Tout film succédant à un colosse commercial aussi important que Le Roi Lion devrait en toute logique ramasser un joli pactole en un rien de temps. C'est pourquoi la réception de Pocahontas, Une Légende Indienne a surpris plus d'un lors de sa sortie en 1995. Ne récoltant que la moitié des recettes mondiales du Roi Lion, s'inclinant devant Toy Story, première coproduction Disney-Pixar, au box-office nord-américain et n'étant pas particulièrement apprécié par la critique sur son territoire national, Pocahontas fait trembler les Studios Disney qui craignent d'y voir là le signe du début d'un nouvel Âge Noir. Ce qui finira par arriver mais 5 ans après.


Si en France, les critiques et le public ont été bien plus réceptifs vis-à-vis de ce nouveau Classique Disney, on ne peut pas en dire autant aux États-Unis où l'accueil a été très mitigé. Les principaux reproches venant de son histoire bien trop classique et rabâchée (contrairement chez nous où nous avons été épargnés, au point que Pocahontas est devenu la référence populaire pour l'histoire des méchants colonialistes envahissant le territoire étranger) mais également de son approche très différente des précédents Classiques.


Ironique sur ce point car c'est justement ça qui démarque autant Pocahontas, Une Légende Indienne: Son changement de ton. Que ça soit dans le rythme, l'animation ou les personnages, le film marque un tournant dans le Troisième Âge d'Or.
Tout est plus froid. Il n'y a clairement plus le même émerveillement que devant un Roi Lion ou un Aladdin, les décors (absolument grandioses au passage) se veulent gigantesques mais également plus naturels et plus ternes. Les couleurs ont beau être très piquantes, elles se résument principalement à du vert, du bleu et du rose.


L'héroïne du film représente très bien cette nouvelle direction. Pocahontas n'a rien des précédentes Princesses Disney. Même aujourd'hui lorsqu'elle est exploitée, elle est toujours montrée dans une position presque athlétique, à peine la voit-on sourir. Il ressort du personnage une certaine dignité dans sa gesture. Beaucoup plus froide et solitaire, cette fille de chef captive plus qu'elle n'est identifiable. Ce qui n'est pas une mauvaise chose car le personnage reste très intéressant à suivre.


L'intrigue traite d'une période peu appréciée par les américains et même en la retouchant à la sauce disneyenne, difficile de savoir quoi en penser en se référant à l'Histoire.
Il est donc plus logique de se centrer avant tout sur l'intimité de deux personnages, Pocahontas et John Smith, tous deux issus de peuples différents et dont la relation sera le coeur du film et changera le cours de la guerre. Bien entendu, tout est romancé et modifié pour livrer une histoire d'amour divertissante aux yeux des enfants. Mais cette relation amoureuse est elle aussi assez fascinante car elle est liée par une chose: Le Vent.


Le Vent est un personnage à part entière qui guide nos protagonistes et les aide à faire leurs choix (quitte à ce que ça soit un peu farfelu, comme la scène où Pocahontas parle en anglais devant John Smith lors de leur première rencontre). Il installe une magie et un mystère qui hypnotisent presque le spectateur. Et il est toujours au centre des conversations entre les personnages et des chansons.
Tant qu'à en parler, la bande-originale de Pocahontas, Une Légende Indienne est probablement la meilleure oeuvre musicale d'Alan Menken avec Le Bossu De Notre-Dame. Les mélodies sont magnifiques, les instruments parfaitement accordés à l'univers du film et la chanson L'Air du Vent s'impose comme une des meilleures chansons Disney du Troisième Âge d'Or, ce qui n'est pas rien.


Alors que Disney Animation misait tout sur ce nouveau film au profit du Roi Lion, le public en a décidé autrement. C'est Simba qui a attiré la planète entière dans les salles tandis que Pocahontas n'a récolté que les miettes.
S'il possède des problèmes de ton (notamment avec l'ajout des comic-relief que sont Meeko, Percy et Flit, bien qu'ils soient assez drôles) et d'écriture, Pocahontas, Une Légende Indienne reste définitivement un film à voir pour sa richesse visuelle, son ambiance, sa musique et sa tentative. Un film fort intéressant et parfois même fascinant.

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le 17 juin 2016

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Walter-Mouse

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