Il n'est sans nul doute aucunement exagéré de parler de ce "Once upon a time in Hollywood" comme étant le film le plus attendu de cette fin d'été : non seulement car il constitue apparemment l'avant-dernier film du désormais légendaire Quentin Tarantino, mais également car il propose une brochette alléchante de la crème du cinéma Hollywoodien actuel ( le duo étrangement inédit des ténors Di Caprio et Pitt, ainsi que l'étoile montante Robbie) au service d'une reconstitution ambitieuse de la fin de ce que beaucoup considèrent comme étant un âge d'or du cinéma américain. Un long-métrage qui était donc rempli de promesses, que je me suis dépêché de découvrir, comme beaucoup de "cinévores", dès sa sortie dans les salles européennes.


Di Caprio campe donc Rick Dalton, acteur has-been, qui se voit brutalement exposer sa situation d'interprète sur le déclin par son agent (Al Pacino, dans un très bon rôle malheureusement sous-utilisé) et commence à en souffrir horriblement, alternant les scènes de dépression existentielles et les crises de nerf. Si Dalton est sur la pente descendante, Di Caprio pour sa part, et comme à son habitude, excelle à insuffler de la vie dans ce personnage tour à tour pathétique, drôle ou encore attachant. Pitt n'est pas en reste et est également brillant dans son interprétation du cascadeur Cliff, un loser taciturne qui possède tout autant un côté menaçant que profondément sympathique. Ce duo est donc incontestablement une des plus grandes réussites de cette oeuvre, ce qui rend d'autant plus frustrant le plus gros défaut de cette dernière, à savoir l'absence d'une histoire prenante.


En effet, la majeure partie du film consiste simplement à suivre les personnages dans le cours de leur journée, sans aucune amorce de véritable enjeu ou d'objectif. Au bout d'un certain moment, le long-métrage donne une désagréable impression de stagnation. De nombreuses scènes se déroulent sans avoir aucun impact sur la suite du long-métrage (la scène du ranch,qui est pourtant une des meilleures du film, n'emporte qu'une conséquence minime sur la suite des événements); d'autres ont bel et bien pour objectif de présenter certaines facettes des protagonistes mais tirent trop en longueur (la première scène de la série Lancer, inutilement longue). Si Tarantino s'est clairement fait plaisir à restituer les oeuvres audiovisuelles de l'époque, il inflige malheureusement un peu trop de ces reconstitutions au spectateur.


Le film repose probablement sur l'idée du réalisateur de faire monter la tension et de diriger petit à petit sur les événements morbides d'août 69.


Cependant, la tournure dystopique qui est prise sur ce drame était quelque peu prévisible pour tout ceux s'étant rendu compte avec Inglorious Bastards que Quentin Tarantino ne laissait pas l'Histoire se mettre en travers d'une satisfaisante scène de mise à mort. Il n'empêche que personne n'aurait pu deviner exactement le déroulement de cette incroyable et sanguinolente scène finale. Reste que cette optique prise par QT a pour désavantage d'élever Sharon Tate comme une protagoniste étant trop sur le devant de la scène, et qui s'avère finalement complètement inutile au récit.


Celle-ci ne fait que remplir le rôle fade d'une bonne samaritaine souriante durant toute la durée du film (peut-être par peur compréhensible de salir la mémoire d'une actrice devenue martyre), et le personnage, de ce fait, ne met pas le jeu de Robbie à l'épreuve.


Heureusement, le talent de Tarantino empêche le spectateur de constamment regarder à sa montre durant ces 2h40 (!) d'histoire stagnante. Le réalisateur retrace très efficacement l'ambiance de cette époque que beaucoup (votre serviteur y compris) n'ont pas connue, que ce soit par de très beaux plans ou encore par des choix musicaux inspirés. La passion de ce cinéphile avéré transpire à l'écran et est quelque peu contagieuse. Le film possède également son lot de dialogues percutants et de personnages charismatiques, pouvant livrer une très forte impression en l'espace d'une seule scène. Il contient également un certain lot de moments franchement drôles, ainsi qu'une certaine scène remplie de tension (la fameuse scène du ranch).


En conclusion, il paraît assez évident que ce film va certainement diviser les opinions des spectateurs, mais ne laissera en tout cas personne indifférent. Pour ma part, j'aurai aimé une véritable trame pour soutenir ces deux formidables personnages que sont Rick et Cliff, et il me paraît également regrettable que Sharon Tate soit tellement effacée malgré son temps passé à l'écran. Heureusement que la présence d'une ambiance et d'un humour réussi permet de redresser l'intérêt porté au film !

MathiasLest
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le 16 août 2019

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Donald Duck

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