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Guillermo Del Toro décidé à lâcher les monstres ?

  • Cette relecture moderne et stylisée du film « Nightmare alley » est un remake du film d’Edmund Goulding du même nom (traduit en français sous le titre « Le charlatan » adapté du roman de William Lindsey Gresham) de 1946, à l’exception près qu’il a réécrit le scénario avec Kim Morgan. Bien que Nightmare Alley représente un lieu imprécis mais il est intéressant de voir qu’il n’est pas mentionné une seule fois dans le livre ou le film de Guillermo Del Toro. Cependant, la couverture originale de l’œuvre littéraire représente une ruelle. Nous pouvons donc penser que le « Nightmare Alley » est un hommage métaphorique à l’auteur.
  • La différence entre le long-métrage de Goulding et Del Toro est la suivante : la noirceur de 1946 est remplacée par cette notion de « film cauchemardesque » tant par l’océan macabre déversé par Guillermo Del Toro. Cette fois-ci, les monstres ne sont plus définis par des formes étranges animalières ou végétales mais par des humains cachant leur aspect monstrueux afin de parvenir à leurs fins. Elles sont absorbées par les flammes de l’enfer. Ces hommes et ces femmes sont bien plus effrayants que les rejetons du diable (La chair et le sang), des créatures atypiques (Le labyrinthe de Pan) ou des hommes robots (Pacific rim uprising).
  • Bradley Cooper, Stanton, homme au passé obscur, va se retrouver dans une foire où un couple d’arnaqueurs va lui apprendre les ficelles du métier de mentaliste à leur manière. Il y trouvera l’amour avec Rooney Mara sublime en tant que femme éperdument amoureuse et dévouée à Stanton. Ils formeront par la suite un couple de médiums charlatans dupant la bonne société New-Yorkaise des années 40. La musique de Nathan Johnson souligne la sublime photo noire et ocre de Dan Laustsen.
  • Le choix des cadres est sidérant. La grammaire cinématographique est présente dans chacun des plans successifs dans ce long-métrage. L’ambivalence des décors (environnement sale puis lisse par la suite) est à l’image du personnage pouvant nous faire penser immédiatement au jeu vidéo « Bioshock ». D’ailleurs, l’adaptation est prévue prochainement sur la plateforme de streaming Netflix réalisée par Guillermo Del Toro.
  • Mais il ne faut pas oublier Cate Blanchett fabuleuse en femme fatale blessée. Nous remarquons aucune fausse note d’interprétation de l’ensemble du casting et un plaisir commun à incarner les personnages. Bradley Cooper étoffe son jeu d’acteur avec ce rôle d’homme au passé trouble et se comportant comme un sale type.
  • Guillermo Del Toro nous prouve une fois de plus sa puissance créative de cinéaste et de réalisateur. Le film est un régal cinématographique pour les yeux tout le long du métrage. Guillermo Del Toro montre à quel point ils sont prêts à aller afin de parvenir à leurs fins : Nightmare Alley représente la grandeur et la décadence d’un charlatan. Si nous partons du postulat que la vie est un spectacle, il faut d’emblée savoir quelle place nous occupons au sein de la société : Faisons-nous parti des prestidigitateurs ou des spectateurs ? En conclusion du film, Stanton ne l’a jamais trouvée finalement. A voir de toute urgence !
Lili-Jae
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le 29 mai 2023

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