D'une beauté fracassante, le premier film de Tom Ford, A single Man, paraissait boursouflé et égotiste (quoique les avis fussent partagés). Nocturnal Animals explore de nouveaux territoires et s'impose d'abord par sa construction, que l'on peut juger alambiquée, mais qui fonctionne efficacement à travers trois récits, deux situés à 20 ans de distance et l'un purement littéraire, prenant la plus grande place, ou comment la fiction vient nouer des fils subtils dans une relation amoureuse détruite. Les liens sont permanents entre les différentes intrigues pour n'en faire qu'une seule, certes parfois alambiquée mais qui trouve son acmé dans un dénouement sobre et lancinant. Avant cela, Nocturnal Animals aura joué sur une alternance de sophistication, avec une Amy Adams toujours aussi remarquable, et de cruauté glauque avec un Jake Gyllenhaal intense et un Michael Shannon ébouriffant. Dans le sordide chic, Tom Ford se régale, proche d'un William Friedkin dans ses meilleurs jours. Le réalisateur est parfois rattrapé par des défauts de maniérisme, il ne vient pas du monde de la mode par hasard, et la stylisation de ses images est parfois nauséeuse (voir l'écoeurant générique de début). Ford n'est plus non plus adepte de l'humour noir, c'est un peu dommage, mais ce n'est pas sa marque de fabrique. On a beau lui trouver des lacunes, Nocturnal Animals subjugue tout de même par sa mise en scène tour à tour soyeuse et sauvage et sa densité psychologique qui l'emmène parfois aux confins du fantastique. Un film malsain par bien des côtés mais transcendé par une maîtrise sans faille d'ingrédients pas si faciles que cela à combiner.

Cinephile-doux
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le 4 janv. 2017

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Cinéphile doux

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