On ne pourra que trouver curieux cet agrégat de cinq courts métrages dont l’hétérogénéité constitue autant une force – les meilleurs trouvant ainsi l’occasion de se démarquer par leur forme, leurs partis pris esthétiques ou narratifs – qu’une faiblesse, tant le réussi côtoie le grotesque, l’excès la retenue, le talent la maladresse.


La meilleure proposition est, sans nul doute, celle de Joe Dante, qui offre avec Mirari une œuvre virulente sur les mirages de la chirurgie esthétique, portée par la prestation de très bons acteurs, à commencer par Richard Chamberlain en boucher de beauté, ainsi que par une partition musicale empruntant fort justement le thème composé par Alan Silvestri pour Death Becomes Her (1992). S’y trouve une modestie qui seule permet au crescendo dramatique, sinon horrifique, de poindre jusqu’à plonger le spectateur dans un malaise partagé avec le personnage principal. Une autre curiosité, mineure mais plutôt sympathique, n’est autre que le court métrage inaugural, traque qui se plaît à recourir aux codes du slasher pour mieux ensuite renverser la focalisation et conférer une nouvelle lecture des actions entreprises par le bourreau. Le dernier petit film, empreint du thème et de l’atmosphère de The Sixth Sense (M. Night Shyamalan, 1999), réussit lui aussi à nous intriguer. L’esthétique crasseuse et post-apocalyptique de This Way to Egress, si elle jure avec le reste, livre une poignée de plans déstabilisants.


Il est alors dommage que le fil conducteur de Nightmare Cinema demeure aussi épais et que le film ne prenne davantage le temps de le filer, de développer le personnage interprété par Mickey Rourke, d’explorer ce cinéma à l’abandon qui projette, sous la forme de fictions, les derniers instants des spectateurs venus s’embrasser, se réfugier, disparaître. Découverte à l’heure des confinements, cette production diffuse en outre ce sentiment d’un âge révolu ou sur le point de disparaître, le cinéma apparaissant tel un conservatoire, une mémoire, en témoignent les lettres tantôt allumées tantôt éteintes de la devanture promettant la mort d’autrui pour mieux cacher la sienne.

Créée

le 11 janv. 2021

Critique lue 261 fois

2 j'aime

Critique lue 261 fois

2

D'autres avis sur Nightmare Cinema

Nightmare Cinema
Gandalf13
6

Red is dead

Si la qualité des cinq sketches est inégale et le postulat de départ bien mince (de gens qui rentrent dans un cinéma et se voient dans un film d'horreur à l'écran), je reconnais qu'il y a de l'idée...

le 19 avr. 2020

5 j'aime

5

Nightmare Cinema
Gaulois
6

Critique de Nightmare Cinema par Gaulois

Je ne suis pas contre les notes. Je trouve ça assez parlant, même si ça ne doit jamais dispenser de lire la critique. Mais bordel, noter un film à sketch, là c'est autre chose ! Du coup, je pense que...

le 24 oct. 2019

5 j'aime

Nightmare Cinema
QuentinDubois
3

Masters of horror, l'héritage raté

Lorsque le film a été annoncé en 2017, il était alors impossible de ne pas penser à la série "Masters of horror", créée par Mick Garris en 2007. Reprenant le format anthologique mais cette fois-ci...

le 25 août 2019

5 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14