Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié cette dernière incursion dans le Tarantino Multiverse !


Le film pousse plus loin la réflexion sur le rapport entre histoire et Histoire que Q.T. entretient au travers de ses films. Et si la catharsis & la nostalgie restent, il me semble, moteurs et résultats de l'oeuvre, Tarantino ajoute un nouveau thème qui m'a bien plu: l'idée du double.


Le double est ici à la fois miroir (on suit les aventures citadines d'une star un peu passée et de sa doublure), ombre (il y a bien 2 villes superposées dans le Hollywood décrit par Q.T., qui ne se touchent que rarement, l'une appartenant aux hippies et l'autre aux acteurs), reproductions (les multiples affiches portant la tête de DiCaprio qui parsèment le film) et variations (dont une scène de la grande évasion avec DiCaprio qui s'en donne à coeur joie dans le rôle de McQueen). Ce ne sont en effet que des infimes différences qui séparent cette réalité de la notre (Earth 616 si j'en crois le MCU).


Et il se trouve que justement, ce qui différencie cette réalité de la notre dans l'infinie étendue des possibles, c'est la petite histoire de Rick Dalton & Cliff Booth, avec Rick qui se trouve être le voisin des nouveaux venus Sharon Tate & Roman Polanski. Ca semble pas être grand chose... un peu comme une cigarette trempée dans du LSD qui trône dans un gigantesque étui à cigarette (c'est la cigarette de Cliff, vous y touchez pas). Dans 99,9% des cas, on aurait le même résultat, mais si on pioche au hasard et qu'on tombe sur la bonne cigarette, ça change tout (#LaVieCestCommeUneBoiteDeChocolats), et on part sur un bon trip.


Et c'est un bon trip. Tarantino ne se refuse rien. Parfois ça décolle. J'adore l'idée de brouiller les pistes entre les différents niveaux de fiction (des scènes de westerns filmées à la mode des années 50 ou filmées au contraire de manière contemporaine), de cimenter le statut de Brad Pitt en dieu de coolitude absolue (qui fait d'ailleurs le pont entre la ville des ombres et celles des stars, n'étant à sa place ni dans l'une ni dans l'autre), et de nous raconter 2000 trucs sans qu'on sache vraiment si c'est intéressant. Voir un poster pour Candy m'a donné par exemple un sérieux coup de pied dans la madeleine de Proust. Parfois, les idiosyncrasies de Q.T. me soulent vraiment : narration en voice over sans raison aucune en premier lieu & quelques séquences qui ne sont pas des plus subtiles. Ca m'a fait un peu fait penser à Drunk history dans le genre. Dans le bon, et dans le moins bon.


Le film oscille entre plaisir coupable et chef d'oeuvre (de complaisance ?). Si je ne suis pas sûr d'adhérer au message de fond (s'il y en a un), je ne peux que suivre Tarantino dans la création de cette oeuvre qui brouille les pistes tout en restant familière, où la fiction porte à la fois les germes de sa destruction (la famille de Manson biberonnée de pop culture) et peut tout guérir (passqu'on est dans un film de Tarantino).


Bon et pis y a Brad & Leo dans le même film et je trouve que ce casting est un coup de génie en lui même : ils sont tellement parfaits qu'ils font allègrement passer le film d'un 6,5-7 à un 8. Comme aurait dit Stuntman Mike dans "Death Proof" : "They're OK in my book"

Draiv
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le 22 août 2019

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