Personal Shopper est bâti sur deux paradoxes :



  • prenant un personnage ancré dans le sommet du factice et l'apparence (elle est personal shopper pour une star), mais traquant le sens et la spiritualité dans une histoire de deuil, de quête existentielle et de fantôme.

  • la mettant en scène en perpétuel mouvement (dans le train, sur son scooter, arpentant les magasins de luxe ou les couloirs sombres de sa maison abandonnée) mais bloquée dans sa tête, attendant un signe de l'au-delà de son frère décédé prématurément.


    Avec ce film, Assayas continue de dresser un portrait d'un monde globalisé, moderne ; un univers de réseaux où le contact passe toujours par le filtre d'un médium (qu'il soit technologique ou fantastique). Il explique (c'est finalement bien le mot) également que dans le passé, le fantastique faisait parti de la société et les théosophes qui y croyaient n'étaient pas les ennemis de la modernité et au contraire, étaient à l'avant-garde (il prend l'exemple de la pionnière de l'art abstrait Hilma af Klint et de Victor Hugo). Pour un peu, Personal Shopper pourrait tirer le film de genre du côté de la recherche introspective, de la difficulté de l'indépassable deuil. Film sensible, derrière sa froideur, porté par une Kristen Stewart omniprésente et parfaite et une photo réussie. On comprend d'autant moins qu'Assayas - peut-être soucieux de ne pas aboutir à un film par trop insaisissable - rajoute par dessus un meurtre et le début d'une histoire policière vite bâclée. Il charge trop la mule, et c'est dommage.


denizor
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le 22 mai 2019

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denizor

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