Don't look up

Jordan Peele est un cinéaste avec une vision de la science-fiction horrifique aussi passionnante que glaçante. Son mélange d'exagération, de réalisme et de terreur grisante et malsaine est absolument superbe par le véritable cauchemar dans lequel il emporte le spectateur et bien que Us commençait à montrer quelques failles notamment par ses incohérences et son climax, l'ensemble avait tout-de-même suffisamment de caractère pour donner envie de se déplacer au prochain rendez-vous.

Avec son sujet d'une menace alien détruisant tout sur son passage et son orientation Spielbergienne, il y avait avec Nope une belle promesse de chaos énigmatique et au pire des cas une récréation étrange mais très divertissante.

Alors mieux vaut le dire tout-de-suite, Nope est bel et bien le pire film du cinéaste, de très loin, par la médiocrité et l'ennui que ce dernier procure.

Pourquoi ?

Parce que cette promesse de chaos n'est pas tenue et se transforme même en doigt d'honneur à l'écran. Et pour cause, le film s'est mis en tête de répondre à une grande question qui anime depuis des années cinéphiles, théoriciens, youtubeurs : Est-ce que l'industrie du cinéma, c'était pas mieux avant ? Le film répond à cette question sans enthousiasme, sans aucune ambiguïté en proposant un semblant d'intrigue sur l'exploitation et le mépris des petites mains dans le milieu et en proposant de suivre des gens dont la motivation principale est de faire d'un phénomène paranormal un centre attractif ou un sujet photographique en or.

Et qu'est-ce que qu'il se passe ?

Ces gens manifestement sont idiots à en juger par l'incohérence totale qui les anime. Les protagonistes sont incapables d'être solidaires, de s'entraider, et surtout chacun constitue à sa manière un énorme doigt d'honneur adressé au cerveau humain. En effet il est difficile de comprendre comment ces derniers se sont mis en tête de lutter contre cette "menace", étant donné la quantité de conneries aberrantes qui régit leur cerveau et qu'ils se la jouent chasseurs de tornades très bas de gamme.

C'est une véritable démonstration d'inintérêt, Peele revendique Nope comme un film énigmatique, retournant le cerveau - à l'instar de ses deux précédents longs-métrages. Pourtant il est malheureux de constater que le film ne démarre jamais ; il faut alors subir 2h10 de situations redondantes et de dialogues tout bonnement insupportables avec des personnages qui ne sont que des caricatures d'eux-mêmes. Et le film, avec une espèce d'opportunisme et de médiocrité rythmique absolument affolante, va se charger d'essayer de nous divertir mais hélas même sur ce point il est incompétent, il est incapable de surprendre, de créer la moindre curiosité, la moindre peur, s'en est limite si le film n'a aucune idée de ce qu'il raconte mais cela expliquerait pourquoi il n'y a aucun sens dans l'écriture et pourquoi la personnalité des protagonistes n'est jamais ressentie. Ce n'est pas vraiment aidé non plus par les dialogues qui sont au mieux fonctionnels, au pire à s'arracher les oreilles, ni par la gestion statique à mourir de la géographie.

Cependant quelques plans et idées formelles sont inventives et laissent exprimer un véritable et surprenant talent horrifique mais pour le reste, manifestement, tant au niveau de l'écriture que de la mise en scène, c'est une préparation minimale et peu investie mais justifiant néanmoins pourquoi tous les acteurs jouent à ce point-là mal.

En plus de ne tenir aucune de ses promesses, de n'apporter aucune véritable réflexion ni de dresser un portrait sanglant et malsain de notre société, Nope affiche une forme très désagréable d'irrespect envers le spectateur par sa dévitalisation totale et sa mollesse dégageant une certaine forme de mépris, à l'image de Daniel Kaluuya qui semble vraiment se demander ce qu'il fait sur le projet.