Le choix des inégalités socio-économiques en Corée du Sud comme pilier du scénario pourrait séduire au premier abord par son originalité. Cette question est effectivement rarement reliée à la Corée du Sud qui n’est pas le premier pays à nous venir en tête quand nous abordons ce sujet. Néanmoins, ce thème reste vu et revu dans la sphère cinématographique et mes attentes se tournaient donc vers une mise en scène novatrice.
Quelle ne fut pas ma déception au vu des clichés grossiers utilisés pour représenter l’opposition des classes : odeur nauséabonde associée aux pauvres et personnalité lisse et superficielle censée représenter la famille Park. Une vision des classes bien trop caricaturale à mon goût.
Quelques aspects à la limite du sexisme d’un point de vue occidental en matière de stéréotypes avec une mère et une fille passives aux occupations stériles alors que le père joue le rôle du modèle de famille et que le fils est considéré comme un génie. Reste à savoir s’il s’agit d’une exagération de la société coréenne pour mieux la pointer du doigt ou tout simplement d’une représentation fidèle de ce qu’est la vie de famille en Corée de Sud.
Des réflexions s’apparentant plus à de la « philosophie à deux balles » qu’à de vraies problématiques, de nombreuses intrigues non abouties et vides de sens, des scènes gores ainsi qu’un humour grotesque qui ne renforcent en rien la richesse cinématographique du film.
Autre vecteur de ma déception : le film ne met pas à l’honneur les spécificités de la culture coréenne au-delà de quelques recettes culinaires puisque le thème des inégalités économiques aurait pu aussi bien s’adapter à d’autres pays tels que l’Inde ou les Etats-Unis.
Je n’en reconnais pas moins le jeu talentueux des acteurs ainsi qu’une fusion des genres habile, entre la comédie et et le film d’horreur en passant par le thriller psychologique.
On soulignera la même tension dramatique et touche cynique que l’on retrouve dans la série Black Mirror. Il existe aussi de nombreuses similitudes avec le film coréen Burning sorti en 2018 : protagonistes qui sombrent à petit feu dans la folie, caricature des classes dominantes et ambiance oppressante …
En bref, Parasite s’apparente plus à un film de divertissement qu’à un film stimulant sur le plan esthétique et intellectuel. Objectivement, je ne me risquerais pas à dire que c’est un mauvais film mais la dimension artistique est absente et une palme d’or est totalement injustifiée à mon sens.