Il y a souvent quelque chose qui m'étonne et que j'apprécie dans le cinéma coréen, un mélange de brutalité vraiment sanglante et de finesse, que ce soit dans la psychologie des personnages ou dans les aspects politiques d'une histoire. Ce film apparemment anodin en offre un nouvel exemple.
Comme son titre 'l’indique, Pandémie est un film... d'épidémie. Des clandestins arrivent à Bundang, grande ville (450 000 habitants selon le film) en banlieue de Séoul. A l'ouverture du container, ils sont quasiment tous morts ; le seul survivant s'enfuit et la maladie se répand dans la ville. On se retrouve alors dans un schéma classique : infection des malades, hôpitaux surchargés et quête d'un traitement efficace, qui passe par la recherche du fugitif, manifestement porteur d'anticorps efficaces. Rien de très original jusque là, mais c'est bien maîtrisé. Le suspense est solidement installé, de sorte qu'on ne voit pas passer les 2 heures de film. Du bon travail, à défaut d'être original.
Là où ça devient passionnant, c'est dans les implications politiques du film. En effet, les autorités du pays décident d'isoler la ville pour empêcher que l'épidémie ne touche Séoul et ses millions d'habitants. Les habitants de la ville sont répartis dans des camps, un pour les non-infectés, et un autre pour les malades. La vision de ce second camp constitue une des scènes les plus éprouvantes du film, une véritable horreur ! L'interprétation est sûrement toute personnelle, mais l'utilisation du stade municipal comme charnier m'a rappelé certaines dictatures...
Mais le passage clairement politique est l'attaque en règle contre l'ingérence envahissante des USA dans la politique intérieure coréenne. Toute la dernière partie du film prend une coloration anti-USA évidente, mais constitue aussi une critique des politiciens coréens qui se plient aux exigences étatsuniennes.
C'est dans ces moments-là que le film est le plus fort, à mon avis. C'est là que le suspense est poussé au maximum. Et même si tout cela est sûrement caricaturé, il n'en reste pas moins que ce film est à voir si on supporte ce genre de cinéma, évidemment.