Un pure Bayhem délirant pour le meilleur film de Michael Bay !

A l’occasion de la sorti de 13 Hours ce mois-si, un petit retour sur un des films d’un cinéaste qui fait autant de bruit qu’il est détesté par la majorité du public cinéphile : Michael Bay avec Pain and Gain pour le titre original, ou No Pain no Gain pour la traduction inutile.


Je vais pas m’amuser à faire un long discours d’ouverture pour parler du bonhomme, Michael Boum Bay a déjà fort à faire avec les gros haineux hardcore sur le net et la critique en général. Entre ceux qui lui vomissent à la gueule pour sa réalisation apocalyptique en terme de montage et de découpage, ceux qui le pointent du doigt comme un misogyne ignoble ou même comme un fouteur de merde pour ce qui est de ses productions (vu la qualité de Ninja Turtle, cela dit… c’est pas totalement faux), la liste est très longue.


Cela dit, et je le pense, c’est loin d’être le gros tâcheron sans talent que beaucoup décrivent : Neil Blomkamp, Brett Ratner, Luc Besson, Jonathan Liebesman, Alan Taylor, les producteurs de Twilight, on peut trouver bien pire dans le genre réalisateur qui nous prennent pour des gros demeurés et pensent qu’on peut facilement se payer la tête de tout le monde. Pour preuve, si on exclut ses Transformers qui constituent la principale source de haine du public avec les fans de film d’action, malgré une filmographie inégal, il y a quand même trois vrais bons films pour lesquels je serais prêt à le défendre : Rock, The Island et justement Pain and Gain qui constitue un film à part parmi ses films.
Déjà en raison de son budget (environ 26 millions de dollars) ainsi que de son succès modeste au box-office par rapport au reste de sa filmographie, et aussi parce que, contrairement à certains de ses films comme Armageddon, tout ce qui fait son cinéma fonctionne très bien ici et sert comme il faut son sujet, on n’échappe pas à des défauts habituels mais malgré cela la formule fonctionne.


Là ou Pearl Harbor était une première tentative ratée de transposer une histoire vraie sur grand écran tant c’était soporifique et infidèle aux faits réels en plus d’être niais à faire rougir Star Wars : L’attaque des Clones, le sujet ici fonctionne avec ce qui fait la mise en scène habituelle de Bay et son cinéma : la photographie aux couleurs chaudes et saturées sans pour autant en perdre leur beauté, ses ralentis esthétiques, certains effets de style comme à son habitude, les plans en extrême contre-plongée lorsqu’on voit des gens sortir d’un véhicule, la fascination pour les USA à travers son visuel et un humour noir et gras, assurément vulgaire par moment, pleinement assumé mais qui sont en très bon adéquation avec l’histoire raconté, aussi invraisemblable que réel même si, comme chacun le sait, tout histoire vrai est souvent romancé au cinéma, même ne serait-ce qu’un minimum.
Par ailleurs, Michael Bay assume pleinement la débilité de l’histoire pour le coup, mais on va y revenir.


La musique, confié à Steve Jablonsky, un compositeur pour qui je n’ai pas une énorme hype (encore moins quand on sait qu’il repompe à mort Hans Zimmer pour la saga Transformers), nous livre un travail pour le moins passable mais pas incroyable pour autant, en dehors de The Island je n’ai jamais été très emballé par ses partitions. Au moins, ça a le mérite de coller comme il faut avec la quête de réussite social de nos trois braves demeurés de bodybuilders.


Occasion bienvenue pour parler du casting principal qui se lâche complètement dans cette quête d’une vie meilleure qui virera aussi bien au drame qu’à la rigolade pour notre plaisir (ou déplaisir pour les haineux) : Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Anthony Mackie dans les rôles de Daniel Lugo, Paul Doyle et Adrian Doorbal.
Chacun va à fond dans le délire de ces faits réels complètement invraisemblable, Mark Wahlberg y croit entièrement, Anthony Mackie aussi fait du très bon boulot et Dwayne Johnson, le futur dieu Maui dans Moana chez les WDAS, se montre également très convaincant, déjà parce que son personnage, parmi les trois, est je trouve celui qui m’a le plus fait rire lors de mon second visionnage : chrétien mais ancien taulard qui est loin du gros balèze violent malgré les apparences, il semble même trop tendre ce qui le rend que plus drôle avec ce qu’il traverse et comment il agit, et aussi le plus influençable des trois sur la quête du rêve américain.
Donc voilà, pour résumer, on suit trois idiots en quête de réussite social mais qui agissent avec la mentalité de gamin n’ayant pas conscience de faire une connerie qui pourrait vite dégénérer si ils ratent leur coup, ce qui fait tout l’intérêt du trio quand on sait qu’il y a vraiment eu ce genre de gros demeuré, le film s’inspirant d’articles de journaux.
On retrouve aussi Ed Harris, qui avait déjà collaboré avec Michael Bay dans Rock en tant qu’antagoniste et qui, si il est assez secondaire, ne joue pas un personnage inintéressant pour autant, quant à l’acteur, comme souvent il fait très bien son boulot. Tony Shalhoub, alias la première victime de notre trio jouait comme il faut également, un stéréotype clair et net d’un bourgeois américain plein aux as mais assumé. Pour le reste, rien d’incroyable à dire, mais ça fait le boulot.


Quant au scénario, disons qu’on a aussi du bon et ce qui fait de ce film le plus maîtrisé et le plus “fonctionnel“ de Michael Bay mais aussi du mauvais qu’on n’échappe pas à certains tares du cinéma de Bay. A commencer par le côté sexiste assez crasse qui en ressort souvent avec, ici, le personnage de Sorina Luminita qui, aussi assumée en tant que bimbo allumeuse que ça soit, n’empêche pas de représenter ce que beaucoup pointe du doigt dans le cinéma du réalisateur des Bad Boys avec la représentation de la femme très (trop ???) souvent vulgaire… et pour le coup, même pour du cinéma et un film d’auteur ça ne passe pas et sur ce point, je comprends les critiques.
Le second problème qui ressort de ce Pain and Gain, comme souvent, c’est la longueur qui se ressent surtout dans le deuxième tiers du film, pour ma part ça ne m’a pas autant affecté qu’avec les Transformers ou Bad Boys 2, mais malgré cela certains passages, comme la détention de Kershaw, auraient gagné à être un peu raccourci. Même si c’est loin d’être aussi flagrant que dans un film à rythme mal géré et trop speed à la façon d’un des longs-métrages d’animation Dreamworks mal branlée et pondu sans aucune bonne volonté derrière, Gang de Requin et Turbo parlent pour ces studios.


Au-delà de ça, même si la débilité de l’histoire est toujours aussi présente : Michael Bay l’assume totalement, et il fait ce que tout bon auteur devrait faire, adapter une histoire avec ses codes, sa réalisation et ce qui fait son cinéma, à condition que ça soit en accorde avec le sujet traité. Et heureusement, c’est largement le cas ici.
Bay va à fond dans son humour noir et très gras, mais ça marche souvent en raison du contexte et des situations débiles ou se retrouve Paul et ses deux potes. Et ça ne fait pas toujours que dans le gras ou l’humour noir, le film se permet d’ailleurs de nous rappeler que No Pain no Gain est une histoire vraie quand le niveau d’irréalisme atteint un certain niveau, rendant l’histoire encore plus drôle et incroyable qu’il ne l’est déjà (encore une fois, il y a vraiment eux des journaux qui parlaient de ces événements durant 1994 et 1995). Et aussi con que ça puisse paraître, on en vient même à bien les aimer ces trois crétins tant leur innocence dans leurs conneries les rend irrémédiablement sympathiques.


En gros, ce que je retiens de Pain and Gain, c’est que lorsqu’un réalisateur se retrouve avec un sujet qui a largement de quoi s’accorder avec ses thématiques, sa réalisation tant en terme de visuel que d’effets de style et ses comédiens, il y a toujours de quoi en sortir un bon truc. Après, ça marche pas toujours : on a vu Tim Burton se planter avec son Alice au pays des merveilles et le Prometheus de Ridley Scott est considéré comme un gros pétard mouillé alors qu’on attribue quand même deux (enfin, trois j'ai envie de dire avec Seul sur Mars) films de SF d’exception. Mais le Pain and Gain de Bay prouve que le mec peut faire des œuvres réussis quand il s’attaque à quelque chose en accord avec son cinéma. Est-ce qu’il en sera de même avec 13 Hours cette-année ? Aucune idée, je ne m’avancerais pas à l’avance, mais vu que Bay est aussi un fétichiste des militaires américains, on ne sait jamais, on le découvrira bientôt en salle.

Maxime_T__Freslon
7

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le 24 mars 2016

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