Forbidden Planet est un film de science-fiction, ou plus précisément un space opera, réalisé en 1956 par Fred McLeod Wilcox, sur un scénario librement inspiré de la tragi-comédie La Tempête (1) écrite par Shakespeare en 1611. C'est le premier long-métrage du genre à être tourné en couleur, au format CinémaScope, et qui place le cœur de l'histoire sur une planète à des années-lumière de la Terre. Autre première : la musique est entièrement électronique (comprendre « musique composée à partir de sons synthétiques » et non « musique pour neurasthéniques »). Considéré par beaucoup comme culte, il est le précurseur de classiques comme Star Trek et 2001, l'Odyssée de l'Espace, sortis quelques dix années plus tard.

En 2257, le vaisseau spatial C57D atterrit sur la planète Altaïr 4 afin de secourir le Bellérophon, un autre vaisseau issu d'une précédente expédition qui eut lieu vingt ans plus tôt. Les membres de l'équipage sont alors accueillis par le Dr Morbius (Walter Pidgeon) et sa charmante fille (Anne Francis), seuls rescapés de ladite expédition, qui leur font découvrir les incroyables avancées technologiques dont bénéficiaient les Krells, une ancienne civilisation pleine de mystères. Mais la menace qui anéantit autrefois le Bellérophon plane toujours sur cette planète, tel un maraudeur aux contours incertains, tapi dans l'ombre de ces étendues hostiles. Son origine, aussi subtile que surprenante, pièce maîtresse de l'intrigue, ne sera véritablement dévoilée qu'en toute fin du film.

Les effets spéciaux, avant-gardistes et astucieux à l'époque, en feront sourire plus d'un. Le puritanisme ambiant caractéristique des années 1950, frisant ici la misogynie, est bien sûr beaucoup moins marrant. Heureusement, le charme qui se dégage de ces terres désolées hérissées de pics menaçants comme des intérieurs soignés entre kitsch et Art déco conserve, lui, toute son authenticité. Robby le robot, grand frère spirituel de C3PO et R2D2, vole la vedette aux « vrais » acteurs en redoublant d'intelligence et d'amabilité ; comble de la serviabilité, il est capable de synthétiser du whisky, pour le plus grand bonheur de ces astronautes en perdition... Enfin, l'irruption du subconscient dans un dénouement qui revisite le mythe de la licorne (grosso modo, la répercussion du rêve dans la réalité), en écho aux théories freudienne et jungienne, est toujours aussi efficace. Une parabole redoutable sur la part d'ombre qui sommeille en chacun de nous...

(1) La Tempête a aussi inspiré Dan Simmons pour Olympos (2005) et Ilium (2004), ainsi que Beethoven et Tchaïkovski pour certaines de leurs œuvres.

La critique dans son format d'origine : http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Planete-Interdite-de-Fred-McLeod-Wilcox-1956
Morrinson
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le 26 févr. 2013

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