Ne serait-ce qu'avec le jour le plus long ou Paris brûle-t-il, la seconde guerre mondiale a au cinéma donné lieu à différente reprises à des films sachant s'entourer d'une distribution impressionnante afin d'en faire un argument de vente convaincant ; si on peut inscrire Papy fait de la résistance dans cette lignée là il se démarque de manière assez notable des deux autres longs-métrages précédemment cités par au moins deux éléments, primo il choisit d'aborder son sujet par l'angle de la comédie, secundo si sa distribution est assez prestigieuse elle est exclusivement française. Plaçant son action en plein Paris occupé, le film s'intéresse à dépeindre les mésaventures et les comportements des Français au cours de la cohabitation avec l'armée allemande essentiellement dans le but d'en rire. Ainsi qu'ils soient français ou allemands ; résistants ou collaborateurs chacun - bien qu'à des degrés différents - des personnages du film en prend en fin de compte pour son grade ; avec plus ou moins de subtilité. Les Allemands sont présentés comme des incapables complètement dépassés par les événements ; les collaborateurs comme des lèches bottes opportunistes et si la résistance m'a semblé s'en tirer légèrement mieux le personnage de super-résistant parait quand même être un immense maladroit à qui la chance sourit beaucoup.

Si Papy fait de la résistance fut lors de sa sortie quasi exclusivement boudé par la critique il fut tout de même un immense succès public qui atteindra le stade de "comédie culte" au fil du temps. Si je comprends les raisons de l'appréciation ou non des deux bords ; je dois avouer à titre personnel avoir un avis plutôt mitigé sur le film. S'il sait se faire globalement divertissant tout du long, pour une comédie j'ai trouvé que l'humour mettait du temps à arriver et ne devait compter pour cela que sur une partie mineure de sa distribution (en particulier Jacques Villeret).

D'ailleurs, il ne fait nul doute que son casting mangeant assez habilement nouvelle/future figure de proue (Clavier, Jugnot…) et acteurs plus établis qu'il soit dans des “premiers rôles” (Galabru, Maillan, Villeret) ou dans des apparitions plus brèves (Carmet, Yanne…) ; constitue l'intérêt principal et “les piliers” sur lequel le film se repose assez pertinemment…d'ailleurs peut-être peut-on voir d'une certaine façon le film comme étant une sorte de passage flambeau ? D’autant plus quand on pense au fait que Louis de Funès devait initialement y tenir un rôle.

Par ailleurs, si le film a atteint un stade de film culte… certains éléments ont quand même assez mal vieillis. Ainsi la caricature de coiffeur efféminé incarné par Martin Lamotte (qui trouve néanmoins ici le rôle le plus notable de sa carrière au cinéma) ne passerait certainement plus aujourd'hui ; Jacques Villeret qui se met à chanter du Julio Iglesias (au cours de la scène qui est sans doute la préférée du film des uns et celle qui aura fini de faire sortir du film les autres) semblera sans doute arriver comme un énorme cheveu sur la soupe à ceux qui n'auront pas la référence ; et enfin il en viendra de même pour la fausse fin en forme de parodie de l'émission intitulée “les dossiers de l'écran” (bien qu'elle constitue à mon sens un vrai coup de génie ne serait-ce dans le sens où elle anticipe les critiques à venir que risquait très probablement de recevoir le film).

Notons quand même que le film parvient à arborer un ton parfois plus sérieux et subtil notamment concernant l'histoire d'amour entre un officier allemand et la fille d'un résistant ; mais aussi plus particulièrement lorsque le personnage de Christian Clavier se retrouve suite un semi-malentendu dans un camp de prisonnier qui ne passeront probablement la nuit sans être fusillé, petite sous-intrigue que j'ai plutôt apprécié, d'ailleurs le personnage de Christian Clavier (réel personnage principal du film) est globalement ce qu'il y a de plus pertinent dans le long métrage via notamment le fait qu'il ne soit que la cinquième roue du carrosse dans cette famille et qu'il cherche à de multiples reprises, en vain, à entrer dans la résistance.

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le 8 janv. 2023

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