Pearl de Ti West est le préquel de X du même réalisateur, avec la même actrice principale, à savoir l’excellente Mia Goth. Vous n’avez pas vu X et vous voulez quand même regarder Pearl, là, tout de suite, sans prendre le temps de visionner l’autre d’abord, parce que voilà, c’est comme ça et que vous n’avez pas envie de vous justifier ? Ou vous l’avez simplement regardé par ignorance de l’existence de X ? Ben, aucun problème, que vous zieutez l’un avant l’autre ou inversement, ça ne pose aucun problème de compréhension. Vous avez tout à fait le droit de préférer suivre l’ordre chronologique des événements que de suivre celui des dates de sortie.


Et de toute façon, il ne faut pas aller plus loin que le générique de début pour comprendre ce qui est exposé dans le précédent opus (dans l’ordre chronologique des dates de sortie !), c’est-à-dire que Pearl, notre chère, tendre et douce protagoniste, sous des airs séduisants de gamine innocente de la cambrousse, est une putain de grosse fêlée psychopathe bonne à enfermer dans un asile façon Hannibal Lecter.


L’ensemble permet de comprendre d’où vient la frustration, aussi bien sur le plan charnel que sur celui d’aspirations non accomplies, de notre jeune fille dangereuse, devenue vieille tueuse en série dans X, d'où vient sa fascination extrême pour son double plus jeune (incarné aussi par Mia Goth !) dans ce même film.


L’action se déroule durant les derniers temps de la Première Guerre mondiale, en pleine grippe espagnole, et Pearl a des rêves de gloire. Elle veut devenir une star. Elle le deviendra en quelque sorte. Beaucoup plus tard qu’elle ne le pensait. Et plus dans la catégorie des Ed Gein et des Belle Gunness que dans celle des Cary Grant et des Greta Garbo.


L'esthétique, lisse et coloré, rappelle les classiques MGM de l’âge d’or. Elle n’aurait pas détonné dans un Vincente Minnelli ou dans un Stanley Donen. On vit dans un univers de comédie musicale. On n’est plus dans celui des classiques de l’horreur, du type The Texas Chain Saw Massacre, Psychose ou Shining dans lequel baigne X. Ici, la principale source d’inspiration, c’est Le Magicien d’Oz, auquel Pearl ne manque pas de faire de nombreux clins d'œil d’amère ironie. La Dorothy du chef-d'œuvre de Victor Fleming voyage alors que Pearl reste condamnée à son bled paumé. Dorothy profite de sa quête initiatique pour se faire des amis. Pearl sème la mort. Dorothy veut retourner à la maison. Pearl veut absolument la quitter.


Le contraste singulier entre le côté lisse de la photographie, des décors (les mêmes que dans X, bien moins négligés et crades ; ce qui est symbolique des parti-pris esthétiques opposés des deux films !), de la mise en scène en général, et le côté glauque (je préfère encore mieux assister au charcutage d’un personnage que d’être au bord du vomissement avec ce porc cuisiné en putréfaction, avec ces asticots grouillants… beurk… !) ainsi qu’atroce, de ce qui se déroule à l’écran, est un des deux grands intérêts de l’ensemble.


Et l’autre grand intérêt ? Ben, la très charismatique et très talentueuse Mia Goth. J’avais dit en début de critique qu’elle est excellente. Non, elle n’est pas juste excellente, elle est époustouflante. Non, mais, rien que les deux plans-séquences sur son visage, durant lesquels la caméra lui fait entièrement confiance (à raison !), sont des preuves éloquentes que Ti West dirige une perle (sans mauvais jeu de mots !). Elle parvient à faire passer une gamme large et complexe d’émotions rien que par ses expressions faciales.


Autrement, ce sont exactement les mêmes faiblesses que pour X. Le côté slasher est définitivement sans la moindre surprise. Il est très facile, là aussi, de prévoir qui va se faire trucider et dans quel ordre. En conséquence, les deux films se valent l’un et l’autre, possédant les mêmes qualités, à savoir la mise en scène, admirable, l’actrice principale, exceptionnelle (on peut ajouter aussi le reste de la distribution, solide, mais moins mis en avant que celui de X, car le tout est plus centré, cette fois, sur la protagoniste !) et le même défaut, un déroulement trop attendu. En attendant le troisième film…

Plume231
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