
François Ozon propose un film singulier inspiré de l'oeuvre Les larmes amères de Petra Von Kant de Fassbinder.
Il n'est pas nécessaire de connaître l'oeuvre originale ni la carrière de Fassbinder pour apprécier le film de François Ozon. Les décors et les costumes minutieux et kitschs ainsi que la performance de Denis Ménochet suffisent à accrocher le spectateur. Peter Von Kant, interpétré par Denis Ménochet, est un réalisateur à succès qui sort d'une relation toxique avec un homme que nous ne connaîtrons pas si ce n'est à travers les mots de Peter et les yeux de son domestique de facto muet, Karl.
Le film est centré autour de la rencontre et de la relation qui naît entre Peter et Amir, jeune acteur au corps d'Apollon. Si ce scénario apporte un mélodrame tiré à son paroxysme plaisant au film, d'autant plus que la mise en scène théâtrale lui convient parfaitement, il est regrettable que les évènements s'enchaînent aussi vite. En raison d'ellipses, l'histoire apparaît en effet peu crédible et superficielle. La naissance de la toxicité de la relation entre Peter et Amir, pourtant le moteur du film, n'est pas retranscrite dans le scénario. Elle se passe pendant une ellipse qui intervient peu de temps après leur rencontre. Projeté plusieurs mois plus tard, le spectateur ne peut que constater que la relation s'est transformée en une relation malsaine et déséquilibrée.
Le film est débridé dans tous les sens du terme. Si certains aspects sont assez frustrants et peu impactants, d'autres restent agréables et il est plaisant de suivre l'évolution de ces personnages excentriques au travers de leurs crises mélodramatiques.