Œil pour œil
6.2
Œil pour œil

Film de Meir Zarchi (1978)

I Spit on your Grave est un rape & revenge, dans la lignée de La dernière maison sur la gauche de Wes Craven (1972) avec un air de Delivrance de John Boorman (1972), pour son côté rednecks amateur d'instruments de musique, le banjo laissant sa place à un harmonica. Un film avec un budget des plus limité, une absence de direction artistique et des acteurs.trices amateurs.trices, lui conférant presque un statut de navet, qui va finir par fonctionner par la grâce de son ange exterminateur.


Au commencement


Jennifer Hills (Camille Keaton) est une femme indépendante new-yorkaise venue passer l’été dans une charmante maison de campagne pour écrire son premier roman. Malheureusement, elle va faire la rencontre de quatre hommes, dont Matthew (Richard Pace) l'idiot du village, qui vont lui faire vivre un enfer. Durant près d'une demi-heure, ils vont la traquer, frapper puis violer jusqu'à mettre fin à ses jours. Du moins, c'est ce qu'ils pensaient. À son tour, Jennifer (Camille Keaton) va les traquer et se venger de ces quatre salopards.

L’Amérique profondément hostile


En s'installant dans cette maison de campagne, Jennifer découvre un révolver. Nous sommes aux États-Unis, cela n’a rien d'étonnant. Plus tard, cette arme va faire partie de la panoplie qui va lui permettre d’assouvir sa vengeance. Une vengeance qui débute par une visite à l’église, toute vêtue de noire où elle implore le seigneur de la pardonner. Nous sommes vraiment bien aux États-Unis. Ensuite, elle va arborer une tenue blanche comme un ange descendu du ciel. Un ange exterminateur qui va se montrer aussi impitoyable qu'eux, avec une pointe de sadisme des plus exquises.


Avant de savourer cette vengeance, on doit s’infliger la médiocrité des dialogues, du jeu des acteurs avec une mention spéciale pour Richard Pace, qui n’a rien à envier à nos chers disparus Paul Préboist ou Sim, pour ne citer qu’eux. Cela confère à cette œuvre, un côté Max Pécas qui prête à sourire, bien loin de l’ambition de ce film de genre. Son réalisateur Meir Zarchi se faisant un malin plaisir de marcher sur les traces de notre illustre metteur en scène français avec des cadrages aussi aléatoires que ses raccords, comme en atteste les cuisses de la pauvre Camille Keaton déjà pleine de cicatrices, alors qu’elle vient juste de débarquer dans ce merveilleux endroit bucolique. Un exemple parmi tant d’autres, comme son visage tuméfié aux cicatrices profondes qui vont miraculeusement disparaître en quelques jours. On peut développer des théories, peut-être se scarifie t’elle, à moins que son passage à l’église ait un effet bénéfique sur son âme meurtrie où juste admettre que nous sommes face à une œuvre qui sent bon le classique On se calme et on boit frais à Saint-Tropez.


Plus tard, on va aussi se délecter des excuses fallacieuses des hommes pour justifier l'injustifiable. Ils sont tellement sûrs d'eux-mêmes, persuadés qu'elle ne peut leur faire subir les mêmes exactions, qu’ils lui ouvrent leurs cuisses. Nous devons faire preuve de compassion à leur encontre, la chair est si faible surtout quand un couteau, une hache où un autre ustensile s’immisce en eux, comme leurs verges se sont introduites en elle. La vengeance est un plat épicé saupoudré de verre pilé.


Œil pour œil


Au fil des décennies, I Spit on your Grave est devenue une série de films reprenant la même trame, que ce soit au travers d’une suite ou d’un remake. Son titre original est Œil pour œil. Il définit mieux son procédé même si Je crache sur votre tombe, c’est pas si mal.


Jennifer Hills applique à merveille la loi du Talion. Elle est la digne héritière de Paul Kersey (Charles Bronson) dans la série de films Un justicier dans la ville (1974), ainsi que la sœur aînée de Thana (Zoë Lund) dans le médiocre L’ange de la vengeance d’Abel Ferrara (1981). On peut citer de nombreux films faisant l’apologie de la justice sauvage qui se soustrait à la justice des tribunaux. Le film ne s’en embarrasse pas. En dehors d’une tentative d’appel téléphonique, elle ne contacte jamais les services de la police, ni même les services médicaux où les services appropriés pour piquer ces quatre animaux de mauvaise compagnie. Au contraire, elle continue de profiter de son hamac et de la quiétude de son lieu de villégiature. Jennifer sait prendre le temps de profiter des petits plaisirs de la vie.


Enfin bref…


I Spit on your Grave flirte avec le navet avant de se révéler efficace. Camille Keaton sublime ce film de genre cru et violent, en prise avec son époque, qui offre son lot de sensations fortes.


easy2fly
6
Écrit par

Créée

le 1 févr. 2023

Critique lue 1 fois

Laurent Doe

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