Cinéaste à succès, Peter von Kant tombe instantanément amoureux du jeune Amir que Sidonie, sa meilleure amie, lui présente. Il en perdra son âme, sa raison.


Si la référence à Fassbinder et l’amertume de Petra aujourd’hui masculine ne sont pas connues, c’est tout un contexte explicatif qui est perdu. François ose une adaptation hommage et plus personnelle qu’il n’y paraît. On se raccroche alors à sa mise en scène virtuose qui transcende la théâtralité de l’ensemble. Certes, il ouvre et referme le rideau rouge, mais son sens du cadrage, une stylisation extrême et un montage dynamique ne figent jamais les personnages dans un espace clos. En un plan très construit se positionne le quadrille infernal qui compose la pièce. Au centre, Peter, ours hystérique et bien léché, au cœur tout mou. Dans le rôle, Denis Ménochet, permanenté, danse et pleure comme jamais. Ses larmes sont des gouttes d’eau acides sur pierres brûlantes. Il bâtit une chapelle ardente en l’honneur de celui qu’il désire transpercer de ses flèches, l’éphèbe Amir, Sébastien plus subversif que saint. Si l’homme a besoin de l’autre, il n’a jamais appris à être deux. Témoin muet de l’effondrement qui se joue, Karl, le servant masochiste, présence caustique et bouleversante. Au-dessus de ce manège à trois, Sidonie, l’entremetteuse sardonique, star, mais si « humaine ». La belle Adjani, toute pimpante, s’amuse avec son image. Et de ses lèvres rouges et pulpeuses, fredonne ce terrible refrain : « Jeder tötet was er liebt », tout le monde tue ce qu’il aime.


(7/10)

twitter.com/cinefilik

cinefilik.wordpress.com

CineFiliK
7
Écrit par

Créée

le 5 août 2022

Critique lue 6 fois

1 j'aime

CineFiliK

Écrit par

Critique lue 6 fois

1

D'autres avis sur Peter Von Kant

Peter Von Kant
Procol-Harum
7

Ozon, le cinéma

Cinéaste pour le moins prolifique, sortant des films chaque année comme s’il fallait déjà oublier le précédent, François Ozon peine à se renouveler, à extirper son cinéma d’un académisme encombrant...

le 8 juil. 2022

13 j'aime

6

Peter Von Kant
AnneSchneider
8

Tout est faux mais tout est vrai

De film en film, François Ozon traque la part de vrai nichée dans le faux (« L’Amant double » 2017, « Été 85 » 2020), la vérité dans l’imposture apparente (« Frantz » 2016), la sincérité sous le...

le 10 juil. 2022

11 j'aime

11

Peter Von Kant
EricDebarnot
8

Les larmes amères de Rainer Werner Fassbinder

Rainer Werner Fassbinder fut l’un des plus grands réalisateurs du cinéma moderne allemand, mais il fut bien plus que ça : dramaturge, metteur en scène de théâtre, réalisateur de série TV, il investit...

le 10 juil. 2022

7 j'aime

6

Du même critique

Dans la brume
CineFiliK
5

“Sur les toits de Paris”

Mathieu vient tout juste de retrouver Anna, son ex-femme, et Sarah, leur enfant-bulle, quand un tremblement de terre secoue Paris. Une brume menaçante envahit la capitale. Comment survivre ? Colère...

le 7 avr. 2018

10 j'aime

6

Compétition officielle
CineFiliK
7

“Le bal des acteurs”

Désirant marquer l’histoire à la hauteur de ses moyens, un millionnaire décide de financer un film. Il engage Lola Cuevas, cinéaste en vogue, qui réunit pour la première fois sur un plateau Felix...

le 23 mai 2022

9 j'aime

Les Dents, pipi et au lit !
CineFiliK
4

“Les femmes et les enfants ensuite”

La vie pour Antoine, le célibataire, c’est du champagne à gogo, des bombances jusqu’au matin et un défilé de filles en chambre. Mais quand son colocataire le quitte pour New York, laissant sa place à...

le 23 mars 2018

9 j'aime

2