Okja
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Okja

film de Bong Joon-Ho (2017)

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Okja n’est pas un film de SF, ce n’est pas une dystopie sympathique, c’est notre futur proche si rien ne change.


La polémique ridicule accompagnant le film au festival de Cannes aura au moins eu un aspect positif. Outre la publicité faite à Bong Joon Ho, qui n’avait pourtant plus grand à chose à prouver (Memories of Murder, The Host, Mother), le film aura d’emblée acquis ma sympathie. Et c’est donc grâce à cette polémique que, comme beaucoup d’autres, je me suis précipité sur Okja dès sa mise en disponibilité.



100% bio



La satire environnementale, ce n’est pas un sujet nouveau mais il reste d’une importance capitale. Bong Joon Ho ne va pas par quatre chemins pour faire passer son message, nous mettant au pied du mur face aux problèmes de surconsommation, d’empreinte écologique, d’OGM. Il utilise la manière forte, en exploitant la cruauté animale, qui est devenue courante aujourd’hui. La fin, déchirante, sonne d’ailleurs comme un cri d’alerte lancé à l’unisson, un cri de désespoir presque, tellement la situation est critique.



Deux cultures, une seule terre



Après la réussite de Snowpiercer, Okja c’est définitivement la preuve qu’une co-production entre Corée et USA peut être une réussite, faite dans le respect des deux cultures. Et la façon dont le casting fonctionne ensemble en est une des preuves. Ahn Seo-Hyun, du haut de ses 13 ans, est au centre de ceux-ci et impressionne par sa férocité et sa force de caractère. Elle alterne parfaitement entre scènes émouvantes et action ultra badass, sans jamais tomber dans le ridicule. Par exemple, si les touches d’absurdité fonctionnent, c'est parce qu’elles sont typiquement coréennes.


Jake Gyllenhaal est en totale roue libre, complètement déjanté, il se permet tous les excès, sans être vraiment convaincant. A côté de l’expérimentée Tilda Swinton et de la star montante Paul Dano, on retrouve du beau monde venu des séries : Giancarlo Esposito (Frings, Breaking Bad), Steven Yeun (Glenn, The Walking Dead), ou encore Devon Bostick (Jasper, The 100).


Et c’est ainsi que Joon Ho arrive parfaitement à faire coexister les deux mondes. C’est parce qu’on est tous dans le même bateau que ça marche. Parce que ces problèmes sont universaux et n’ont pas de frontières. C'est parce que ce n'est jamais trop gros, qu'on y croit du début à la fin.



Le Cinéma avec un grand C



Enfin, parlons de la bête en elle-même. C’était un pari risqué mais un personnage animé s'est rarement aussi bien intégré à la réalité. L’animation est tellement détaillée qu’on croirait presque à un animatronics. C’est même plus réussi que tout ce qu’a fait Disney dans ses live action, c’est la preuve que des CGI peuvent faire passer de l’émotion. Et si l’animation est une grosse réussite donc, la réalisation du maître coréen l’est tout autant. Que ce soit les scènes de nature ou de ville, les scènes d'action ou les plans fixes, c’est maitrisé et resplendissant.



Les cartes sont redistribuées



Non, la montée en puissance de Netflix ne signifie pas la fin du cinéma. Pour la simple et bonne raison que la qualité du produit proposé ne diminue pas, au contraire. C’est un ogre, un nouvel acteur, et il est venu pour jouer.


S’il n’est pas dépourvu de défauts, le film est à l’image de sa bête, drôle, émouvante avec quelques touches d’absurde, mais c'est surtout la figure de proue d’une fable écologique anti-spéciste d’une importance vitale.

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le 29 juin 2017

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Peaky

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