui découvre son nouveau visage... : "même ma mère ne me reconnaitrait pas"
...


Le problème du film n'est ainsi pas seulement dans son manque d'originalité dans l'utilisation de sa thématique - pour lequel le synopsis en dit déjà beaucoup - mais donc aussi dans sa façon, trop lourde de le faire. Un peu de subtilité pour ce genre d'intrigue n'est pas du luxe si l'on veut que les révélations fassent leur office. En l'état lesdites révélations sont surtout l'occasion de s'emmerder un peu puisqu'on a déjà tout compris et qu'on attend de passer à la suite.


On en vient très vite à cette impressions que les scénaristes avaient pour objectif premier de nous pondre quelque chose (c'est une adaptation de nouvelle, donc à voir avec l'oeuvre originale) d'un véritable labyrinthe narratif, dans lequel nous perdre pour mieux nous guider ensuite. Un défaut aura été, entre autre et sinon de vouloir faire trop compliqué quelque chose qui ne l'est pas tant, de justement trop nous guider. Quand je suis dans un labyrinthe je veux chercher la sortie, non suivre des flèches durant tout le parcours... Certes je serais quand même content de sortir, mais où en serait l'honneur et le plaisir ?
c'est la même chose ici.
Un autre de ces défauts seraient peut-être qu'à coté de cette intrigue pousse-à-la-révélation-facile, on cerne finalement mal des enjeux pour les personnages. Comme si le seul intérêt pouvait n'être véritablement que ces coups de théâtres qui tombent malheureusement à plat.


Le film n'est heureusement pas exempt de points positifs parmi lesquels on pourra bien sûr citer Ethan H. et le jeu de quelques uns de ses confrères. J'apprécie aussi le fait que pour les sauts temporels on ne nous aie pas gavé d'effets spéciaux infographiques baveux pour, au contraire, rester dans quelque chose de très simple mais de suffisamment efficace.


Predestination, un mauvais film ?
Non, absolument non. Je dirais simplement qu'il arrive beaucoup trop tard pour pouvoir surprendre un spectateur avertit et qu'il ne parvient pas vraiment à s'en donner les moyens de toute façon.

Jonathan_TJo
6
Écrit par

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le 31 juil. 2015

Critique lue 341 fois

Jonathan TJo

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