Les souvenirs peuvent être dangereux

Après une longue absence, Felice Lasco (Pierfrancesco Favino) revient dans sa ville natale de Naples, dans le quartier Sanità, où vit encore sa mère. Il a quitté Le Caire, où il a fait fortune et vit avec son épouse médecin, Arlette (Sofia Essaïdi) pour voir sa mère qu’il n’a pas revue depuis 40 ans. Lorsqu’il arrive, il s’attend à la trouver dans leur appartement de famille mais elle vit désormais dans un tout petit appartement, à la limite du taudis, au rez-de-chaussée de l’immeuble. Il s’occupe de la reloger dans un appartement plus agréable jusqu’à son décès. On pense alors que Felice (Feli’) va retourner au Caire mais, pris pas ses souvenirs, il veut retrouver son ami d’enfance, Oreste, avec lequel il partage un lourd secret.


Mais Oreste est devenu le chef mafieux du quartier et, malgré toutes les mises en garde qui lui sont faites, en particulier par Don Luigi, (Francesco Di Leva), le prêtre engagé qui lutte pour permettre aux jeunes du quartier de s’affranchir de l’emprise de la mafia, il s’entête jusqu’à ce qu’il rencontre Oreste, devenu « il Malommo » (Tomaso Ragno), un homme que tout le monde craint.


L’entrevue a lieu et on pense qu’Oreste et Feli’ ont fait la paix mais c’est mal connaître Oreste, tellement englué dans le mal, qu’il ne peut pardonner…


Mon opinion


Ce film présente Naples comme aucun touriste ne la verra jamais, avec ses ruelles populaires, ses immeubles délabrés, ses ordures entassées dans les recoins incessamment déchirée par les pétarades des vélomoteurs et des voitures, une sorte de labyrinthe impensable où la police ne met pas les pieds, préférant surveiller les courageuses harangues du génial prêtre de la paroisse contre la mafia. Malgré cette laideur de la ville, on se prend à l’aimer, ou du moins à aimer sa population, sa cordialité, sa joie de vivre, sa volonté de s’en sortir, malgré la peur qui rode en permanence sur ceux qui voudraient relever la tête. Formidable peinture d’un monde dont on sait qu’il existe mais que l’on ignore. De très belles scènes, comme le moment émouvant où Feli’ prend dans ses bras sa mère quasi mourante pour lui donner son bain, magnifiques images de cette jeunesse oubliant tout pour danser, en toute fraternité, sur la musique arabe apportée par Féli’ d’Egypte, scènes d’amitié et de complicité entre Feli’ (Emanuele Palumbo) et Oreste (Artem) à 15 ans quand ils vont se baigner nus dans la mer. On espère que leur amitié aura survécu à ces 40 ans de séparation, jusqu’à la fin brutale à laquelle, malgré tout, on s’attendait. Curieusement, el malgré cette fin tragique, le film nous laisse une impression positive car il est marqué par les forces de vie dont on espère qu’elles triompheront un jour de celles de la mort. On en arrive même à plaindre le coupable, dont on comprend qu’ayant construit sa vie sur le mensonge et la souffrance, il est victime de ce qu’il a bâti.

Créée

le 6 févr. 2023

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Roland Comte

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