Écoute-moi tête de noeud, j'en ai rien à foutre de c'que tu peux trafiquer avec ce salaud, mais lis!



  • Écoute-moi tête de noeud, j'en ai rien à foutre de c'que tu peux trafiquer avec ce salaud ! Parce que maintenant c'est personnel ! Pour moi c'est un homme mort !

  • Ce à quoi vous avez à faire dépasse votre entendement. Je vous préviens...

  • T'as raison ! Tu ne sais pas à qui tu as à faire et c'est moi qui te préviens : ne reste pas en travers de mon chemin !



Le chef-d'oeuvre Predator réalisé par le très compétent John McTiernan présente une histoire simple mais très efficace à travers une tension allant toujours crescendo, atteignant des niveaux d'oppression improbable. Un récit d'anticipation en faisant une oeuvre rare en son genre. Predator 2 se présente dans un registre différent, amenant sa propre histoire au lieu de copier et de faire une redite du premier opus. Réalisé par Stephen Hopkins, celui-ci a l'intelligence de prendre le support original pour mieux le retourner sans pour autant dénigrer l'esprit de la franchise. Différent mais pas dénigrant. Une suite totalement adaptée qui contraste via tous ses choix prenant à contre-pied le support original pour en faire une expansion étoffée. Alors pourquoi tant de haine ? Je n'ai jamais saisi l'animosité du public envers Predator 2, qui est pourtant quasiment aussi bon que l'original.


Avec son intrigue sombre et implacablement brutale, Predator 2 présente une histoire bien plus sinistre, coléreux et violent que son prédécesseur. Le récit nous transporte dans un tout nouveau terrain de chasse, délaissant la jungle sud-américaine pour une jungle urbaine, où les immeubles et le bitume mêlé à l'air paranoïaque remplacent une faune terriblement oppressante. Une Los Angeles étouffante durant un été irrespirable avec pour épicentre une furieuse guerre entre cartels rivaux colombiens et jamaïcains. Un cadre idéal pour le Predator. Le décor de la ville bien que moins efficace que la jungle fonctionne très bien de par les nombreux décors différents pouvant servir de cadre à des affrontements brutaux, comme : le métro, le toit des immeubles, les ruelles dégueulassent... On y perd une ambiance suffoquant, mais on y gagne en épouvante (même si cela reste non équitable). L'horreur bat son plein, l'image n'épargne aucun détail, allant jusqu'à montrer des membres voltiger dans tous les sens, dont un homme entièrement nu. Une mise en scène volontairement sale et impure dans son image pour laisser clairement transparaître le mal qui ronge Los Angeles, avec des séquences plutôt bien foutu rendant le Predator plus flippant que jamais.


L'action est totalement au rendez-vous ! Hopkins livre allègrement des confrontations diverses et variées avec une explosion de barbarie sacrément sanglante, via une utilisation importante d'armes lourdes, armes explosives, armes à pulvérisation d'azote, jusqu'à des affrontements à l'arme blanche, contre un Predator armé jusqu'aux dents ! Une intensité dans la violence amenant une chevauchée sauvage pleine d'amertume et d'action, dans laquelle le cinéaste parvient malgré tout à tirer une réflexion sur la nature humaine (fallait le faire). La confrontation finale est juste dingue ! Un combat encore plus long que celui qui a opposé Dutch contre le Predator. Un affrontement final qui commence à partir de l'attaque du métro, pour se transformer en une course-poursuite effréné conduisant vers un abattoir où une équipe de soi-disant spécialistes viennent se mêler à la confrontation, pour finalement se poursuivre sur le toit d'un immeuble, puis à l'intérieur d'un autre immeuble après une chute libre, pour finalement se terminer par un duel au corps-à-corps dans le ventre de la ville où se trouve le vaisseau du Predator. Brutalement implacable ! L'excellent rythme du film rend gloire aux actions tant le sujet va à chaque fois direct à l'essentiel, le tout maximisé par la composition musicale d'Allan Silvestri toujours autant efficace.



Asseyez-vous. Ouvrez grand vos yeux. Vous vivez un moment historique.



On suit le parcours du capitaine Mike Harrigan, incarné par un excellent Danny Glover, dans le rôle d'un flic teigneux et instable n'obéissant que très peu aux ordres, guidé avant tout par son flair et ses vives émotions. Dans une figure bien moins super-héroique autant dans le physique que le mental que Schwarzie, Danny Glover incarne une figure plus humaine et réaliste, un homme et non un surhomme, qui s'est forgé dans la rue en affrontant les déficiences humaines, faisant de lui un flic imprudent, aigrie et violent n'hésitant pas à injurier à tout va et en s'en prendre vivement à ceux qui lui casse les couilles (même ses supérieurs). Une attitude qui attire l'attention du Predator, devant ce nouveau genre d'adversaire plus réaliste, qu'il repère dès les premières minutes du film, durant lesquelles Mike Harrigan fait une entrée fracassante en dézinguant 5 Jamaïcains. Le frisson et l'excitation de plaisir qu'on entend de la part du Predator assistant à cette scène sont particulièrement bien foutu. La dualité qui unit Mike Harrigan au Predator est géniale ! Une chose est sûre : Danny Glover habite totalement ce personnage.


L'équipe de Mike Harrigan et des plus sympathiques, ils n'arrivent clairement pas au niveau de l'équipe de Dutch et ne sont pas autant mémorables, toutefois il y a de l'esprit, de l'identité, et de la personnalité dans cette unité bien moins macho, puisqu'il y a une femme dedans. Leona Cantrell incarnée par la superbe María Conchita Alonso, représente parfaitement la gent féminine, n'étant clairement pas une suiveuse, elle n'hésite pas à sortir son flingue pour se battre avec une bonne paire de cojones. Danny Archuleta (Rubén Blades) équipier et meilleur ami de Mike Harrigan est intéressant, j'aime bien l'allure de ce personnage qui se marie bien au côté d'Harrigan. Le brillant Bill Paxton est également de la partie sous les traits de Jerry Lambert alias Loup Solitaire, personnage tchatcheur et bourreau des coeurs, j'adore ce comédien qui aura tout de même réussi à se faire tuer par un predator, un alien et même un terminator, la classe.


On retrouve également en personnage hors équipe la bonne gueule de pourrie de Gary Busey pour le rôle de Peter Keyes le chef de l'équipe d'enquête, ainsi que Calvin Lockhart l'interprète de King Willie le chef du cartel jamaïcain. Le personnage du journaliste à sensation "Tony Pope" m'a également beaucoup amusé. Une chose est sure, tout du long Tony en prendra plein la poire, on verra même le predator défoncé un écran de télé dans lequel il apparaît. J'ai bien l'impression que le réalisateur à un gros souci avec les journalistes et qu'il s'amuse à les malmener dans ce film. En parlant des soucis, on tombera forcément sur certains stéréotypes raciaux, mais c'est facile à excuser surtout qu'arriveront de violents affrontements culturels, préfigurant les tensions raciales qui ont conduit aux émeutes de 1992.



Tu veux un bonbon ?



Parlons maintenant du Predator (Yautja si vous préférez mais dans le film on ne prononce jamais ce nom), tout d'abord je commencerais par un hommage pour Kevin Peter Hall, décédé un an après avoir joué dans Predator 2. Kevin Peter Hall pour les rares qui l'ignore est celui qui a incarné le predator durant les deux films. S'il y a bien une chose qu'a réussi à faire le cinéaste Stephen Hopkins c'est à agrandir avec succès la mythologie de cette créature extraterrestre en ajoutant bien plus de texture à son monstre, mais également une toute nouvelle couche à la culture du Predator, sans pour autant chercher à répondre à toutes les questions histoire de maintenir une bonne dose de mystère. La scène du vaisseau spatial est tout bonnement géniale, avec la fameuse salle des trophées, dans laquelle on peut apercevoir un crâne d'Alien créant ainsi à l'époque beaucoup de débat quant à un croisement entre la licence Alien et Predator, chose qui arrivera plus tard. L'apparition du chef des Predator ainsi que de son commando lié par l'honneur est également très inspirée.


Ce prédateur a beaucoup plus de personnalités, on le voit narguer plus d'une fois Danny Glover et s'entêter à le rendre fou, certainement estime-t-il être un tropée de taille. J'adore car on peut l'entendre s'exciter de plaisir à la vue de tuerie, traduisant le monstre malsain se cachant derrière son camouflage. Malsain mais non dénué d'honneur. L'excellente scène d'ouverture introduit superbement le predator qui fait un carton bien sanglant d'entrée de jeu. Ce Predator est un peu plus hargneux que celui du premier, disposant d'une multitude de nouvelles armes de mort assez impressionnantes comme : le filet tranchant, l'impressionnante lance, le projeteur de lame, le disque tranchant pouvant servir d'arme de corps à corps ou de projection, et même d'une amélioration de vue. On peut le voir également utiliser d'autres techniques de soins bien douloureux, ainsi qu'un masque respirateur (certainement un antidouleur). Tout ceci rend les compétences de ce Predator très étendues, heureusement, celui-ci ne se trouve nullement dans une jungle dans laquelle il pourrait se camoufler sans le moindre problème. La ville n'est pas un terrain aussi simple pour passer inaperçu, sachant que cette fois-ci c'est le Predator et non l'inverse qui se retrouve sur le territoire du héros, le rendant du coup un peu plus vulnérable face à Harrigan qui connaît parfaitement son environnement. À noter que je trouve la tronche de celui-ci encore plus flippante avec une pilosité faciale à faire frémir la mienne.


CONCLUSION :


Predator 2 réalisé par Stephen Hopkins est un film d'action horrifique déterminant de son époque malgré les mauvais retours de certain envers cette oeuvre. Le cinéaste parvient intelligemment telle Cameron avec Aliens, à enrichir le mythe du Predator et en offrant un chasseur encore plus badass possédant une personnalité mieux travaillée ainsi qu'un style bien plus perceptible. On retrouve beaucoup d'éléments d'horreur bien gore, de l'action bien trash, un casting solide avec un Danny Glover saisissant, des tonnes d'action et l'excellent thème musicale d'Alan Silvestri. Le genre de suite que j'aimerais voir plus souvent.


Malgré sa non-popularité, Predator 2 reste un classique du survival horror, culte et indéniablement une bonne suite.




  • Allons cherchez cette bande de fumier.

  • On ne peut pas, les ordres sont formels. Faut faire évacuer les périmètres, encercler les immeubles et attendre.

  • Attendre quoi !?

  • J'en sais rien ! Toutes ces brigades spéciales à la con ! Les S.T.U.P, la D.E.A !

  • Si on leur laisse le temps d'organiser leur défense, on n'arrivera jamais à les dégommer ! Sergent vos hommes sont dans l'immeuble ?

  • Non.

  • Alors on y va !

  • Hey ! J'peux pas vous laissez entrer Heinemann ne vas pas tarder.

  • Heinemann je lui pisse au cul !


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le 27 sept. 2020

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