Qu'est-ce qu'il a voulu nous chanter cet Ozon-là ? Un film à thése ? Une comédie ? Un film d'acteurs ? Tout à la fois ? Dans tous les cas, c'est à peu prés manqué.

Passe encore pour le film d'acteurs: Deneuve assure, Luchini fait le job et Karin Viard fait ses gammes, et si Rénier et Godréche sont assez fades, Depardieu apporte ici ou là une dimension bien à lui.

La comédie ? Laborieuse, assez poussive, à la narration quasiment toujours prévisible...
"Potiche" a d'abord été une pièce dite de boulevard, emmenée forcément tambour battant par la mythique Jacqueline Maillan.
Quand ce théâtre-là est bien fait, et ses codes bien en place, les rires des spectateurs, les portes qui claquent, les répliques qui fusent, voire les cabotinages, ne laissent pas le temps de souffler, ni de prévoir le coup d'après.
Un passage à l'écran, avec d'autres codes, est toujours compliqué, surtout si l'on a pas dans ses fibres le tempo si particulier de ce type de comédie.
Et l'ambition -la prétention ?- d'ajouter en compensation une forme de profondeur psychologique au sujet peut apporter plus de graisse que de richesse. Et c'est ici le cas.

Alors film à thèse? La bourgeoise désoeuvrée et donc "potiche" qui supplante son mari à la tête de l'entreprise avant de se lancer en politique avec pour slogan "le pouvoir aux femmes" (bizarre conception de l'égalité, soit dit en passant): sujet en or, et digne d'être traité.

Mais l'histoire racontée se situe en 1977 ! Dans ces années-là, Zidi tournait avec de Funés et Girardot "La Zizanie", au sujet très cousin. Pas un chef-d'œuvre, mais au moins une histoire contemporaine de son tournage, en plein début des grandes luttes féministes, ce qui donnait du sens à cette comédie.
Comme aurait eu du sens une "Potiche" traitée avec une situation, des personnages, des décors même, du XXIème siècle, car sur le thème il reste beaucoup à dire et à montrer, y compris avec humour.

Film donc à la fausse audace, sans insolence ni vrai rythme, ni pétillant ni long en bouche, "Potiche" a permis au moins à Ozon, et pourquoi pas, de cogner une fois de plus sur l'image du patriarcat. Chacun règle son Œdipe comme il veut..
coupigny
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le 9 mars 2015

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coupigny

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