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La grande couture est une affaire d’orfèvrerie, un art délicat qui demande une minutie, un calme, un silence monacal. C’est dans cette vie-là, au côté de sa sœur Cyril, que Reynolds Woodcock a décidé...
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le 15 févr. 2018
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Nouveau parachèvement cinématographique de son auteur Phantom Thread dépeint la relation tumultueuse liant un célèbre couturier à sa femme, relation filmée sous le signe de la double contrainte ; avec la limpidité narrative qui lui a toujours été propre depuis son excellent Hard Eight Paul Thomas Anderson évite toute forme de bavardage et de démonstration poussive, offrant à Daniel Day-Lewis ce qui restera l'une de ses performances les plus impressionnantes.
Rarement le perfectionnisme de l'acteur britannique s'est avéré aussi prégnant qu'avec cet éloquent et classieux film de chambre : langage du corps, petites manies, élocution au cordeau... Rien ne semble avoir été laissé au hasard par le comédien, qui livre ici une composition-testament des plus délicieuses : le distingué et névrotique Reynolds Woodcock, personnage à fois magnétique et délibérément solitaire, incapable pourtant de se séparer de la femme qui l'aime, et qu'il aime.
Avec un sens de la texture visuelle saisissant et plus abouti que jamais Paul Thomas Anderson éclaire lui-même son huitième long métrage, poursuivant la trajectoire expérimentale d'une Oeuvre de plus en plus marquée par l'audace les partis-pris radicaux. Comme toujours la forme est une splendeur, devenant d'une certaine façon le sujet même du film : forme des goûts et des couleurs mais aussi forme des convenances sociales et des rapports amoureux, forme de pouvoir et de contrôle... En ce sens la scène du dîner-surprise trônant au coeur du métrage cristallise tout le désespoir de la relation liant Reynolds à la troublante Alma ( Vicky Krieps, magnifique ) en même temps qu'elle constitue le point de bascule d'un film à la fois doux, amère et sournoisement violent.
L'aisance du montage et de la réalisation, la beauté de la direction artistique et celle de la bande originale ( principalement écrite par Jonny Greenwood ) et le grain de folie de Paul Thomas Anderson prêt à surgir à chaque instant font de ce Phantom Thread l'une des plus grandes réussites de ce début d'année 2018 : immanquable !
Créée
le 4 mars 2018
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