Charles Aznavour avec "Emmenez-moi", nous chantait que la misère était moins pénible au soleil.
Le quartier de Sanità à Naples, pourtant loin de la mer et loin des rêves, est effectivement là pour nous démontrer la justesse des propos du chanteur. C’est de cette enclave populaire, animée, colorée et gangrenée par la Camorra, aux minuscules ruelles d’où s‘engouffre l’air iodé d’une cité portuaire que Felice (Pierfrancesco Favino) a été arraché il y a quarante ans. Quarante ans d’un exil forcé au Liban suivi d’une vie rangée et confortable en Egypte, ont fait de Felice un être mélancolique, qui, happé par le chant des sirènes de son ancien quartier, revient sur les lieux de son enfance. Felice n’est pas là en touriste, non, celui-ci rongé par un passé troublé, par une posture de culpabilité, vient chercher des réponses et par là même, une rédemption. Son périple en terre connue commence par les retrouvailles avec sa mère (la personne la plus chère pour un italien). En pleine introspection, Felice veut faire la paix avec sa conscience, tant pis si cette quête existentielle l’amène à rouvrir de vieilles blessures. Il plane alors sur la cité napolitaine, magnifiée - dans son endémique pauvreté - par une splendide photographie à la fois lumineuse et sombre - comme l’aura du personnage principal - une menace latente, un indicible danger. Un péril bien ancré dans les mœurs d’un pays en proie à la “Pieuvre”, lorsque Felice, témoin d’une brutale exécution, se trouve pétrifié devant la gorgone mafieuse. Mais cette gangrène mortifère croisera le chemin du Père Luigi Rega (Francesco Di Leva, formidable), en croisé de la foi, figure quasi-christique d’une Italie qui refuse la résignation face à la violence. “Nostalgia”, c’est l’itinéraire méditatif d’un exilé - joué à la perfection par un Pierfrancesco Favino habité - retrouvant ses racines, à la manière d’Ulysse et de son odyssée !