Nope
6.8
Nope

Film de Jordan Peele (2022)

Il faut savoir comprendre ce qu'on regarde. Un long-métrage assez fascinant mais moins prenant.

Jordan Peele, un réalisateur qu’on connaît bien depuis Get Out et Us, deux de ses excellents long-métrages qu’il a réalisé. Cette année, il revient avec un nouveau long-métrage horrifique se mêlant à se la science-fiction. Il s’agissait d’un des rares long-métrages attendus malgré que la communication autour de lui n’était pas énorme (enfin, pas autant que d’autres long-métrages qui étaient plus attendus) mais il était évident que le visionnage d’un nouveau long-métrage de Jordan Peele se fasse au cinéma. Et que donne ce nouveau long-métrage ? En vérité, il est très bon mais il a beaucoup moins d’impact et de prestance que ses deux précédents long-métrages. Malgré ça, il a tout de même des grandes qualités qui le rendent très réussi.



Positif




  • OJ (Daniel Kaluuya) est un éleveur de chevaux qui reprend l’affaire de son père les difficultés qu’il a en restant enfermé sur lui-même. C’est un bon dresseur de chevaux et un personnage assez intéressant à suivre à travers cette créature qui se trouve sur ses terres. Cependant, on sent que son coté réservé est ce qui l’empêche d’aller de l’avant. En tout cas, c’est un personnage principal qui se tient dans cette histoire.
    Emerald (Keke Palmer) est la sœur d’OJ et celle-ci est revenue pour l’aider un peu dans ses affaires malgré qu’elle se mette un petit peu trop en vedette. On dirait deux générations différentes qui se parlent quand on voit leurs interactions. En dehors de ça, c’est une femme qui veut prouver l’existence de cette chose en prenant une photo, juste pour l’argent mais quand même. L’avantage est que, plus elle évolue et plus elle prend conscience que la gloire n’est pas le plus important, même si elle est un petit peu moins intéressante que son frère.
    Ricky Jupe Park (Steven Yeun) est un directeur d’un parc d’attraction lié au Western. C’est un homme d’affaires qui ne fait que vendre son spectacle avec sa femme, rien de plus. Il n’est pas le cliché du directeur d’entreprise détestable en vérité, il a des défauts (notamment le fait qu’il voit trop grand avec cette créature) mais c’est un personnage qui se tient.
    Antiers Holst (Michael Wincott) est un chef opérateur qui a décidé de rejoindre OJ et Emerald afin de filmer cette créature, parce qu’il la trouve fascinante et qu’il veut réussir l’impossible. On pourrait le prendre comme la représentation d’un réalisateur passionné qui s’investit mais qui perd le contrôle de son œuvre sans le vouloir (un peu comme le scénario de James Cameron que Tim Miller s’était approprié et a modifié à sa guise pour Terminator Dark Fate). En tout cas, le personnage d’Antiers est plutôt pas mal malgré qu’il ne soit pas très important dans l’histoire.


  • Se pourrait-il que ce long-métrage soit une représentation de l’industrie Hollywoodienne avec cet alien qui vient manger ceux qui le regardent (représentation des spectateurs aveuglés par le spectacle au détriment du reste) ? C’est une possibilité tout à fait plausible, et donc OJ serait la représentation de Jordan Peele qui se bat pour faire des œuvres plus réfléchies qu’un simple spectacle. Honnêtement, même si ça fait un petit peu prétentieux, c’est une représentation qui se tient bien dans ce long-métrage.


  • Alors qu’OJ et son père s’occupent des chevaux, celui-ci se fait frapper par une pièce tombant du ciel et meurt sur le coup. Aujourd’hui, OJ a besoin d’argent et fait ce qu’il peut pour en avoir avec l’aide de sa sœur. Cependant, lorsque les chevaux commencent à se comporter bizarrement, comme si quelque chose les observait du ciel, OJ et sa sœur vont chercher à comprendre de quoi il en retourne. Une histoire qui peut paraître simple mais qui fonctionne et donne de l’intérêt à être suivie.


  • En terme de symbolisme, c’est surtout par rapport à ce que représente cette chose du ciel. Elle est vue comme une exploitation par Ricky (dont il en perd le contrôle malgré sa fascination) par exemple. Il y en a même pour le spectateur qui le voit comme quelque chose de fascinant mais dont il ne fait attention qu’à l’extérieur et le spectacle qu’il offre.


  • La relation compliquée qui se développe entre le frère et la sœur qui ne semblent pas faire partie du même monde n’est pas mal. On a un homme réservé et sa sœur qui se met trop en avant, ça développe assez bien nos personnages et leurs rapports par rapport à cette chose qui se trouve sur leur terrain.


  • Un des points les plus réussis de ce long-métrage est son intrigue. On se demande ce qui se passe, pourquoi cette créature attaque les chevaux, qu’est ce qu’elle cherche réellement ici, comment la combattre… Bref, on peut dire que l’intrigue a réellement été bien gérée dans ce long-métrage.


  • La fin est assez intrigante. Certes, ça se termine assez bien mais on se demande ce qui va se passer pour certains personnages maintenant que cette histoire est terminée et qu’ils ont réussi à obtenir ce qu’ils voulaient. En tout cas, terminer le long-métrage par cette fin est une bonne chose.


  • En terme d’évolution, c’est surtout OJ et sa sœur qui évoluent. L’un apprend à être un peu plus ouvert plutôt que de ne penser qu’à son travail ne restant renfermé et l’autre devient un petit peu plus mature avec ce qui se passe. Les évolutions sont légères mais elles passent.


  • Le long-métrage démarre par des voix-off puis un plateau de télévision dévasté par un singe qui a du sang sur les mains. C’est une introduction assez intrigante qui nous donne envie d’en savoir plus sur ce qui s’est passé et ce qui va se passer dans le présent.


  • Ce long-métrage est réellement surprenant. En effet, chaque moment semble assez inattendu par rapport à ce qu’on pourrait s’attendre. C’est un détail mais c’est une bonne chose de réussir à être surpris par la majorité des évènements de ce long-métrage.


  • Les musiques sont excellentes. Sincèrement, toutes les musiques de ce long-métrage sont marquantes et arrivent très bien à raconter ce qui se passe à l’image. En vrai, les musiques sont réellement envoûtantes dans ce long-métrage.


  • Le jeu d’acteur est bon dans l’ensemble. Si on excepte l’acteur principal dont on reparlera un peu plus tard, la majorité du casting s’en sort assez bien sans être exceptionnel. Disons qu’ils sont convaincants, ce qui est déjà un bon point.


  • Comme d’habitude, Jordan Peele nous offre une mise en scène très soignée. Quelle que soit la scène qui nous est montrée, on sent que la mise en scène a été un des points les mieux travaillés de ce long-métrage.


  • Question tension, il faut reconnaître qu’elle fonctionne assez bien. On arrive à être surpris par ce qui se passe et à avoir peur pour nos personnages principaux, surtout quand cette chose veut s’en prendre à eux.


  • Les décors sont superbes. Sincèrement, quel que soit le lieu qui nous est montré, nous sommes face à des décors très travaillés, notamment les paysages qui sont de toute beauté.


  • Il n’y a rien à redire sur les costumes à part qu’ils définissent bien nos personnages. En effet, chaque costume arrive à nous définir le personnage qui le porte sans aucun souci.




Négatif




  • Ça fait bizarre de voir Steven Yeun dans un rôle d’entrepreneur quand on se souvient de qui il était dans The Walking Dead. Il joue assez bien mais il y a un petit quelque chose qui nous fait dire qu’il ne colle pas totalement au personnage qu’il est censé jouer. De plus, dans ce long-métrage, il n’est pas doublé par Benoit Dupac mais par Stéphane Rousseau, ce qui n’est pas un problème mais qui pourra paraître bizarre. Le personnage fonctionne en lui-même, c’est juste que le choix de l’acteur n’était peut-être pas le bon, et ce malgré qu’il joue bien son rôle.


  • Le fameux passage avec TMZ qui raconte quelque chose mais qui est un peu en trop dans ce long-métrage. Même si il est évident que c’est une manière de représenter les spectateurs qui, avec le cinéma d’aujourd’hui, vont voir du simple spectacle sans rien y comprendre (contrairement au chef opérateur qui fait ça par passion), cette scène fait un peu de trop en sortant de nulle part. Ça reste quand même une bonne scène mais c’est à se demander si ce motard ne s’est pas trompé de film.


  • La majorité des acteurs s’en sortent bien, là où Daniel Kaluuya semble avoir un petit peu plus de mal que les autres. Le problème ici, c’est qu’il est surtout blasé la majorité du temps et que ça nous donne l’impression qu’il n’arrive pas à bien jouer ou à s’investir totalement. Bon, plus le long-métrage avance et plus il se rattrape mais le voir aussi blasé au début nous fait nous poser des questions.


  • Pourquoi les cartons noirs sont nommés par les noms des animaux (et Gordy) étaient réellement nécessaires ? Certes, c’est pour nous montrer le découpage des actes mais il y avait-il réellement besoin de les nommer par le nom des animaux ? C’est un choix un petit peu étrange.


  • Là où le coté horrifique est réussi dans Get Out et Us, il fonctionne un peu moins ici. En effet, l’horreur a beau être réussi dans certaines scènes, elle est beaucoup moins prenante que dans ses anciens long-métrages.


  • L’émotion n’est pas réussi. Malgré que le long-métrage essaye de nous faire ressentir des émotions à certains moments, il est difficile de ressentir quoi que ce soit dans certains passages.



!!! PARTIE SPOIL !!!


Cette chose (qu’ils appelleront Jinjacket) est venue sur terre afin de manger et ne mange que ceux qui le regardent, animaux comme humains au bout d’un moment. Ça explique le coup des objets qui tombent, dont la pièce de monnaie qui a tué le père d’OJ et ça en dit long sur ce qu’elle représente réellement. Sauf au bout d’un moment où il attaque aussi la maison d’OJ alors qu’Emerald est toujours dedans mais comme elle l’avait regardé… Enfin, rien qu’en parlant de ces scènes de cette manière, on peut réellement imaginer que Jordan Peele a voulu montrer les effets des blockbusters hollywoodiens en masse et la majorité du public qui préfère aller voir ça sans comprendre ce qu’il regarde.


D’ailleurs, avec son spectacle, Ricky voulait montrer la créature au monde, à la fois pour se faire un peu plus d’argent mais aussi pour la fascination qu’il a pour les créatures et phénomènes étranges (comme ce singe qui a tué toute l’équipe sauf lui quand il était enfant). Le pire, c’est qu’il présente tellement bien cette créature en donnant envie, qu’on a l’impression qu’il est sincère dans cette intention.


La manière dont le Jinjacket est vaincu, en mangeant un énorme ballon rempli d’hélium qu’Emerald a lâché dans le ciel et qu’elle essaye de prendre en photo avec le puits spécial est pas mal du tout. Non seulement c’est inattendu mais ça montre aussi un peu de forshadowing.


Au final, Nope est un long-métrage assez spécial mais, malgré qu’il ne soit pas le meilleur que Jordan Peele a su réaliser, il est tout de même très intéressant à découvrir. On a une mise en scène toujours aussi soignée, une représentation intéressante des blockbusters hollywoodiens et de leurs spectateurs (sans jeter la pierre à tous, certains sont intéressants), des décors de bonne qualité, des personnages principaux assez intéressants et de l’inattendu qui fonctionne bien avec une tension efficace. Après, il est vrai que le choix de casting est un petit peu discutable, que le coté horrifique n’est pas très réussi (comparé à Us) et que certains passages peuvent sembler inutiles (dans l’histoire et non pas dans ce que veut représenter Jordan Peele) mais ça reste une découverte très intéressante. Pour ma part, c’était un des rares long-métrages que j’attendais, alors qu’on avait très peu de nouvelles, mais je reconnais avoir passé un moment très intéressant en le visionnant.

FloYuki
7
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le 18 août 2022

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