J'adore les univers qui traitent du paradoxe temporel et c'est sans nul doute pour cette raison que j'ai apprécié PREDESTINATION. Je ne saurai expliquer pourquoi je me régale autant avec les histoires de boucles et de boucles dans les boucles. Peut-être parce que le thriller et le fantastique s'y côtoie, que les rebondissements y sont légion, que de nombreuses directions peuvent être prises et donner libre cours à l'imagination des auteurs. Aussi, comme c'est l'un des rares sujet à n'être qu'un fantasme - et qui le restera à tout jamais - traiter du voyage dans le temps demande une grande précision narrative au risque sinon de voir l'oeuvre sombrer dans le ridicule. Avec un point de départ surréaliste, le plaisir n'est là que si l'histoire tient néanmoins la route. Même si Doc Emmett Brown répondrait que "là où l'on va, on a pas besoin... de route."


Au regard de son entame nous pensons que l'action va être omniprésente. Pourtant, et très rapidement, PREDESTINATION se bloque au comptoir puis à une table d'un bar où deux protagonistes vont échanger pendant près d'une demie-heure. Un face à face heureusement entrecoupé de flashbacks donnant un peu de matière à ce démarrage pas très folichon. Puis, enfin, c'est après avoir écouté l'histoire "quand j’étais une femme" de son client (excellente Sarah Snook) que le serveur/agent spécial (l'impeccable Ethan Hawke) lui demande si il/elle souhaite se venger de celui qui est aujourd'hui le poseur de bombes. Evidemment, elle accepte. Vous suivez ? A partir de là place aux voyages spacio-temporels, à l'action et au suspens, ce pourquoi je suis face à mon écran TV.


PREDESTINATION est un Direct-to-DVD très agréable dont il est difficile de dire quelques mots sans spoiler. Je dirai alors seulement que les détails se veulent révélateurs dès les premières minutes et que vous trouverez votre lot de bonnes surprises dans la seconde partie. Les caractères, la mise en scène, la photographie et la lumière sont soigneusement développés mais on s'y attache néanmoins pas plus que cela. Ça ne plaisante pas non plus, l'ambiance est pesante, ce qui pour le coup n'est pas pour me déplaire.


Le souci principal du long métrage des frères Spierig résulte dans le fait que c'est une adaptation du roman "All You Zombies" de Robert A. Heinlein (auteur notamment de "Starship Troopers") publié en 1959. En 1959, ça claque, mais en 2014 ? Il aurait fallu un peu plus de malice pour surprendre un spectateur qui en a vu bien d'autres. Rien de véritablement décevant mais les réalisateurs s'éclatent sous le flot de rebondissements par-ci et se loupent avec trop de tiédeur par-là. Un problème de montage, de tempo, qui n'empêche néanmoins pas PREDESTINATION d'être le bon et plaisant petit film auquel je m'attendais.

Michael-Bruce
6
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le 6 sept. 2016

Critique lue 260 fois

Michaël Bruce

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