S'il ne s'agit pas du film le plus attendu de la fin d'année, il est légitime d'être curieux quant à la sortie de Passengers dans la mesure où il est réalisé par Morten Tydlum, l'homme derrière The Imitation Game, un travail assez intéressant malgré un académisme très prononcé (un film à Oscar, que voulez-vous...). Fatalement, ce qui fait à la fois la force et aussi la faiblesse de Passengers, ça reste encore son excès d'académisme....


Je ne vais pas écrire un roman sur le film dans la mesure où il n'y a pas grand chose à dire : il fait le taff, je dois reconnaitre que je n'ai pas passé un moment désagréable et je ne me suis sûrement pas ennuyé. A noter la très bonne alchimie entre Jennifer Lawrence et Chris Pratt, leurs deux interprétations sont impeccables, il me parait important de faire la remarque dans la mesure où le film tient en grande partie sur leurs épaules. Je n'ai eu aucun mal à m'identifier à ces deux personnages prisonniers d'une station spatiale qu'ils vont occuper seuls pendant les 90 prochaines années, leurs réactions sont crédibles, bien interprétées, bref on y croit et c'est bien là l'essentiel.


En revanche, mon Dieu, qu'est-ce que le film est prévisible, c'est à se demander s'il n'a pas été écrit par une machine ! On retrouve ici une structure en 3 actes que l'on voit venir de loin, ce qui donne grosso-modo :


Partie 1 : réveil de Chris Pratt qui se rend compte qu'il est seul, il découvre l'univers dans lequel on va évoluer. Partie 2 : premier élément perturbateur. Il décide de réveiller le personnage de Jennifer Lawrence pour ne plus être seul, commence alors une romance sans qu'il lui révéle qu'il est l'auteur de son réveil prématuré. A ce stade là, on attend patiemment qu'elle l'apprenne pour arriver à l'acte 3 : elle s'en rend compte, leur relation est mise à mal et il faut attendre d'un élément pertubateur supplémentaire pour les voir être obligés de travailler ensemble et se rendre compte qu'ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre... On atteint le paroxysme quand ils décident de vivre le reste de leur vie ensemble, seuls dans la station, parce qu'après tout, on n'a besoin que de la Bonne Personne pour vivre une existence heureuse (je trouve ça personnellement très "cul-cul" mais là dessus, j'imagine que c'est à chacun de juger). On n'échappera pas non plus à la pitoyable séquence de réanimation, où l'on va juste patiemment attendre que le personnage revienne à lui.


Oui, ça ressemble à s'y méprendre à une structure archi-usée de comédie romantique, rajoutez un brin de science-fiction par dessus le tout et voila le film. Si j'ai dit que je n'ai pas passé un mauvais moment, ça ne veut pas non plus dire que j'ai été impliqué dans le récit. Cette structure classique tue le suspense et on se contente d'attendre patiemment la prochaine étape, connue à l'avance. Le récit n'est pas le seul à laisser indifférent, la mise en scène est elle aussi en mode "pilote automatique", elle est purement illustrative et je n'ai pas trouvé une seule idée originale.


Passengers est un film ultra-calibré, qui mine de rien fait bien le travail, difficile de critiquer son exécution, c'est extrêment bien produit. En revanche, je ne le conseillerais vraiment qu'aux spectateurs occasionnels qui sauront suivre le récit sans se prendre la tête car pour les autres, les baroudeurs du cinéma, les deux heures ne seront certes pas désagréables mais vous vous demanderez si vous n'auriez pas mieux fait de faire autre chose plutôt que de venir vous enfermez dans cette salle.. Vous voilà prévenu.

remimazenod
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le 26 déc. 2016

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Rémi Mazenod

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