Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. C’est le régime taliban, son père ancien professeur devenu lecteur et écrivain public lui raconte des histoires. Un jour, il est arrêté et la vie de Parvana bascule à jamais. Car sans être accompagnée d’un homme sous ce régime, on ne peut plus travailler, ramener de l’argent ni même acheter de la nourriture.
Parvana décide alors de se travestir en garçon, de se couper les cheveux pour venir en aide à sa famille. Risquant à tout moment d’être démasquée, elle reste déterminée à trouver un moyen de sauver son père.
Le film de Nora Twomey est l’adaptation d’un livre jeunesse de Deborah Ellis, écrit à partir d’entretiens extensifs avec des femmes et des filles rencontrées dans des camps de réfugiés au Pakistan.
Le pays est superbe à travers l’animation, à l’image du marché de Kaboul vivant. Une véritable ambiance se dégage. Les émotions sont variées entre dépaysement, angoisse et tendresse.


Une fable bouleversante, qui a toujours la bonne distance entre réalisme et merveilleux.
Parvana est un conte merveilleux sur l'émancipation des femmes et l'imagination face à l'oppression.
Chronique la vie sous le joug taliban avec une âpreté inattendue. La tension est permanente, une action aussi banale qu’aller chercher de l’eau au puits dans la rue peut se transformer en danger mortel. Les traces de la guerre sont partout, avec les maisons en ruine, les carcasses de chars, et une poussière omniprésente qui recouvre Kaboul comme un linceul.
Les rondeurs du dessin, aux traits volontairement naïfs, contrastent intelligemment avec la violence des situations vécues par Parvana.
La belle idée de Nora Twomey c’est d’ouvrir son récit, parfois éprouvant, vers la fantaisie. Pour s’évader de sa maison devenue prison, Parvana raconte à son petit frère la légende de Souleymane, un prince chevaleresque aux prises avec un roi éléphant très cruel, un combat fantasmagorique qui fait écho à la propre lutte des Afghans contre l’oppression.
La réalisatrice l’illustre à la manière le conte, avec une frénésie de couleurs qui triomphe de la noirceur du quotidien. Elle signe un plaidoyer pour la culture et pour la mémoire, sources de résistance à l’obscurantisme. Et un éloge vibrant de l’imaginaire qui nous console de la réalité, tout en nous inspirant pour la rendre meilleure.
C’est une fable poétique et politique qui suit le combat d'une fillette pour retrouver son père sous le joug taliban.

voiron
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films vus en salle en 2018

Créée

le 14 juil. 2018

Critique lue 2.2K fois

58 j'aime

13 commentaires

voiron

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

58
13

D'autres avis sur Parvana, une enfance en Afghanistan

Parvana, une enfance en Afghanistan
voiron
8

Parvana, une enfance en Afghanistan

Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. C’est le régime taliban, son père ancien professeur devenu lecteur et écrivain public lui raconte des histoires. Un jour, il est arrêté et...

le 14 juil. 2018

58 j'aime

13

Parvana, une enfance en Afghanistan
Anyore
8

"Is it a happy story or a sad story ?"

Vu lors du festival du film d’animation de Bruxelles, Parvana est le troisième long-métrage produit par le studio irlandais Cartoon Salon, qui nous a déjà offert les très beaux Le Chant de la Mer en...

le 12 févr. 2018

38 j'aime

10

Du même critique

Une affaire de famille
voiron
10

Une affaire de famille

Le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda a reçu la Palme d’or 2018 pour son film Une affaire de famille. Le père apprend à son fils à voler dans un supermarché pour nourrir les personnes de la...

le 15 déc. 2018

78 j'aime

10

Un singe en hiver
voiron
8

Critique de Un singe en hiver par voiron

Un singe en hiver, film d’Henri Verneuil de1962, adapté d’un roman d’Antoine Blondin du même nom. Jean Paul Belmondo nous laisse une filmographie impressionnante. Parmi tous ses films, le film Un...

le 21 sept. 2021

74 j'aime

26

Jusqu'à la garde
voiron
8

Critique de Jusqu'à la garde par voiron

Le couple Besson divorce et se bat pour la garde de leurs deux enfants. Ou plutôt pour celle du plus jeune, Julien, puisque sa soeur a bientôt dix huit ans.. Pour protéger son fils Julien d’un père...

le 18 févr. 2018

69 j'aime

13