Nomadland: L'effondrement impérial du rêve américain

6eme film de l'année et rattrapage de l'Oscar du meilleur film de 2020 qui a révélé Chloé Zhao auprès du grand public et on peut dire que c'est mérité!


Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain.


Ce film est l'archétype du film à Oscars et tant dans le fond que dans la forme, il l'incarne à la perfection. Du cinéma-documentaire, avec des images léchées sur fond d'entremêlement d'histoires de p'tits gens, les invisibles et dénigrés de la société soit les vrais gens imprégnés de la misère sociale loin du star system qui n'est qu'illusions et paillettes.


Je comprends parfaitement comment certaines personnes ne peuvent tout simplement pas adhérer à ce genre de cinéma mais cependant à contrario de certains cinéastes qui adoptent juste cela par posture, la réalisatrice à travers l'œil de sa caméra démontre un véritable attachement aux personnes qu'elle filme et un intérêt à leurs histoires.


Loin d'un cinéma vindicatif, moralisateur avec l'air supérieur du cinéaste ayant compris mieux que tout le monde, le cinéma de Zhao se met au niveau de ses personnages et de son public pour insuffler une aura bienveillante sans jugement de valeur et avec un profond respect. En cela, c'est agréable.


J'ai été épaté par sa direction d'acteur (ces derniers étant pour la plupart non professionnels) tant les personnages semblaient vraies, palpables et non de vulgaires PNJ récitant leurs textes. Les histoires de chacun sont touchantes et l'histoire globale permet de mieux comprendre cette autre facette cachée et méconnue de l'Amérique.


Frances est encore une fois impeccable dans son personnage-un peu dans la veine du personnage vérité qu'elle avait dans 3 Billboards et on ne peut qu'admirer sa justesse de jeu. A se demander si c'est vraiment un rôle de composition pour elle^^


Au niveau visuel, la photographie est top avec de multiples plans larges filmés dans des décors naturels à diverses moments du jour et de la nuit. L'aspect caméra à l'épaule, plan non sur éclairé, pas d'artifice de mise en scène ou autres techniques pour rendre l'image plus naturelle renforce ce sentiment de cinéma vérité et même de documentaire. La partie sonore étant elle aussi pensée en ce sens s'accorde parfaitement avec l'image et le récit.


C'est au final une belle découverte pour ce rattrapage issue de la sélection des incontournables UGC qui malgré le fait d'être exactement l'archétype du film à Oscar, est finalement une véritable déclaration d'amour à tout une population méconnue du grand public sans jugement de valeur. C'est bien fait, agréable à l'œil et les comédiens jouent avec justesse. On pourrait peut-être regretté la relative longueur du récit qui a du mal à se conclure, celui-ci enchainant les arcs narratifs même si en soit cela ne m'a pas dérangé.


J'ai passé un bon moment et il est évident après avoir vu ce métrage et les Eternels qu'il y a une véritable ligne directrice dans le cinéma de Zhao.


A découvrir sans apriori.

lugdunum91
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le 20 janv. 2022

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