Critique : Sortant directement par la case Direct To Dvd en France, Predestination ne bénéficiera donc pas de sortie en salle obscur, et c’est bien regrettable. A une époque, ou en salle l’on pouvait visionner « Lucy » de Luc Besson et non Predestination, l’on peut s’interroger sur le fait que le cinéma ne correspond plus qu’au simple divertissement du spectateur et non à son intellect ou son âme artistique.

En effet, les réalisateurs Michael Spierig, Peter Spierig (Daybreakers) reviennent une troisième fois au-devant de la scène pour présenter leurs nouveau bijou. Il est clair qu’au vu de la filmographie peu convaincante des metteurs en scènes, rien d’exceptionnel n’était à attendre de Predestination. Et c’est là qu’un incroyable retournement de situation est mis en œuvre pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Commençant tout bonnement comme un film des plus ordinaires, rien ne vient à douter quant à la trame de l’intrigue de départ jusqu’à certains rebondissement totalement maitrisés, par une plume de qualité. Sans exceller dans des dialogues d’une richesse inouïe, le script se dote d’un développement des personnages et d’un total contrôle des nombreuses péripéties jusqu’au dénouement final. Le rythme instauré par cette fine écriture est donc constant et garde l’attention du spectateur jusqu’au bout en le laissant envisager chaque situation jusqu’à l’aboutissement. Doté d’une approche complexe l’histoire entreprend une réflexion quasi constante du spectateur pour l’emporter dans ses aliénations des plus audacieuses. Il est bon de voir qu’à une époque où les plus gros box-offices sont généralement créer par des films prévisibles ou simplistes, certain tentent l’originalité.

Bien que l’élément principal du long-métrage soit son scénario, il ne prédomine pas que dans cet aspect. La magie n’aurait pu opérer sans un casting redoutable, c’est pourquoi les réalisateurs ont fait appel à un acteur principal bien connu pour ses prouesses dans la Science-Fiction, qui tenait déjà auparavant le premier rôle de « Bienvenue à Gattaca », Ethan Hawke. Même s’il réalise une performance quasi sans faille de par son grand talent, le principal intérêt du casting ne se tourne pas vers lui mais cette jeune actrice méconnue (pour l’instant) qu’est Sarah Snook. Munie d’un script complexe, la jeune demoiselle parvient à réaliser une performance exceptionnelle, qui lui vaudra un nom et une palette de nouveaux contrats sans la moindre hésitation. Merveilleusement aider par des maquillages et autre accessoires redoutablement réaliste.

Néanmoins, là où il est bluffant de voir la progression des réalisateurs c’est dans leurs manières d’opérés, le changement par rapports à leurs anciennes productions est remarquable. Les Spierig se sont alloué d’un perfectionnisme digne des frères Coen, en réalisant un film incroyablement soigné par une photographie et une réalisation quasi parfaite. Chaque plan est minutieusement travaillé et enrichi d’un étalonnage agréable, quand bien même se ne sont pas des cadres dignes de Roger Deakins le résultat de leurs progressions en reste épatant et leurs créer un véritablement nom.

Pour créer une bande sonore adéquate à une telle œuvre l’un des Spierig, Peter, se mit en chantier de la composition pour la première fois sur un long-métrage. Bien que souvent les premières fois ne soient jamais réellement des actions légendaires, il n’empêche que Peter Spierig livre une OST incroyablement efficace, créant une alchimie visuel pendant toute la durée, par des sons électroniques et autres bruitages modernes. L’esprit d’un Deus Ex Human Revolution moins inspiré vient enrober toute la symphonie pour livrer une sonorité plus que réussite.

Après tout ça, aucun défaut n’est alors trouvé, alors pourquoi Predestination n’est pas un chef-d’œuvre me diriez-vous, la raison la plus simple est le manque d’expérience des réalisateurs. Il manque cette petite touche que chaque grand réalisateur a pour s’imprégner totalement de son film, qui se remarque par n’importe quels spectateurs dès le premier coup d’œil. Cette touche, au vu de Predestination se développe tout doucement et risque d’aboutir à un grand avenir pour les Spierig.

Excellent film de SF, et excellent Thriller à la fois Predestination se révèle être une surprise de taille en cette fin d’année, et livre ainsi le meilleur Direct To Dvd de l’année même s’il aurait mérité bien mieux que cela.
KenshiMaster
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le 12 déc. 2014

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