Après Batman & Robin, Joel Schumacher doit se ressaisir et livrer à un public encore abasourdi quelque chose de neuf. Ainsi sort-il deux films dans la même année, un thriller haut de gamme (l'excellent 8MM) et une comédie plus dramatique. Et si le premier film est une réussite, dévoilant la facette la plus sombre de Schumacher, Personne n'est parfait(e) dévoile la facette la plus gay et la plus maladroite du réalisateur ouvertement homosexuel. Car son 14e long-métrage est un petit ratage heureusement sauvé par ses deux interprètes principaux...


Robert De Niro, encore au top, incarne donc Walt Koontz, un ancien flic héros de la ville, réac' et anti-gay qui doit se coltiner les chants incessants de ses folles de voisins, comptant parmi "elles" Rusty, un travesti exubérant, chanteur à la carrière ratée. Tout deux vivent dans un immeuble minable en proie à la violence et aux deals divers. Un soir, alors que des gangsters viennent récupérer un butin caché parmi les résidents, Walt sort son flingue et veut intervenir mais subit une attaque cérébrale qui le paralyse sur la moitié du corps, des orteils à la mâchoire.


Désemparé, devenu solitaire et aigri, Walt va pourtant essayer de prendre des cours de chant avec Rusty, son pire ennemi, pour réapprendre à vivre normalement. Jouer sur cette différence était une bonne idée et pouvait amener à une comédie désopilante à la Blake Edwards. Sauf que Joel Schumacher est à Blake Edwards ce que Michael Bay est au drame historique : un manche.


Ajoutant une histoire de gangsters complètement décalée, jouant sur des poncifs vulgaires et poussant la ringardise de certaines situations à leur paroxysme, le metteur en scène loupe tout simplement son film et sort une comédie dramatique inégale, quasi-hybride, sans panache ni réel humour où seuls Robert De Niro et surtout Philip Seymour Hoffman, parfaits en complices je t'aime moi non plus, contiennent notre attention.


C'est d'ailleurs fort dommage car le pitch de base était plutôt intéressant mais, tel un bodybuilder construisant un château de sable, Schumacher passe à côté de la simplicité et des moments forts pour filmer pathétiquement des scènes bêtes et méchantes, délivrant un message de tolérance des plus douteux. Au final, on peut allégrement dire que Personne n'est parfait(e) est l'un des pires films de son réalisateur, ici incapable de proposer qui lui tient à cœur tout en ne sombrant pas dans le ridicule.

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le 16 avr. 2019

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