Parfois je me surprends encore à penser à toi par les tristes brumeux matins d'Automne italiens.
Je m'imagine que tu es là au delà des nuages et que tu me regardes, que je suis dans tes bras et que tu me consoles.
Toi qui m'a vu naitre, toi femme fertile aux mille reflets de lumière qui illuminèrent mes jours, souvent je souris encore à ton souvenir, ici je ne suis plus que l'ombre de moi-même, et même dans mes rêves je pense à toi. Je ne suis plus qu'un chien solitaire et couinant, ton souvenir seul me hante à jamais. Te reverrai-je un jour ? L'Italie m'est si proche et me parait si lointaine, et toi si lointaine tu me parais si proche.
Tu me manques, je t'aime.
Ta vie me manque, je la comble comme je peux d'une femme qui te ressemble, folle, forte, enjouée, ténébreuse, droite, élégante.Mais elle n'est pas toi, elle n'est pas aussi pure. J'ai été chassé de tes bras m'enfuyant de la maladie qui ronge notre monde et chaque jour je m'en veux, je te veux, encore une fois ressentir ta douceur, que la plume qui glisse sur le courant de ma vie puisse un jour en être retirée, et que la tâche de mon long fleuve tranquille ne soit plus qu'un mauvais souvenir.
L'Italie ce n'est pas toi. Là où je suis je plains ce pauvre bougre qui par amour a enfermé les siens si longtemps dans le vain espoir de les protéger, on le raille et on le moque, lui que l'ignorance a fait fauter, la fin du monde derrière les murs. J'aurais voulu être ignorant au moins assez pour rester à tes cotés, gouter encore à toi et te témoigner encore un peu de cet amour que je t'ai tant donner et gouter un peu encore au tiens, et comme lui je veux la force de revivre même ici loin de toi pour qui j'ai eu le cœur brisé.
Tu es ma belle, celle que je suis et qui m'a fait et que j'ai tant voulu protéger jusqu'au bout. J'ai oublié une veste depuis trois ans chez papa, m'y feras-tu penser ? Mon amour pour toi me consumes, et me sentir loin de toi m'allège un peu mais je ne peux me libérer ce poids qui me pèse, de ma culpabilité si loin de toi.
Je sais que bientôt je te retrouverai, que bientôt nous serons ensemble et que malgré toute la lumière que l'Italie voudra m'offrir pour traverser le reste de ma vie jamais elle ne suffira, et un jour je m'éteindrai avec elle, alors seulement j'irai te retrouver.
A bientôt, maman.