Se revendiquant de Pasolini, Nostalgia peine à trouver sur quel pied danser, ouvrant par instant une fenêtre vers une observation bien sentie des conditions de vie matérielles des quartiers ouvriers de Naples, mais se prenant sans cesse les pieds dans une intrigue dont Mario Martone ne semble pas vraiment savoir quoi faire. Additionnant les scènes narratives purement fonctionnelles et très courtes, le cinéaste dissimule son absence d'assurance formelle derrière de petites trouvailles visuelles qui ne vont nulle part sinon vers une désagréable tendance à vouloir tromper le client. Quand aux quelques scènes que Martone tente d'approfondir, d'installer dans la durée, elles se révèlent plates et insignifiantes tant sa mise en scène est incapable de donner consistance à tous les corps qui entourent son protagoniste, du traitement catastrophique des jeunes, au chef de gang dont on doit croire sur parole qu'il est particulièrement redoutable puisque le film ne fait que dire sans montrer, en passant par la désolante inexistence des femmes. De conventionnelles scènes musicales ne suffisent pas à donner l'illusion qu'il y ait quoi que ce soit d'émouvant dans cette déambulation nostalgique d'un personnage ne parvenant à voir dans ce qui l'entoure que son nombril. Comme il ne suffit pas de montrer un prêtre prononcer un discours socialisant à une foule dévitalisée pour se situer dans le sillage de Pier Paolo.