Batailles et Fontaine
Aucune suprise, si ce n'est pour ces putains de lunettes 3D que je ne pensais pas retrouver à Cannes... Johnny Depp joue à Keith Richards (qui lui joue à Johnny Depp le temps d'une apparition)...
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le 14 mai 2011
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Est-il injuste de jouer la comparaison de ce quatrième PdC avec les films précédents, quand le cœur de la saga est la trilogie de Verbinski ? Bien obligé, malgré l’injustice probable, car le parallèle s’en ressent tout le long du film. Et durement.
Les erreurs que s’était mis à commettre Verbinski paraissent douces face à la rupture opérée par Rob Marshall. Sparrow devient trop explicite : lui dont Johnny Depp savait si bien interpréter ce qu’il disait pour de faux ou ne disait pas du tout, il se fissure. Tous les équilibres sont rompus comme de vils cordages : le mystique et la traîtrise ne sont plus que des laveurs de pont quand ils méritaient encore d’être premiers matelots. Seul un équilibre est conservé : c’est celui de la bourgeoisie, édiles méprisants qui chapeautent – pardon, tricornent assez bien les vauriens, même si cela doit passer par le personnage grotesquement raté de Richard Griffiths (mais si, l’oncle Vernon).
Le plus ridicule est sans doute dans la manière de vouloir recréer le mystère par ce qui sera brièvement tenu secret. Blackbeard en est la caricature, ce capitaine que personne ne connaît, ni n’a vu, qui soudain sort en grande pompe de sa cabine pour s’exhiber au monde comme si de rien n’était. Il n’impressionne en rien, pas plus que le religieux n’a de foi en son culte ou l’acteur dans son rôle (Sam Claflin). Le film entier est tissé dans l’absurde, comme dans ses tentatives de titiller la fibre romantique : une sirène passe pour morte pendant vingt secondes puis repart au quart de tour, comme si de rien n’était., et l’on est censé avoir frissonné.
Il est malheureux de constater que le casting entier est à la dérive, privé de port d’attache, surnageant dans des proto scènes cultes n’ayant nulle idée de quel cap prendre, comme les scènes de « gags » qui se perdent en rallonges. Pourtant, Marshall s’était simplifié la vie en ne gardant qu’une trame narrative.
Le jeu de la comparaison est un désastre. Il prouve plus qu’on n’en demande que la saga se saborde. L’émotion piratesque demeure – il fallait au moins ça – dans l’esprit de plans plus larges et d’une contemplation distante de l’intrigue. Mais dans le cœur du fan, la disparition d’Orlando Bloom et de Keira Knightley reste une perte incommensurable pour laquelle Keith Richards est une très maigre compensation.
Créée
le 30 mars 2019
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