A l'origine, je ne voulais voir ce film, finalement, que pour cette brève séquence de la bande-annonce où un Mark Whalberg très tendre étreignait cette grosse brutasse de Dwayne en l'assurant que tout irait bien. Déjà, le film partait avec un capital sympathie surprenant, coaché par ces deux acteurs qui, s'ils sont loin d'être les meilleurs, font au moins l'effort de croire à ce qu'ils jouent et incarnent. D'autant que j'aime bien The Rock, ce colosse qui voudrait être acteur et s'affuble du syndrome Jean-Claude Van Damme, qui veut que même s'il n'en a pas les capacités, il paraît s'impliquer à fond dans les rôles proposés. Et ça, c'est cool. Bref "No Pain no Gain" retrace le parcours d'un trio de malfrats plutôt idiots, fan de gros muscles et abrutis par la testostérone et les stéroïdes, qui tentent de toucher le jackpot en se livrant à des délits aussi surréalistes qu'inspirés de faits réels. Oh Lord.

Déjà, premier constat : merde, à la barre, c'est Micheal Bay, monsieur "CGI à plusieurs milliards". Ca file le vertige et ça colle quelques attentes : une direction d'acteurs aux fraises, des ralentis et FX partout, de l'action qui en met plein la gueule - sans pour autant assurer le spectacle derrière (ah, ces énormes testicules dans Transformers, le comble de la classe). Mais bon, allez, confiance, le métrage débute, plaçant le contexte d'un flashback raconté par son protagoniste premier, monsieur Whalberg en Danny Lugo, coach sportif dans une salle de muscu blindé d'ambition. Le culte du corps est sa religion, c'est sûr, mais elle a la souplesse de pouvoir s'adapter à tout : du coup, avec un peu de gonflette, on mérite le mieux et le mieux, c'est l'argent, les grosses maisons et voitures et les filles. Du coup, Lugo rumine sec, cherchant le succès qu'il lui est dû jusqu'à ce que jaillisse dans son esprit l'idée de braquer un client. Aidé de deux compères (dont le savoureux Dwayne Johnson sur lequel on reviendra), il kidnappe - au prix de mille et un ratés très drôles - ledit personnage.
Déjà, le ton est donné : on est dans l'humour assez noir, souvent dans le décalage mais jamais dans la justification. Oui, on montre pourquoi les personnages veulent de l'argent, on sent qu'ils en ont marre de se limiter à leur rang social et veulent infiniment plus, mais on ne leur donne pas raison pour autant. Bizarrement, Bay parvient à bien se concentrer sur les actions entreprises par ses personnages et par Lugo en particulier. Du coup, on est plutôt happé par la spirale un peu délirante que le trio suit - partageant un peu leurs émotions à chaud sans pour autant oublier que ce sont quand même de sacrées crevures. Au passage, étrangement, on dirait que Bay ne sait pas trop comment gérer sa narration et du coup, se retrouve à tester deux trois trucs au passage, sans jamais y revenir, comme s'il avait un peu honte (mais rendez-vous compte, il n'y a pas d'explosion !). Du coup, parfois on a une voix-off genre témoignage, parfois on a un arrêt de l'image avec des informations qui apparaissent sur la situation (le "STILL A TRUE STORY" est à mourir de rire, d'ailleurs).
Mais dans tout ça, finalement, Bay n'exploite pas vraiment les portes qu'il s'ouvre et on a du mal à reconnaître le réalisateur tant il fait la coquette avec sa caméra. Et pourtant, quand il arrête de faire des ralentis inutiles ou des gros travelings de badass, c'est pas dégueu. Mais il faut avouer que le film est quand même porté par ses protagonistes, Whalberg et Johnson en tête. Ces deux-là font le film et rien que pour eux, ça vaut franchement la peine d'y aller. L'ancien The Rock est juste excellent : son rôle de criminel converti en plein doute, avec ses petites manies et ses grosses prises de drogue envoie du lourd et le bougre s'en tire merveilleusement bien. A côté de lui, Mark a l'air à l'aise en loubard loser. On trouve Ed Harris qui annonce sa classe naturelle et même l'acteur de Monk dont j'ai oublié le nom est plutôt réjouissant en victime hautement méprisable. Tout ce beau monde s'est mis au diapason pour livrer une bonne prestation et ça fait quand même pas mal.

Conclusion : c'est du Micheal Bay sans l'être, ce qui rassure quand même sur la qualité intrinsèque du film. Ca n'est pas un gros blockbuster dégueulasse, juste un récit amusant, avec des ambitions limitées mais bien servies, qui permet de passer un agréable moment en mettant bien à jour la descente complètement décalée dans l'absurde et la violence. Un bien chouette métrage, qui m'aurait presque réconcilié avec Bay le temps d'une péloche. Comme quoi, tout arrive !
0eil
6
Écrit par

Créée

le 28 août 2013

Modifiée

le 29 août 2013

Critique lue 220 fois

4 j'aime

0eil

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