Les différentes bandes annonces qui annonçaient la sortie de Passengers en 2016, ne laissaient présager rien de bon, donnant l'impression qu'on allait assister à une pseudo romance larmoyante à bord d’un vaisseau spatial ... et devinez quoi ? Passengers, ce n'est rien d'autre de plus que ça. Les bandes annonces étaient donc relativement honnêtes, elles vendaient le produit pour ce qu'il était, une banale "Romance in Space".


Cherchant à se faire passer pour un Titanic dans l’espace, Passengers est à la fois une romance et un film de survie. Ainsi, nous embarquons en compagnie de Chris Pratt sur le navire de transport humain Avalon, pour un voyage d'une durée de 120 ans, en direction de la planète Homestead II. L'objectif est double, fonder une colonie spatiale et soulager la Terre qui est surpeuplée. Ce voyage c'est l'occasion pour Chris Pratt, l'acteur préféré de "presque" tout le monde, de montrer ses solides références d'acteur de premier plan. C'est aussi l'opportunité pour Morten Tyldum, le réalisateur de The Imitation Game, d’imaginer à quoi ressemblerait la vie à bord d’un navire conçu pour livrer une cargaison aussi précieuse que l'Homme, lors d’un voyage de plus de 100 ans (tous les passagers sont maintenus dans un état d’hibernation qui stoppe leur vieillissement).


J’avais raté le film lors de sa sortie sur grand écran, justement en raison de son contenu prévisible. Plus de 5 ans plus tard, j’ai décidé de lui donner sa chance, en espérant le trouver un peu moins prévisible que ça ... dommage pour moi, c'est ultra prévisible de la première à la dernière minute. Le visionnage de fut pas déplaisant pour autant, mais j'en ressors quand même avec la désagréable impression, que ce film c’est une belle occasion manquée.


Il n’est pas difficile de voir ce que Passengers aurait pu être, mais cette romance de science-fiction à gros budget et très médiatisée, mettant en vedette deux des stars hollywoodiennes les plus bankables du moment, est l’un des spectacles les plus curieusement oubliable et inoffensif que j'ai vu depuis longtemps. C'est presque pire que de voir un mauvais film, car un navet procure au moins des sensations (désagréables certes, mais des sensations quand même) et en général on s'en souvient longtemps après (aka le syndrome Southland Tales de Richard Kelly). Là non, quasi aucune sensation et 24 heures après, j'ai déjà l'impression de l'avoir oublié. Cependant, je ne peux pas nier que le film a certaines qualités, noyées au milieu de tout ce contenu insipide, mais des qualités certaines, néanmoins.


Commençons par les atouts du film. La production est impeccable, que ce soit la direction artistique, la photographie et la mise en scène, tout est ultra soigné (bien qu'un peu trop propre et lisse à mon goût). Rien à redire, on sent que la production ne manque pas de moyens pour mettre en image un sujet de science-fiction, qui justement demande beaucoup de moyens. Mais bon, on pouvait s'y attendre pour un film mettant en vedette deux des acteurs les plus populaires du moment. Bien que j'ai mes doutes sur les capacités de Chris Pratt dans des registres autre que comique (aka Andy dans la sitcom Parks and Recreation), à contrario j'aime beaucoup Jennifer Lawrence, une actrice à la fois talentueuse et magnifique. Michael Sheen fait également parti des bons points du film, impeccable comme d'habitude, ici en barman humanoïde donnant l'impression de s'être échappé du film Shining de Stanley Kubrick.


Passons maintenant aux choses qui fâchent. Le propos SF développé ici est vraiment très mince, même si c'est pour servir des motifs narratifs qui puissent être compréhensibles pour le plus grand nombre. Les inexactitudes d'un point de vue scientifique sont trop nombreuses pour toutes les référencer, je n’entrerai donc pas dans le vif du sujet ici ... qui plus est, ce n'est clairement pas ce que le spectateur moyen recherche dans ce film. Non, ce film ne s'adresse clairement pas aux fans de films de science-fiction, il s'adresse uniquement aux fans du couple têtes d'affiche et aux fans de romances sirupeuses (celles dont on sait que ça ne peut finir qu'en happy-end). Le film penche principalement vers une ambiance de drame romantique, où tout le monde il est beau et où le drame n'est qu'un prétexte pour pimenter tout ça et rajouter un peu de danger (du danger factice, bien sûr). Compte tenu du statut très médiatique des deux protagonistes stars du film, les scènes de sexe sont très brèves et ne montrent pas grand chose. Avec l’absence de danger, le manque d’érotisme est un autre indicateur que le film ne veut prendre aucun risque. La catharsis du film, qui découle du dilemme moral principal (que je ne vais pas divulgâcher ici), ne produit aucune satisfaction pour le spectateur. En tout cas, moi je n'ai ressenti aucune empathie ni aucune émotion. Et puis il y a Lawrence Fishburn qui passe comme un fantôme dans ce film, il fait vraiment peine à voir. Quant à Andy Garcia, c'est un passage éclair, même pas cinq secondes de présence à l'écran.


Durant la première heure, Passengers laisse entrevoir un propos intéressant, mais après, tout s'effondre. Un aspect majeur de l’intrigue au cours de la première moitié du film était l’impossibilité pour Chris Pratt de se rendre dans le quartier des pilotes pour les réveiller tous ...


Et puis comme par magie, l’un des membres du quartier des pilotes (Lawrence Fishburn) se réveille, dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans le vaisseau, erre un peu, puis meurt. À partir de ce moment-là, plus rien ne va. On nous balance quelques scènes d’action sensationnalistes au détriment, à la fois de l’intrigue et de la plausibilité de la science. Un bref instant, on reprend espoir lorsque le trio réalise qu’il y a quelque chose qui cloche dans le vaisseau et essaie de comprendre quelle en est la cause. Mais au final, il s’avère que c'est tout simplement le réacteur nucléaire du vaisseau qui se dirige vers l’autodestruction, suite à un brèche dans le vaisseau provoquée par une collision d'astéroïdes ... chose qu'on sait déjà depuis le tout début du film, ou comment passer de l’effet waouh à l’effet pschitt !


Bref, Passengers est une romance de science-fiction divertissante, mais totalement lisse. On se croirait dans un thriller de science-fiction des années 70 qui a pour mission de plaire à un plus large public possible (aka le syndrome Lost in Space).

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le 18 juin 2022

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lessthantod

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