L'humanité cherche à sortir de la fade neutralité de la condition dans laquelle elle se trouve.

L’orange mécanique ou « A clockwork orange » en anglais est une vielle expression anglaise entendu par Burgess dans un pub. Cette expression signifie quelqu’un d’inhabituel, d’étrange. Elle qualifie bien l’histoire du livre. Mais Burgess a voyagé en Malaisie et dans ce pays « Orang » signifie homme. Alors nous pourrions traduire le titre en un jeu de mot « L’homme mécanique » qui serait représenté par le comportement d’Alex à la suite de la thérapie Ludovico. Celle-ci l’a transformé en un homme qui ne réagit plus à la violence, aux injustices. Un homme sans défense, un homme qui n’a plus de libre-arbitre, une « machine », un homme mécanique dont l’existence se résumerait à travailler et à servir la société… l’homme idéal des temps modernes....
Kubrick ayant cette satire entre les mains, cet ouvrage dénonçant la conformité de l’individu dans le futur décide d’en faire une adaptation digne du roman. Bien évidemment en y rajoutant son style, il crée une œuvre de cinéma qui va bouleverser les mœurs et choquer le publique. La preuve en est, il dérange tellement, qu’à peine sort il est retiré des salles en Angleterre, et ce, à la demande même de Stanley Kubrick qui recevaient des menaces de mort. Il aura fallu attendre 27 ans, à sa mort, pour que le film soit de nouveau disponible.
Aujourd’hui cela nous parait burlesque, exagéré de censurer un film de ce genre, de voir un publique choqué, terrifié alors que nous allons bien voir au cinéma des films gore, qui montrent encore plus de violence, des morts… Il ne faut pas tomber dans le piège de juger le passé avec un regard, des mœurs contemporains comme bon nombre de personnes ont tendance à le faire aujourd’hui… Alors contextualisons, nous sommes en pleine guerre froide, les relations entre les pays sont tendues, plusieurs crises politique s’élevant même à des menaces de guerre nucléaire ont lieu. C’est dans un monde assez monotone et triste qu’une idée de nouveauté, de légèreté prônant la paix arrive. . Les années 70 sont marqués par cette idée de bien être et pour cela il faut casser certains codes pour changer les mœurs. Dans le cinéma plusieurs réalisateurs cassent ces codes en montrant du gore, des scènes pornographiques ayant cette idée de bouleverser les esprits comme Sam Peckinpah surnommé « Bloody Sam » un des pionniers de cette nouvelle vision avec des films comme « La Horde Sauvage » ou « Chien de paille ». Il va commencer à styliser ce qui en fait n’est que la propre nature de l’homme : la violence.


C’est dans cette idée que Kubrick va ajouter sa pierre à l’édifice en critiquant en plus la société. Kubrick va utiliser la violence pour critiquer cette société, le monde de demain. Mais est-ce une bonne approche de styliser la violence pour dénoncer la société ? N’est-ce pas la société le réel antagoniste du film ?


Nous verrons en quoi montrer et même styliser la violence est un bon moyen
de dénoncer le monde et en deuxième lieu pourquoi cette vision peut s’avérer inefficace et même contre-productive.


La première chose qui revient quand nous parlons de « Orange mécanique» est sa violence, ses images, la forme. Burgess avait déjà marqué les esprits mais Kubrick vient en rajouter avec une violence parfaitement maitrisée et crédible. En effet « Orange mécanique » à divisé le publique par sa forme, on dit que ce film en fait l’apologie de la violence car à cette époque montrer la violence était la cautionner. C’est donc pourquoi Alex et la première partie du film ont marqué les esprits. Montrer une scène d’agression et de viol avec l’anti-héros chantant « Singing in the rain » ou du Beethoven est un choix artistique donc est stylisé. La violence dans le film est réfléchie, tellement bien pensée qu’elle met mal à l’aise le spectateur. Kubrick savait très bien comment la représenter et où s’arrêter. C’est ce qui à le plus dérangé le spectateur, voir une violence aussi bien faite aussi naturelle. Nous pouvons aussi prendre en compte que la surenchère de violence est due au fait que l’histoire est racontée par Alex. Nous voyons à travers ses yeux d’où le fait que les scènes de violence sont aussi théâtrales, aussi « joyeuses ». C’est un passe-temps, un amusement pour Alex, ce qui ne l’est pas pour le spectateur d’où ce décalage. La scène du traitement Ludovico est aussi extrêmement choquante. Des scènes de viols, de bagarre même de nazis sur fond de Beethoven est en accord avec la vision d’Alex. Mais ce n’est pas le plus choquant dans cette partie du
film. Ce qui choque est ce qu’Alex endure, cette thérapie où nous le voyons souffrir. Nous voyons des médecins torturer un individu. Si nous allons plus loin, nous voyons littéralement la société (les médecins, le ministre l’intérieur) torturer, forcer l’Homme (Alex) à s’accoutumer à ce qu’elle veut. La société force l’Homme et ne lui laisse plus de choix lui dicte comment être. Et là sont les propos choquant du film non dans la forme mais dans le fond, comme le livre de Bergess. Voir une société tyrannique transformer les Hommes en vulgaire être vivant, hommes-mécanique qui ne sont là que pour travailler et se plier aux règles. Nous voyons les effets dans la troisième partie du film où Alex ne peut plus se défendre et est même devenu ce qu’il combattait au début du film.


Après avoir vu comment la violence est utilisée pour servir les propos du film nous allons voir comment dans la réalité cela la dessert.


Mais comme dit précédemment, le publique ressort dégouté, choqué. Seulement la première partie du film est restée dans leur mémoire. Cette violence inhabituelle au par avant est devenue habituelle aujourd’hui sur nos écrans. Cette violence est devenue banale accessible par tous. Utilisée avant pour dénoncer, elle peut être aujourd’hui qu’un simple divertissement. Aller regarder un film d’action, même des séries comme par exemple une des dernières sortie « Squid Game » qui utilise la violence de manière délétère. L’immoralité dénoncée dans le film de Kubrick se retrouve aujourd’hui et accessible par tous à n’importe quel âge. Un enfant de 10 ans à l’époque n’avait pas accès à « Orange mécanique » mais aujourd’hui il peut trouver facilement des scènes de gore de "saw" ou regarder des séries violentes. C’est un des
aspects négatifs de cette vision du cinéma et du mode de vie de l’époque, montrer styliser, des scènes violentes. C’est une chose que Kubrick à même vécu, il a dû retirer le film en Angleterre car la jeunesse la reproduisait. Alors imaginez aujourd’hui où tout est à disposition.


En conclusion styliser et montrer la violence pour la dénoncer peut-être une bonne approche. Cependant il faut savoir l’utiliser et la mettre en scène sans que cela devienne de la violence gratuite et banale comme le font les films et séries d’aujourd’hui. Quand nous regardons « Orange mécanique » nous sommes admiratifs du génie de Kubrick et par sa technique. Rien n’est esthétiquement aussi bien amené dans les œuvres d’aujourd’hui. Le cinéma perd-t-il parfois de son essence pour ne devenir qu’un simple passe-temps et défouloir pour les personnes voulant voir du sang et de la violence ?
Et dans « Orange mécanique » qu’est-ce qui est le plus violent entre les actions d’Alex ou la société dans laquelle il vit et qui aujourd’hui est devenue la nôtre ?

TomMct
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le 8 nov. 2021

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