Clairement, une adaptation live action esthétique d'un manhwa au scénario surprenant... (enfin, surprenant grâce au ressort scénaristique bieeeen pratique
de l'hypnose).
"Clairement", car tous les codes narratif du manga (oui, du "manga coréen", du manhwa quoi) se retrouvent dans le scénario. La construction du scénario est TELLEMENT celle d'un seinen manga... C'est d'ailleurs l'un des deux points où, selon moi, ce film pèche. Un film qui pourrait être autre chose qu'un film (une pièce de théâtre, une bédé...) n'a pas grand intérêt en tant que film... Ce n'est pas tout à fait vrai ici : le réalisateur sait ce qu'il fait, et maîtrise la cinématographique. De très nombreuses scènes sont très bien filmées, très bien écrites, il y a beaucoup de créativité narrative et visuelle. Les très bonnes surprises dans le lot (la fameuse baston de couloir, mais pas seulement), qui font volontiers pardonner les quelques effets numériques datés. Quelques symboles sont très biens utilisés (la scène des vitres brisées en fin de film).
Toutefois... ça ne suffit pas à m'ôter ce sentiment que ce film EST une adaptation un peu trop fidèle d'une œuvre graphique prééxistante (d'un storyboard manhwa), et surtout : d'un scénario de seinen manga. Le dispositif cardiaque de l'antagoniste est une pantalonnade en scenarium, pour éviter que le héros ne le torture.
Ce qui nous amène au deuxième problème : les grosses ficelles scénaristiques. Et la plus grosse :
le recours à l'hypnose pour faire passer plusieurs pilules, dont celle 1°) de la mémoire bien flaccide de Mido, la jeune fille dont s'entiche le héros, et celle 2°) des sentiments existant entre eux. Sans le tour de magie très magique des superpouvoirs extraordinaires de l'hypnose (oh la la c'est chouette que deux personnages partagent cette si forte sensibilité à l'hypnose, olala), pas de scénario. Meh.
Bien sûr, si on admet cette grosse ficelle, force est d'avouer que les rebondissements et les twists sont inattendus. Forcément. Si on utilise la magie, c'est magique...
Vraiment : il faut une sacrée dose de magie pour, rétrospectivement, trouver de la crédibilité dans le parcours du personnage de Mido.
Autres éléments qui brisent la suspension de l'incrédulité : la réaction extrême du héros en fin de film (couic couic, une variation sur le personnage d'Oedipe, qui coupe ce par quoi il a "pêché") sont assez invraisemblables, sauf à admettre qu'il est fou. Car il y avait plus logique à faire pour garantir que l'antagoniste ne révèle pas le grand secret...
Bref. Plutôt un bon moment, mais pas le grand choc auquel je m'attendais. On m'avait survendu ce film comme "l'un des plus grands films jamais tournés", il faut dire. On en est tout de même assez loin.