3 minutes montre en main

Disons-le franchement, c'est quand même assez triste d'avoir un tel potentiel et une telle maîtrise (surtout pour un film sorti en direct to DVD) et réussir à se foirer à ce point sur l'aspect le plus important du film. C'est quand même dingue d'en atteindre un tel niveau de frustration et, pour défendre quand même le film, c'est quand même dommage qu'il ne soit pas sorti au cinéma parce qu'il l'aurait clairement mérité et qu'il ne soit pas plus connu.

On va donc commencer par ce qui fonctionne dans le film, déjà techniquement, il n'y a vraiment pas grand-chose à dire. Il est visuellement très bien géré et, surtout, SURTOUT, c'est probablement l'une des plus belle bande originale que j'ai entendu ces 10 dernières années pour un film qui n'est pas sorti en salle.

Au niveau casting, j'ai trouvé le jeu des acteurs assez bluffant ; alors pour Ethan Hawke, je n'ai pas vraiment été surpris (mais étant donné que mon film préféré reste le cercle des poètes disparus, je ne suis pas non plus d'une neutralité impeccable à son sujet), mais je dois reconnaître avoir été soufflé par Sarah Snook, qui aurait, au vu de sa performance, clairement mérité une plus grande visibilité et une plus grande carrière. Pour finir, disons-le, le scénario, tout comme la réalisation, sont plutôt bien gérés, sauf que...

Une question me vient à l'esprit, est ce que beaucoup des fans de ce film ont lu les livres d'Isaac Asimov ? Ou de Arthur Clarke ? Parce que, pour tous ceux qui ont déjà un peu lu de la science-fiction, on a comme très léger problème de se douter du déroulement du film, mais aussi du dénouement final dès les 10 premières minutes... Cela étant dû, non seulement à ce dont je viens de parler, mais aussi au fait que le film a apparemment décidé de spoiler allégrement et sans aucune pudeur, tous les spectateurs un minimum attentif.

ON AVAIT DIT SHOW DON'T TELL BORDEL DE MERDE, pas le contraire et ça, ça implique, par exemple, de ne pas expliquer tout le film dans une scène qui n'amène absolument rien et surtout qui intervient au bout de 5 minutes. Ça implique aussi d'être un minimum subtil dans les indices que l'on laisse, du style, on évite de faire dire au patron de l'agence que « le plastiqueur il est quand même vachement bien dans le fond, et puis que c'est quand même beaucoup plus compliqué que la bonne vieille dichotomie gentil/méchant »... ça évite que tout le monde ne comprenne qui est le plastiqueur et ça évite de gâcher l'une des scènes qui aurait du être une révélation pour au moins une partie des spectateurs.

À côté de ça, le principe du voyage dans le temps et des paradoxes temporels, c'est toujours sympa, mais ça amène toujours tellement de questions sans réponse... Elle est apparue comment Jane ? Parce que quoiqu'il en soit, il y a bien eu un point de départ... Et aussi, pourquoi le personnage tient absolument à se jeter à corps perdu dans certains événements alors qu'il sait, de facto, très bien comment ça va finir. Ou encore comment, avec toute la bonne volonté du monde, John n'a pas compris qui était l'homme qui l'avait quitté avant qu'on ne lui mette la vérité sous le nez ? Parce que c'est quand même censé être une personne qui a totalement chamboulé sa vie et dont il a été fou amoureux, c'est quand même con de ne pas tilter quand on le croise tous les matins dans la glace...

Alors, oui, c'est dommage. Un soupçon de subtilité en plus et, surtout un petit quelque chose en plus dans l'histoire pour être un peu plus original et on aurait pu avoir un des meilleurs films de SF du 21ème siècle. Prédestination est totalement sous-estimé et clairement trop méconnu, c'est clair et net, mais il pèche par orgueil et surtout a le défaut de prendre son public trop facilement par la main. S'il lui avait fait juste un tout petit peu plus confiance... Si seulement.