Je vais te dire une chose. Le monde jamais il te fera le moindre cadeau et ça, faut qu’tu l’comprennes. Si tu la veux la médaille, tu dois la gagner, t’entends ? Tu dois la mériter.




Fils d'une époque



À une époque bénie des dieux où certes la VHS n'était pas donnée surtout pour ceux qui comme moi n’avaient que pour seuls francs l’argent de poche donné (lorsqu'ils pouvaient) par papa et maman, existaient heureusement bon nombre de moyens légaux pour assouvir ma soif de cinéphile. Entre les savoureux vidéo-clubs, ainsi que les innombrables enregistrements de film à la télévision, dont on pouvait trouver les jaquettes découpables sur les magazines de Télé Z, je pouvais m'adonner à ma passion. Une addiction cinématographique passionnante que mes VHS ont moins apprécié que moi. Des retours "arrière" continuels pour répéter mes séquences favorites avec une image qui ne faisait que se dégrader. C'est ainsi que le petit JéJé que j'étais du sommet de mes dix pommes a découvert une cassette VHS qui devait devenir ma première madeleine de Proust. Une VHS enregistrée avec pour boîtier la fameuse jaquette venant de Télé Z magazine, que j'avais découvert chez mon oncle dans un carton parmi tant d'autres : « Over the Top, le bras de fer ! » Un bijou des années 80 qui représente à mes yeux la nostalgie d'une époque aujourd'hui révolue.


Sylvester Stallone incarne "Lincoln Hawk", un routier qui essaye de renouer contact avec son fils "Michael" par David Mendenhall, qu'il a abandonné depuis des années. Pour se faire, son fils l'accompagne au cours de l'un de ses transports afin d'essayer de recréer des liens. Michael découvre que son père exerce en plus de sa profession une autre vocation : "le bras de fer''. Un as dans le domaine qui jouit d'une bonne réputation au point de participer au championnat du monde avec l'intention de remporter le titre. Une histoire riche et bienveillante que l'on doit aux efforts conjugués de Stirling Silliphant et Sylvester Stallone, d'après l'histoire de Gary Conway et David C. Engelbach. Un récit nuancé construit sur un cheminement dramatique humain autour de la relation entre un père et un fils. Un hymne à la vie ayant bon cœur où plusieurs valeurs s'entrecroisent, avec un Stallone authentique qui propose un discour étoffé faisant sens qui n'est pas sans rappeler celui de ce cher Rocky Balboa :
« Si tu perds alors tu perds, là on s’en fout. Si tu sais perdre avec un moral de gagneur, ça c’est pas une défaite et tu pourras garder la tête haute. Mais je te promets que si tu n’y retournes pas, tu le regretteras. Toute ta vie tu regretteras d’avoir abandonné. »


Un fond dramatique conséquent auquel le cinéaste Menahem Golan offre une forme tout autant conséquente en mettant le paquet sur la réalisation. La photographie de David Gurfinkel propose une belle imagerie de la route. Des beaux plans des vastes paysages américains dressés sur des décors de James Schoppe, qui transpirent d'authenticités. Une mise en scène atmosphérique sur une direction artistique signée William Skinner, garantissant un superbe road-movie encré dans un cheminement à la gloire de son époque. Le compositeur Giorgio Moroder propose une partition typique de son temps qui transmet avec verve la fièvre des années 80. Over the Top s'accompagne d'excellentes chansons. Des titres aussi fun que percutant comme "In this Country" de Robin Zander, ou "Meet me Halfway" de Kenny Loogins. Du pur concentré nostalgique !




  • Tu sais que je vais te battre. Tu sais ça et tu le regretteras.

  • Ce que je sais, c’est que t’as mauvaise haleine.



En plus de son élaboration dramatique et technique particulièrement soignée, Over the Top possède une autre originalité : il est le seul et unique film cinématographique (à ce jour) dédié au bras de fer. Un sport de puissance brute, où on a l'impression que chacun mise sa vie dans des duels sous tension qui transpirent de rages, de argnes et de muscles. Des affrontements auxquels Menahem Golan offre une réalisation accrocheuse et dynamique pour un résultat transcendant. Il dynamite les rencontres par une atmosphère suffocante tel un uppercut en pleine poire. Une mise en place nerveuse pour un développement percutant où les scènes de bras de fer suintent la testostérone. Des combats tellement enragés qu'on dirait qu'ils se livrent des duels à mort. Une tension anxiogène savamment mise en boîte. Le duel final entre Stallone et l'imposant Bull Hurley (Rick Zumwalt) est d'une puissance explosive incroyable. La tension augmente tout du long jusqu'à devenir irrespirable. Un duel au sommet d'une intensité dingue qui nous prend aux tripes.


Sylvester Stallone fait preuve de talent en prouvant à tous ses détracteurs qu'il est aussi un acteur au jeu dramatique conséquent. Il trouve là un de ses rôles les plus touchants. Une belle proposition qu'il porte avec sincérité.
Ce que j'aime avec ce comédien c'est qu'il incarne souvent des personnages appartenant à des milieux très modestes, ici un routier, auquel il va permettre d'offrir un véritable parcours héroïque. Sous les traits de Lincoln Hawk il nous sert des dialogues percutants hyper positifs qui donnent la patate. Le genre de discours que des gosses devraient entendre plus souvent. Tu t'écroules, tu te relèves. Perdre ce n'est pas grave, ça fait partie de la vie. Par contre abandonner c'est ce condamner à l'échec. La valeur de l'effort. Un superbe message qui amène une profondeur dramatique supplémentaire en parfaite adéquation avec le spectacle proposé. Son duo avec le jeune David Mendenhall fonctionne très bien. Mendenhall livre une belle prestation, et même s'il est quelquefois agaçant, on comprend ses réactions qui sont totalement justifiées. Le rapprochement entre le père et le fils fonctionne à merveille.


Christina Cutler-Hawk par Susan Blakely amène une douceur tout à fait appréciable au contenu très masculin que représente ce parcours initiatique. Gravement malade, elle est à l'initiative du rapprochement entre Michael et Lincoln qui ne se sont pas vu depuis dix ans et qu'elle espère rabibocher avant qu'elle ne décède. Une séparation provoquée par le grand-père de Michael, "Jason Cutler", par un Robert Loggia excellent. Il incarne avec crédibilité un homme riche appartenant à une élite rejetant l'homme du petit peuple que représente Lincoln. Il aime son petit-fils et fera tout pour le récupérer. Rick Zumwalt dans le rôle du molosse Bull Hurley est parfait. Une masse caricaturale bien flippante faisant office de grand vilain à abattre. Le multiple Champion du bras de fer qui considère que seul la première place compte. « Le second c’est un con ! »



CONCLUSION :



Over The Top, Bras de fer est une œuvre sincère basée sur l'amour et le respect d'un père et de son fils sur fond de bras de fer sous tension. Le réalisateur Menahem Golan réussit à faire de son film une œuvre aboutit qui certes n'aura pas trouvé le succès, mais restera l'un des rares, si ce n'est l'unique long-métrage cinématographique sur le sport du bras de fer. Un véritable concentré d'émotion pure et de stress, prônant un hymne à l'amour paternel que je conseille absolument ! Sylvester Stallone est fantastique !


Mon premier chef d'oeuvre !



C’est pour montrer que je retourne ma casquette d’avant en arrière. Et en faisant ça, je fais le vide. C’est bizarre, je deviens un autre homme, je deviens comme ce tracteur… une machine.


Créée

le 30 sept. 2019

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