L’avis du mec qui a été recalé à l’entrée

Voir deux gosses qui s’amusent, désolé mais l’entreprise me semble insipide. Malgré tout l’idée est intéressante et le film a la politesse de ne durer qu’une heure dix et pas plus, auxquels cas le film aurait été d’une terrible et triste vacuité.

Pourtant on sent Sciamma aussi inspirée dans sa mise en scène qu’avec Portrait de la jeune fille en feu. C’est ce qui fait que le film arrive à être dense malgré tout et que je lui prête un peu d’interêt. Cependant comme avec Shining, ça ne passe pas.

Comme avec Kubrick, je vois tous les travaux derrière, je ne passe pas à côté cependant je passe à côté du scénario. Les dialogues dans Petite Maman sont vraiment compliqués à ingurgiter sans grimacer. Parler comme ça à ses darons mériterait des torgnoles.

Aucune politesse, aucune élégance, je veux bien qu’on me fasse croire à des dialogues par instants naturels mais j’y arrive pas quand certains sont sur-écrits, quand parfois le jeu est naturel alors que parfois il est faux car trop articulé, trop déclamé, trop déployé.

De plus, infantiliser la mère rendre la gosse très (trop) mature pour son âge est une idée intéressante. Surtout que la mère sera plus que jamais toujours une gosse. Cependant, ça et le ton du film qui s’arque autour du deuil apportent un regard trop froid et distant.

Malgré tout cette histoire de voyage dans le temps est sympathique. L’effet miroir qu’octroie la forêt est astucieux. Le tout est crédible vu que la mère n’est pas dans les parages et le fait de filmer les intérieurs à la manière d’un point & click est une idée brillante.

Les plans, leurs compositions, ce qu’on filme, tout est sujet aux symboles, à la référence, aux réminiscences d’un passé mystérieux et confus. Tout ça c’est bien intéressant mais ce n’est hélas qu’une toile de fond dissimulée derrière deux gosses qui jouent ensemble.

Alors certes, c’est pas gratuit, ça veut dire quelque chose sur les relations entre les personnages, c’est là que se déploie toute la note d’intention mais le résultat est aussi dense thématiquement qu’il est barbant dans la pratique.

Résultat des courses : un processus d’identification dysfonctionnel et un désintérêt total pour l’intrigue. Les émotions ne prennent pas et on reste en dehors, on n’est pas convié à la fête alors on en fait une en solitaire, à s’informer sur le film au lieu de le vivre.