PTA is back !



Après la pépite Inherent Vice (hélas loin de faire l'unanimité...), le faiseur de film fresques revient sur un mystérieux créateur de mode et sa rencontre avec sa nouvelle égérie.
Une certaine hype s'est créée autour du film depuis l'annonce de la participation au projet de Daniel Day Lewis (AKA " I DRINK YOUR MILSHAKE") et surtout en tant que dernière performance du bougre en tant qu'acteur, ce que contrediront les plus sceptiques.


Détricotons donc cet ouvrage...


Fashion police


Comme chaque film de PTA, l'ambiance prend son temps pour s'installer via des plans magnifiquement composés. Plus qu'à l'accoutumée, chaque scène ressemble à un tableau, un vrai régal pour les yeux.
Sur la musique, le fidèle Jonny Greenwood (guitariste d'un petit groupe émergent bien sympa) accompagne efficecement chaque scène. Si l'influence orchestrale de ses collaborations avec PTA se faisait ressentir dans les derniers albums de Radiohead, elle s'exprime pleinement dans ce film.
Côté acteurs : Daniel Day-Lewis livre une performance impeccable avec cet étrange personnage obsessionnel, routinier et extrêmement dur avec son entourage. Les deux protagonistes féminines du film sont parfaites, tant sur l'écriture des personnages mais sur leur interprétation tout en finesse : Vicky Krieps en jeune ingénue et Lesley Manville en soeur gardienne absolue du génie de son frère.


Couper le fil en quatre...


L'intrigue semble à première vue basique au possible : une histoire d'amour des plus simples où la jeune campagnarde candide va bouleverser le quotidien du génie, par son innocence et sa modestie inhérente à sa condition.
La plupart des séquences du film vont à première vue montrer cette ascension et ce rapprochement inévitable de manière efficace.
Mais l'originalité va s'articuler sur la déconstruction de l'image stéréotypée deux principaux personnages.
Woodcock est montré comme le grand génie, pointilleux et routinier à l'extrême, invincible dans le château qu'il s'est construit, le tout protégé par sa soeur toute dévouée. Mais cette image de façade est brisée par de nombreuses dissonances au cours du film, montrant la régression de cet homme-enfant embourbé dans sa relation avec sa mère défunte, laissant à contempler au fur et à mesure un être faible et démuni.
Parallèlement Alma, va montrer un visage beaucoup moins candide au fur et à mesure qu'elle côtoie son idole. Si celui-ci suit logiquement la voie de la régression, Alma de manière inverse se tourne vers l'emprise tant psychique que physique (vous reprendrez bien un peu de champignons...).
Le film me semble vraiment à rapprocher avec There Will Be Blood, où l'on retrouve cette volonté de déconstruire un homme puissant, froid, impénétrable et à chercher ces leviers qui peuvent le faire basculer, tant dans la haine vengeresse chez le chercheur de pétrole que dans l'abandon le plus total à l'autre chez le couturier.


Ce qui ressort du film, c'est cette relation unique, tordue, presque incestueuse d'une certaine façon et que PTA arrive à modeler en une histoire d'amour atypique, malsaine mais solide.
Pour paraphraser un grand chef d'oeuvre et résumer le plus sommairement le message du film :
"Love finds a way"

Tom_Méchant
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de Paul Thomas Anderson

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le 1 mars 2018

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Tom_Méchant

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