“Qui ne s’est pas perdu, ne se connaît pas !” (Pier Paolo Pasolini)

Charles Aznavour avec "Emmenez-moi", nous chantait que la misère était moins pénible au soleil.

Le quartier de Sanità à Naples, pourtant loin de la mer et loin des rêves, est effectivement là pour nous démontrer la justesse des propos du chanteur. C’est de cette enclave populaire, animée, colorée et gangrenée par la Camorra, aux minuscules ruelles d’où s‘engouffre l’air iodé d’une cité portuaire que Felice (Pierfrancesco Favino) a été arraché il y a quarante ans. Quarante ans d’un exil forcé au Liban suivi d’une vie rangée et confortable en Egypte, ont fait de Felice un être mélancolique, qui, happé par le chant des sirènes de son ancien quartier, revient sur les lieux de son enfance. Felice n’est pas là en touriste, non, celui-ci rongé par un passé troublé, par une posture de culpabilité, vient chercher des réponses et par là même, une rédemption. Son périple en terre connue commence par les retrouvailles avec sa mère (la personne la plus chère pour un italien). En pleine introspection, Felice veut faire la paix avec sa conscience, tant pis si cette quête existentielle l’amène à rouvrir de vieilles blessures. Il plane alors sur la cité napolitaine, magnifiée - dans son endémique pauvreté - par une splendide photographie à la fois lumineuse et sombre - comme l’aura du personnage principal - une menace latente, un indicible danger. Un péril bien ancré dans les mœurs d’un pays en proie à la “Pieuvre”, lorsque Felice, témoin d’une brutale exécution, se trouve pétrifié devant la gorgone mafieuse. Mais cette gangrène mortifère croisera le chemin du Père Luigi Rega (Francesco Di Leva, formidable), en croisé de la foi, figure quasi-christique d’une Italie qui refuse la résignation face à la violence. “Nostalgia”, c’est l’itinéraire méditatif d’un exilé - joué à la perfection par un Pierfrancesco Favino habité - retrouvant ses racines, à la manière d’Ulysse et de son odyssée !

RAF43
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 31 mai 2023

Critique lue 111 fois

3 j'aime

RAF43

Écrit par

Critique lue 111 fois

3

D'autres avis sur Nostalgia

Nostalgia
Procol-Harum
6

Vedi Napoli e poi muori

Napolitain d’origine, Mario Martone a fait de sa ville natale le fil conducteur de toute son œuvre : après l’avoir filmée dès ses débuts en 1992, avec Mort d'un mathématicien napolitain, jusqu’au...

le 6 janv. 2023

14 j'aime

Nostalgia
Sergent_Pepper
6

Les ornières de la ville

En compétition au dernier Festival de Cannes, Nostalgia a mis en lumière Mario Martone, un réalisateur italien peu connu en dehors de son pays, mais qui aligne néanmoins les longs métrages depuis...

le 5 janv. 2023

13 j'aime

Nostalgia
Alexis_Ellay
4

Oreste qui es tu?

Dans nostalgia nous suivons Felice, de retour à Naples après 40 d'expatriation fructueuse, pour s'occuper des derniers jours de sa mère. On y apprend que Felice souhaite également retrouver son ami...

le 16 janv. 2023

5 j'aime

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

16 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4