Ozon, le cinéma
Cinéaste pour le moins prolifique, sortant des films chaque année comme s’il fallait déjà oublier le précédent, François Ozon peine à se renouveler, à extirper son cinéma d’un académisme encombrant...
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le 8 juil. 2022
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Vingt-deux après « Gouttes d'eau sur pierres brûlantes », première incursion de François Ozon dans l'œuvre de Rainer Werner Fassbinder, l'auteur de « Swimming Pool » s'attaque à une autre pièce du cinéaste allemand, que ce dernier adaptera également sur grand écran. N'ayant pas vu cette dernière, c'était avec un avis assez neutre que je me suis dirigé dans la salle, surtout attiré par la bande-annonce et un casting intrigant. Il m'a fallu un certain temps pour accepter certains points : le lieu quasi-unique, d'abord, assez logique mais qu'Ozon ne cherche jamais à modifier, restant presque constamment dans cette structure théâtrale, récit et dialogues compris, rendant le spectacle au départ pesant, y compris dans certains comportements peu crédibles des personnages.
Et puis, sans atteindre l'extase, loin s'en faut, quelque chose se met en place : les protagonistes deviennent plus complexes, plus intéressants, laissant apparaître les failles, les doutes, les angoisses qui les ronge au quotidien, laissant apparaître une peinture assez juste de l'humain, notamment dans ce qu'il a de plus fragile, également représenté par quelques belles chansons, fort bien intégrées. Dommage, toutefois, que l'aspect « grand cinéaste » du héros soit aussi peu mis en valeur, même si j'imagine que c'est le cas aussi pour mieux s'y identifier, mais je pense que travailler sur cette dualité aurait été intéressant.
Côté interprétation, Denis Ménochet livre une prestation tonitruante et plutôt séduisante, notamment face à une Isabelle Adjani jouant intelligemment de son côté « Dorian Gray » du cinéma français, semblant proposer le minimum syndical mais exprimant une mise en abyme plus profonde, subtile qu'au premier abord. Enfin, il sera intéressant de revoir Stefan Crepon ailleurs que dans ce rôle totalement muet à la fois omniprésent et totalement effacé, dont l'émancipation finale reste l'un des moments forts du film. Rien n'est si simple, donc, et si mon regard aurait probablement été différent si j'avais vu l'original, « Peter von Kant » sait susciter un minimum d'intérêt et d'interrogation chez le spectateur, à défaut de provoquer l'enthousiasme ou de s'émanciper de conventions théâtrales (volontairement?) trop présentes.
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Créée
le 18 sept. 2022
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