Titre faisant référence à une parodie bien sympa du film.


Hop petit message au début pour dire que je spoil un peu le film…



**Introduction **



Le Film de Monstre est un genre cinématographique qui peut se rattacher au fantastique, si on définit le Monstre comme une créature venant d’ailleurs et non un être humain, que l’on peut retrouver dans différents types de film, comme la comédie, l’action, la science-fiction, mais surtout dans des films d’horreur (et il pourrait y avoir un film qui les regrouperait tous). Un des premiers film d’horreur est un film de Monstre : « Nosferatu », par exemple, sorti en 1922 et réalisé par Murnau, dont en découlera toute une pelotée de film sur la fameuse créature de Bram Stoker. On retrouvera quelques années plus tard « King Kong » sorti en 1933, réalisé par Merian C. Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack. Comme icône culturelle, on pourrait également cité « Godzilla » premier du nom, sorti en 1954 et réalisé par Ishiro Honda. Deux films qui ont récemment eu droit à des remakes qui, bon ou mauvais, permettent un regard nouveau sur ces créatures et de les faire découvrir au nouveau public, preuve de leur popularité ainsi que cette envie de les faire perdurer dans le temps. Ce sont des films qui ont également énormément influencé de nombreux réalisateurs, comme Steven Spielberg pour « Les Dents de la Mer » sorti en 1975. Mais, c’est, je pense, Ridley Scott avec son « Alien » sorti en 1979 qui va permettre au genre du film de Monstre d’atteindre les sommets et de grandir en popularité. Donc forcément, on y trouve de tout et la qualité n’est pas forcément au rendez-vous : en effet, il est facile de faire de Godzilla un simple divertissement avec pleins de gros monstres qui se tapent dessus, là où la créature devait initialement représenter l’Horreur de la Bombe Nucléaire ; les zombies de Romero sont censés représenter les dérives de la société de consommation, ceux de World War Z sont...voilà et on trouve ce problème avec les « The Thing » mais j’en ai déjà parlé. Bref, il est très facile de rater son Monstre, sa présence dans le film ainsi que l’utilité de ce-dernier. Enfin, il y a différentes façons de traiter son Monstre : Soit, comme le dit Guillermo Del Toro pour la sortie de « The Shape of Water » sorti en 2015 :


«  Les monstres n’existent pas comme dans les films. Il n’y a pas de vampires, de loups-garous ou d’aliens parmi nous. Les créatures dans mes films sont les monstres beaux et fragiles auxquels on peut s’identifier émotionnellement et j’essaie de montrer que ce sont les humains qui sont mauvais. Pas les fantômes ou les vampires, mais bien la haine des humains. Vous savez, c’est très rare que je sois effrayé par un monstre au cinéma. J’aime les monstres, je pourrais les regarder pendant des heures. Si vous lui mettez des cornes, des pointes, des dents énormes et qu’il ne semble jamais au repos c’est raté. Si le monstre peut avoir l’air en paix vous êtes en bonne voie. La créature doit influencer l’atmosphère du film et elle doit pouvoir respirer »

Soit, on veut justement, inspirer la Peur. Une menace qui nous dépasse. Donc après « The Thing » de « Big John », on va s’attaquer à un autre film de monstre et un des meilleurs: « Predator», réalisé par un habitué des films d’action…



John McTiernan



Après un « Nomads » (1986) qui n’a pas su rencontrer son succès, il est choisi par Arnold Schwarzenegger pour réaliser « Predator » qui sera son premier succès critique et commercial et qui va le propulser au rang de réalisateur d’exception. Il aura alors la confiance des studios et sort l’année suivante LA référence des films d’action pour beaucoup : «Piège de Cristal », un excellent film, évidemment, un excellent face-à-face, notamment grâce à un excellent Alan Rickman (oui j’aime ce mot). Les scènes d’actions sont toujours aussi maîtrisées et l’humour fonctionne. « Une Journée en Enfer » (1995), sera ausssi bonne que le premier volet et l’ajout de Samuel L.Jackson était certainement la meilleure idée possible. En 1999, il sort un projet assez compliqué : « Le 13ème Guerrier » qui ne rencontrera pas le succès escompté. Pourtant, le film dispose d’une très bonne photographie, musique, des scènes d’actions intéressantes et une tête d’affiche toujours aussi charismatique. Bref, tout ça pour montrer la filmographie solide du bonhomme (‘fin de ce que j’ai vu . Il ne me manque plus que A La Poursuite d’Octobre Rouge et Last Action Hero pour ses films les plus connus), mais là je vais parler de son chef d’oeuvre pour ma part, son plus haut fait d’armes. Et c’est aussi pour montrer que ce n’est pas un habitué des films de monstre et pourtant il va réussir à en faire un monument du genre. Mais avant d’être un film de Monstre, « Predator » c’est avant tout...



Un Film d’Action Culte



Bon, alors le film met en scène Dutch Schaefer et son équipe de soldat d’élite qui sont contactés et choisis par Dillon, un ancien ami du Major qui travaille pour la CIA, afin de réaliser une mission de sauvetage face à un groupe de guérilleros dans la jungle d’Amérique du Sud. Mais, ça ne va pas se passer comme prévu et il semble y avoir quelque chose, qui n’est pas humain, qui les observe, cachée dans les arbres…


La première fois que j’ai regardé ce film (oui bon faut bien que je raconte ma vie un peu), c’était il y a pas mal de temps (en gros quand j’étais un tout petit tenfant) et oui c’est peut-être un peu tôt et justement, ce film m’a beaucoup marqué : beaucoup d’action et une créature vraiment stylé. Et depuis, je reprends toujours plaisir à le revoir. En effet, le film ne vieillit pas ou sinon il vieillit très bien, selon moi ; le film fonctionne toujours autant et il me divertit toujours autant. Et que serait un tel film sans ses personnages ? Leur scène d’introduction est simple mais vraiment efficace. Ils sont tous déjà identifiables dès qu’ils descendent de l’hélicoptère de par leur différents vêtements, qui nous informent déjà de leurs personnalités respectives, en contre-plongée et le thème principal du film pour montrer qu’ils contrôlent quoi. En gros : ce sont les meilleurs. Et évidemment, l’accent est mis sur le Major Dutch, dernier à sortir et un cigare à la bouche.et c’est lui que la caméra va décider de suivre. Et puis le casting est quand même très solide et tout en muscle: Arnold Schwarzenegger, évidemment et Carl Weaters en tête d’affiche : les seconds rôles sont évidemment très bons, toujours justes et ont chacun leur moment de gloire et auront tous une mort mémorable. Vient ensuite la scène avec les hélicoptères qui permet au spectateur d’identifier le caractère de chacun, de part leur gestuelle ou leur réplique, qui sont quand même géniales n’est-ce pas…


« Bunch of slack-jawed faggots around here. This stuff will make you a god damned sexual Tyrannosaurus, just like me. »


C’est un passage qui montre la confiance des mercenaires, en témoigne la musique « Long Tall Sally » de Little Richards. Un morceau énergique et dynamique, porté par la voix puissante du chanteur. L’équipe écoute cette musique dans l’hélicoptère, dont l’intérieur est illuminé par une lumière rouge. Une lumière artificiel, très différente de la réalité : ils sont encore en sécurité, comme éloignés de cette enfer vert. De plus, ils survolent, donc, la jungle, comme pour montrer leur sécurité restante, mais également pour montrer peut-être, le fait qu’ils soient confiant et qu’ils contrôlent la situation : ils sont au-dessus des problèmes. Aussi, le solo de saxophone et les paroles servent bien ce propos.


We're gonna have some fun tonight,
Gonna have some fun tonight.
We're gonna have some fun tonight,
Everything will be alright.


Vers la fin du passage, un bruit régulier et bien désagréable vient entacher la musique, comme pour signifier le brusque retour à la réalité : ils vont devoir couper la musique, descendre dans cette jungle, où la musique se fait plus discrète et instaure une tension et un suspens palpable. Arrive enfin, la première scène d’action : l’attaque du camp des guérilleros. Avant de véritablement basculer dans le fantastique, le suspens voire même l’épouvante pourquoi pas et donc de surprendre les spectateurs, McTiernan va commencer son film comme devrait commencer n’importe quel film d’action. Et cette scène va montrer au public la puissance de cette équipe et qu’en gros ; ce sont les meilleurs dans leur domaine. Ah et c’est pour ça que les personnages sont des stéréotypes ambulants de film d’action : en témoigne cette scène au début du film où Dutch et Dillon font un bras de fer pour clairement montrer leur musculature...Le réalisateur a emprunté les codes d’un genre pour mieux les détourner et donner au spectateur quelque chose auquel il ne s’attendait pas 
Donc, la scène débute sur Dutch observant les guérilleros, en plongée, d’ailleurs: il domine. Ce sont des chasseurs méthodiques, discrets, efficaces, capables de déceler le moindre piège, capables d’actes physiques remarquables et des durs à cuire invincible lorsqu’il faut passer à l’action.


« I ain’t got time to bleed »


Après la première explosion du camion par Dutch, suit une fusillade explosive, un montage qui alterne entre les mercenaires, montrés en contre-plongée, abattant toutes leurs cartes sur les guérilleros, bien souvent montrés en plongée. Les punchlines fusent, évidemment.


« Stick around ! »


Et tout est mis en œuvre pour les rendre badass. Je pense à ce plan de Blain avec sa Gatling et une grosse explosion derrière lui. D’ailleurs, tout prend feu, tout explose lorsqu’ils tirent, c’est assez dingue quand même. Aussi, nous pouvons remarquer que la plupart du temps, chacun des membres de l’équipe est représenté seul, dans son plan, ce qui est en opposition avec les plans des victimes, où nous en retrouvons plusieurs. Cela nous permet d’identifier chaque personnage ainsi que leurs aptitudes : même seul, chacun des mercenaires constitue une menace et peut s’en sortit même face à plusieurs ennemis: ils excellent dans leur domaine. Alors, que les guérilleros ne sont présents à l’écran que pour mourir. Nous pouvons également remarquer la présence de quelques ralentis sur les victimes, qui viennent souligner la puissance de l’équipe et les rendre encore plus badass. Sinon, le montage est bien rapide, pour appuyer sur le caractère nerveux de la scène : les plans sont très courts, pour certains et il y a beaucoup de coupes, ce qui vient donner du rythme à la scène. Il y a évidemment, beaucoup de mouvements à l’intérieur des plans et à de rares moments, la caméra va un peu trembler pour être dans l’esprit de la situation. De plus, bien qu’il y ait beaucoup de plans stables, du fait d’un montage rapide, la caméra se met en mouvement à certains moments en proposant des travelling et des panoramiques. Après cette même première explosion, la musique s’arrête, pour ne laisser que le bruit des balles et le cri de douleurs des victimes comme fond sonore. Une musique différente intervient, d’ailleurs, lorsque notre équipe a pris véritablement le dessus sur les guérilleros, ces-derniers étant entrain de s’enfuir. C’est le thème du Predator qui est joué, ce qui prouve bien qu’ils dominent la situation, mais nous aurons la possibilité d’en reparler. Tels des chasseurs, ils vont les éliminer jusqu’au dernier. Ils ont des réflexes surhumains, abattent plusieurs ennemis d’un coup, ces-derniers n’ont même pas le temps de réagir et ils sont d’une précision remarquable. Bref, ils dominent et prouvent que même en minorité, ils sauront tirer le meilleur parti de l’environnement et de leur expérience. On a là, une scène d’action assez classique, dynamique, bien mise en scène et très exagérée : on ne fait pas dans la subtilité. Ce qui va complètement entrer en contradiction avec la suite du film...



Les Chasseurs chassés :



En effet, la suite du film se veut moins bourrin, en proposant quelque chose de nouveau, une action plus subtile et plus brutale en même temps et ce, avec l’entrée de la créature dans l’intrigue. Beaucoup de plans subjectifs du Predator avec sa vision infrarouge : Cette fois-ci, les mercenaires sont observés et étudiés par quelque chose qui les dépasse. Il les domine et ces plans renforcent la paranoïa des spectateurs et des mercenaires, ainsi que tous ces plans sur cette jungle dense : là dans les arbres, se cache quelque chose. Mais ce qui est sûr, c’est que ça n’est pas humain. Je vais en profiter pour faire un aparté sur cette créature : le Predator. Un des monstres les plus populaires, les plus cultes du cinéma. Magnifiquement interprété par Kevin Peter Hall, sans oublier Peter Cullen qui a su trouver ce son si emblématique du Predator. Mais, la première version de la créature était loin, mais loin du résultat final. Une créature ridicule et sans aucune prestance qui a du faire stopper le tournage pour pouvoir y remédier. L’équipe du film a donc réussi à nous pondre un costume de qualité pour une créature si charismatique. Les dreadlocks sont évidemment stylées et ont permi de l’iconiser très facilement. Cette sorte de filet qu’il porte sur le corps avec des crânes attachés dessus, vient donner un caractère menaçant à la créature (forcément), mais aussi un caractère tribal et mystique, qui va en contradiction avec son arsenal guerrier très développé qui surpasse très largement les équipements de l’équipe. Mais ces redoutables créatures suivent un code d’honneur et font preuve de respect face à l’adversité. Bref, maintenant, ce qui est important avec ce genre d’élément : c’est de réussir leurs apparitions. Toujours invisible, toujours dans les arbres à les épier et les étudier. Et tous les éléments sont réunis afin de le rendre bien plus supérieurs aux êtres humains. Déjà, l’environnement : la jungle. Une jungle oppressante, qui semble s’étendre à perte de vue, ne jamais finir : ils sont bloqués, piégés. En témoigne un plan d’ensemble, sur cette jungle, immense et pesante. Un zoom avant vient tout d’abord, se rapprocher de cet environnement : entrer au coeur de la jungle. Mais, il vient aussi éliminer les personnages du cadre, pour ne laisser que la jungle à l’écran, comme si elle importait plus qu’eux. La musique, en fond, est menaçante et même brutale, pour annoncer leur destin funeste. D’ailleurs, nos mercenaires sont souvent montrés à l’écran, caché par des feuillages. Nous retrouvons bien cette symbolique visant à les rendre plus faibles. Et le fait qu’ils soient cachés, renforce cette oppression : le personnage n’étant pas la figure principale du plan, il ne prend pas toute la place du cadre et n’est pas totalement visible. Le Predator, lui, se déplace d’arbres en arbres, afin de mieux les observer et de maintenir sa domination sur eux. Et une scène qui résume parfaitement cette idée : le moment où ils vont tous se mettre à tirer, pensant toucher quelque chose. Le Predator réussit à s’enfuir et on les voit vider leurs chargeurs dans le vide, ne touchant et ne détruisant que la Nature. Le montage accélère de plus en plus, alternant entre ces mercenaires, leurs armes et l’environnement détruit. D’ailleurs, ils sont souvent montrer en contre-plongée, comme lors de l’assaut du camp : ils dominent. Sauf que là, ils ne font que dominer des feuilles ; ils n’ont rien toucher. Là, leur musculature et leurs armes n’ont eu aucune conséquence. Une scène qui montre que leur force de frappe principale n’est rien face à une menace qui les dépasse. Ils n’ont plus aucun contrôle sur la situation. Une scène très intéressante, puisque c’est la première fois qu’on les voit échouer. La meilleure escouade s’est faite humilier.
Les membres de l’équipe se font donc, éliminer un par un et à chaque fois, la créature a le dessus : il est invisible et évidemment au-dessus des humains, montré en contre-plongée. Et le meilleur exemple est la mort de Dillon. Ce-dernier cherche et trouve un Mac décédé et à ce-moment là, la caméra va effectuer un mouvement afin de montrer le personnage en diagonal. En d’autres termes, il ne sera plus droit à l’écran, (le plan est de travers quoi, j’espère que vous me comprenez^^ ) ce qui montre son infériorité et son impuissance ainsi que sa paranoïa. Des gros plans sur ses yeux, cherchant la créature, une jungle oppressante et des bruits pas très rassurants pour créer du suspens, jusqu’à l’arrivée de la créature. Il la vise et on a là un ralenti, presque saccadé, qui signifie qu’il est bien trop lent face à la créature, qui elle n’est pas montrée en ralenti. Et ce procédé sera réutilisé lorsqu’elle va lui foncer dessus : Dillon est condamné.
Enfin, il ne reste plus que le Major Dutch, montré comme étant une force de la Nature, mais qui va quand même se faire avoir. En effet, nous pouvons remarquer un parallélisme très prononcé entre deux chutes dans l’eau. La première intervient lors de l’attaque du camp et la seconde, lorsque Dutch s’enfuit et finit par tomber et chuter dans l’eau. Un plan à chaque fois au ralenti, les montrant la tête en bas. On voit bien un retournement de situation et des rapports de force modifiés…



Redevenir la Bête…



En effet, nous pouvons observer deux parties bien distinctes dans ce film : Nous avons déjà évoquer la construction de figures surpuissantes, pour mieux les détruire par la suite. La seconde partie montre une sorte de renaissance…Ou plutôt une régression, un retour à l’état sauvage, un recours aux instincts primitifs. Dans la première partie, les mercenaires sont montrés comme étant des êtres humains (normal) : ils ont peurs et de l’empathie lorsqu’ils découvrent les premiers cadavres, Poncho fait un signe de croix, ils font des blagues… Et l’exemple le plus marquant reste Mac qui va perdre la tête, devenir presque fou, suite à la mort de son ami. Il laisse parler ses sentiments et va finir par mourir. Il est trop humain pour éliminer la créature. Seul Billy, qui semble posséder une sorte de sixième sens, va comprendre comment il faut se battre face à un Predator. Il se déshabille et jette ses armes pour ne garder qu’un couteau. Mais il finira quand même par mourir. Dutch va très vite le comprendre également : torse nu et enduit de boue, un arc, une lance et des pièges pour armes, comme à l’époque. D’ailleurs, cette seconde partie est pratiquement muette, ne laissant qu’un cri bestial comme réplique, preuve que le caractère humain du Major est passé. Il ne reste plus que son caractère animal. Et c’est grâce à cette régression que les rapports de force vont à nouveau changer. En effet, Dutch est un véritable Predator lui aussi : il devient invisible, se déplace d’arbres en arbres, commence par affaiblir sa proie en lui retirant sa technologie et ses armes, comme un Predator le ferait. Et les deux vont se battre mano à mano pour montrer leur caractère sauvage. Ah et d’ailleurs, si on revient au tout début du film pendant le générique, nous pouvons observer le titre : Predator dans l’espace, suivi du nom de l’acteur principal du film. Les autres acteurs seront mentionnés sur Terre, lors de l’atterrissage de l’hélicoptère. Déjà, le personnage de Schwarzy est mis en valeur par rapport aux autres...



Une Musique



Voilà, le film est une réussite à tous points de vue, selon moi, et la musique aide grandement à cette réussite. Alan Silvestri réalise ici une des ses meilleures compositions. C’est d’ailleurs, une bande-originale assez différente des précédentes, plus habitué aux films de Robert Zemeckis, aux comédies fantastiques. Je ne vais pas analyser toutes les musiques du film (ce sera pour la prochaine), ça prendrait beaucoup trop de temps, je vais juste en faire une synthèse et m’attarder sur le thème principal du film. Tout d’abord, le film est rarement silencieux et c’est peut-être un petit point négatif que je donne au film. Certes, la musique est excellente, mais elle est peut-être trop présente. Peut-être qu’elle aurait pu se faire plus discrète dans la seconde partie pour réellement appuyer sur le changement de ton du film. Donc, dans cette B.O. nous pouvons retrouver des notes assez étranges qui rappellent le fantastique, un thème récurrent dans la carrière de Silvestri. Nous pouvons également citer ces notes, qui interviennent pour la première fois, au début du film, lorsqu’ils atterrissent dans la jungle. Ce sont, d’ailleurs, les premières notes à retentir après la musique de Little Richard, afin de réellement appuyer sur ce changement d’ambiance. Je ne sais de quel instrument viennent ces notes, pour ne rien cacher, mais elles sont régulières, courtes et du coup, étranges, afin de créer une ambiance oppressante et garantir un suspens et du mystère. Parfois, on peut remarquer des apparitions soudaines de violons et de cuivres, évidemment c’est pour appuyer sur le côté épouvante et violent du film : un léger calme avant d’utiliser les notes très aiguës et brutales des violons. Voilà, je n’en dirais pas plus (même si en vrai je pourrais), mais la musique est une réussite…en gros. Je vais maintenant m’intéresser au thème principal du film, pour avoir la conscience tranquille. Un thème qui a d’ailleurs été repris et modifié pour qu’il concorde avec les mercenaires. On retrouve donc, des percussions différentes, plus « réelles » et qui rappellent les musiques militaires. Un thème réutilisé donc : ils s’approprient le thème du Predator pour montrer qu’ils dominent. Et c’est, il me semble, la seule fois où elle sera utilisée. Donc, le fameux thème principal du film débute très calmement : les 20 premières secondes n’étant constituées que d’un bruit sourd, pour aboutir à une explosion de cuivres. C’est brutal et assez inattendu. Cela appuie l’arrivée du fantastique, l’arrivée d’une menace, l’arrivée du Predator sur Terre. Silvestri maintient le mystère avec des cordes qui maintiennent une note qui va devenir de plus en plus forte. Le calme avant la tempête, un peu comme dans le film. Les autres instruments sont encore discrets. D’ailleurs, Silvestri a beaucoup composé pour des films fantastiques (Predator en est un), mais des films plus familiaux. Et on le ressent même dans cette musique. En témoigne, ces quelques notes mystérieuses, toujours, mais moins frappantes. Elles interviennent par moments, à courts instants et qui ressemblent aux notes d’une harpe. Bref, on a là un contraste entre les instruments. Sinon, le début est rythmé par l’utilisation de quatre notes ascendantes répétée deux fois, pour maintenir un suspens et préparer le terrain pour la partie la plus importante du morceau. Lors d’un crescendo, les cuivres font basculer la musique d’une ambiance mystérieuse à une ambiance plus guerrière. Des notes très graves au piano, des coups secs et nerveux, suivis de quelques notes venant d’autres instruments. Des notes séparées, toujours aussi rapides qui donnent cette impression de fanfare et de marche menaçante, guerrière et tribale. Ces instruments sont assez inhabituels, pour ma part, et définissent bien le Predator. Cette boucle est répétée plusieurs fois, avant l’apparition d’un tuba. Ce-dernier se distingue des autres instruments, en ayant un tempo plus lent et des notes plus liées. Il vient donner un caractère épique à la musique. La musique replonge une nouvelle fois dans le fantastique, un peu magique même, selon moi, avec des cordes aiguës qui sont en opposition avec les précédents accords. Mais ça ne dure que quelques secondes avant de repartir pour la fanfare. Encore une fois, il y a plusieurs répétitions avant l’apparition, cette fois-ci, des trompettes qui viennent donner plus de puissance qu’un tuba, en allant plus dans les aiguës et en ayant des notes plus fortes. Après, la brève intervention des violons, le tempo s’accélère et tous les instruments semblent jouer ensemble des petits crescendo. On a donc une montée en tension avant de repartir dans les graves avec les notes de la fanfare (le piano du moins) qui se répètent rapidement, certainement pour annoncer une menace qui avance et qui ne peut pas être arrêtée (c’est du moins l’impression que j’ai). On a de nouveau droit à un crescendo, marqué par les interventions brutales des cordes. Et petit à petit les instruments jouent de nouveau ensemble. Vers la fin, on a une sorte de bourdonnement, provoqué par les cordes je pense, avec au dessus, les cuivres qui continuent à jouer. Un mélange assez étrange et qui provoquerait presque une sorte de malaise (toujours exagérer dans ses analyses), pour finir sur la marche guerrière où la dernière répétition est jouée par tous les instruments, ce qui est assez surprenant et qui donne de l’énergie à cette fin de morceau. Bref, un morceau remplit de crescendo, énergique et nerveux qui décrit très bien le Predator. Un morceau qui nous retranscrit aussi bien de l’action, du fantastique, du mystère, de la tension et de l’épouvante...



Un Film Unique



Dernière partie qui sera plus légère, où je vais évoquer les autres films de la licence. Predator, premier du nom, a plutôt bien marché et a rencontré un succès critique et commercial. Une suite était donc logique : réalisée par Stephen Hopkins, portée et sauvée par Danny Glover, le seul à être crédible dans ce rôle, comparée aux autres premiers rôles des suites. L’intrigue prend place dans une ville, en pleine période de canicule. Une suite bien différente, mais qui prend très vite des allures de séries B, de par, ses personnages et ses scènes d’actions. Néanmoins, certaines idées de mise en scène sont à noter et fonctionnent. Il n’y a plus réellement de surprises, juste du fan-service. Mais, il n’en demeure pas moins divertissant, à l’instar du troisième opus : Predators, réalisée par Nimrod Antal. Une bande-annonce trompeuse, laissant apparaître plusieurs Yautja, pour finalement n’en avoir que 3. Adrien Brody, dans le rôle principal, fait le nécessaire, mais est très loin de la performance de Schwarzenegger. C’est un film qui se rapproche beaucoup plus du premier, pour réconcilier les fans avec la licence, puisqu’on retrouve la jungle et on y fait même référence. Là où le deuxième film essayait de prendre une autre direction, celui-là ne fait qu’imiter le film de McTiernan, sans vraiment l’égaler. Ce que l’on peut voir avec sa mise en scène, moins pertinente que le premier. On ressens moins cette sensation d’oppression et de paranoïa. Le film est généralement vu comme déception, mais pour ma part, je le trouve assez efficace dans ce qu’il fait. Il y a un peu de suspens, les personnages fonctionnent, notamment celui de Laurence Fishburne. Le film ressemblerait presque à un Alien, avec une scène en huis-clos qui, je trouve, fonctionne. Evidemment, le film a des défauts, c’est indéniable : notamment la technologie des créatures qui est bizarre et mal foutue, les créatures en elle-même et le combat du Yakuza face à un Predator n’a aucun sens, même s’il est un peu stylé. Le combat final ressemble trop à celui du premier et n’est donc pas vraiment marquant. Le film en lui-même pourrait se résumer à ces mots. La licence Predator est, aux yeux de la majorité du public, épuisée. Mais, un nouveau film est annoncé : The Predator, réalisé par Shane Black, acteur et co-scénariste du premier. Et si ce film peut, à la limite, être un bon divertissant, à l’instar des précédents, il est surtout vu comme le pire des films de la licence, voire même une insulte au premier film, enterrant la licence pour de bon. The Predator est bel et bien un film de Shane Black, parfaitement dans son style, mais ici, ça ne marche pas, faisant de ce film une véritable comédie absurde et burlesque, aux personnages inintéressants et oubliables. Alors, oui le film en lui-même peut se regarder facilement, mais c’est un très mauvais Predator. L’humour y est omniprésent et ne fonctionne pas vraiment. Les scènes d’actions ne sont pas terribles non plus, décrédibilisant même la créature et le gore ne réussit pas à remonter la pente, bien au contraire. L’intrigue du film a encore moins de sens que celle des précédents. Et le film est trop débile, pour qu’on s’y intéresse, comme en témoigne la fin. Celle de Predators offrait plus de possibilités et aurait été plus surprenante. La seule surprise du film est ce géant Predator… Et c’est peut-être la pire idée du film. A l’instar de Alien Covenant, une créature refaite en numérique est bien moins marquante qu’un acteur en costume : on ne ressent pas son poids, sa prestance et par conséquent sa menace. Et en plus, ça se voit qu’il a été refait, du fait de mauvais effets numériques. Sinon, il y a quelques idées de mise en scène qui se perdent dans l’absurdité du film.


Bref, on est très loin du premier film, les films « Predator » perdent de plus en plus de leur notoriété et de leur crédibilité et j’espère qu’un prochain film verra le jour, pour remonter la pente et nous offrir une meilleure conclusion à cette licence…

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le 30 mars 2021

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