Depuis le début des années 2000, on vit un véritable âge d’or du cinéma coréen, entre Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Na Hong-jin et j’en passe… La même année que Old Boy sort d’ailleurs Memories of Murder de Bong Joon-ho, qui fera également connaître le réalisateur à l’international. Mais Old Boy le surpassera en termes de popularité, et remporta par ailleurs le Grand Prix du Festival de Cannes. Ça aide.
Tout d’abord, privilégiez cette version au remake. Certes, je n’ai pas vu le film de Spike Lee, mais le simple principe d’en faire un remake afin de le populariser est un non-sens. Old Boy n’est pas un vieux film, n’a par conséquent pas pris une ride pour un spectateur d’aujourd’hui, et ce film peut justement être une porte ouverte sur le cinéma asiatique. C’est alors tout un monde de thrillers captivants qui s’ouvre à vous.
Old Boy est donc un thriller particulièrement accrocheur. Son intrigue énigmatique pousse le personnage ainsi que le spectateur à aller jusqu’au bout pour découvrir la vérité. Extrêmement riche en rebondissements, Old Boy ne se relâche jamais, et tout est filmé dans une esthétique très sombre, avec une originalité et un sens aiguisé de la mise en scène.
Entre les scènes d’action, avec notamment une scène de combat en plan-séquence qui n’est pas sans évoquer une certaine influence du jeu-vidéo qui accorde à la scène une identité singulière, on a des scènes dramatiques, toujours très intenses et aux multiples accompagnements musicaux, ou même des scènes de tortures, qui respectent toujours la loi du talion : une dent arrachée par année de prison, une main coupée pour avoir commis une agression, une langue tranchée pour avoir été trop pendue…
Mais ce qui rend cette histoire aussi captivante, c’est aussi la présence d’un antagoniste qui entretien avec sa victime une relation très ambigue, comme s'ils s'appréciaient et se haïssaient simultanément. Chacun d’entre eux cumule résistance et cruauté, qui dénotent avec leur transparence et leur fragilité. On s’immisce dans le passé des personnages, jusqu’à comprendre les douleurs les plus profondément enfouies. Bien que les personnages, dans ce film, puissent être qualifiés de « pire qu’une bête » ou encore « Monster », ils paraissent profondément humains. Il est même difficile de ne pas s’attacher à l’antagoniste.
La fin du film est d’autant plus douloureuse qu’elle est ambigüe, difficile de décrire avec certitude l’état d’esprit de Oh Dae-Su… Park Chan-Wook conclue ainsi avec une inquiétude délectable, évoquant les non-dits du début du film, avec une neige purificatrice qui dénote totalement avec les personnages et leurs actes. La question est d’ailleurs posée au milieu du film : le personnage principal est-il capable de redevenir Oh Dae-Su ? En somme, une fin troublante, parfaite pour un film ce de genre.
Second volet du triptyque de la vengeance, Old Boy n’est cependant pas le meilleur à mes yeux. Lady Vengeance complètera merveilleusement la trilogie, et est particulièrement magnifique dans sa Director’s Cut. Toutefois, pour les néophytes, je recommanderai d’abord Old Boy, définitivement culte et prenant.