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Les plans sont globalement bluffant, les couleurs, les costumes, les acteurs… toute la mise en scène est juste finement travaillé, donnant une atmosphère lourde et pesante de sable fin au spectateur.

L’écriture des personnages est finement pensée : on a un homme dans des dualités telles que l’empathie mais l’envie, qui ne se contente pas de son travail miséreux et qui vise plus haut. Au début, il a un vice et on le sait dès le premier plan du film, mais ses valeurs et sa sympathie recouvre totalement cette partie sombre de lui. En effet, il ne boit pas, travaillé honnêtement, même s’il a une liaison avec la femme de Pete… deuxième vice. Puis, il lui vole sa mise en scène, troisième vice. Et ses vices s’accumulent, il tombe dedans à pieds joints : il ne tient pas ses promesses envers Molly, il fait du mal à autrui encore et toujours pour l’argent, ce n’est jamais assez. Il se confond de plus en plus dans le mensonge, le paraître, l’argent, la tromperie, jusqu’à que sa seule valeur s’éteigne : ne pas boire d’alcool. Sa déchéance est difficile, même après la phrase prémonitoire qui l’accompagne le long du film : « Ne fais pas le spectacle du revenant ».

On a Molly, simple femme pleine de vertu qui se contentait de ce qu’elle avait, et qui a été entraînée par des promesses et des rêves. Elle demeure la même et entière envers ses valeurs, contrastant nettement le personnage principal dans sa déchéance la plus totale.

On a également une femme psychanalyste, cochant toutes les cases à cocher pour être une femme fatale, cette icône de la femme qui a été longtemps aux écrans dans l’histoire du cinéma par son envoûtement sensuel et redoutable. Néanmoins, on lui donne de la profondeur et un vécu, voilà ce qui est innovant : elle est pleine de vice mais pas forcément tourné vers l’argent, elle est pleine de vice car c’est ce qu’elle est. Tout de même capable de ressentir l’amour, tout de même capable d’avoir les yeux ouverts sur les dangers des pratiques qu’ils font. Une âme torturée aux idées noires la nuit, jouant probablement avec son pistolet cranté argenté, couvrant tout cela par une attitude sensuelle et un sourire rouge de malice.

Mais voilà, tout est prévisible. Pete l’avait prévenu, il lui avait dit qu’il allait penser que tout cela est vrai, qu’il allait faire du mal à d’honnêtes gens, que la déchéance est fatale. La femme lui avait dit de ne pas faire le spectacle du revenant. Tout était déjà dit, et j’avais déjà anticipé la fin dans les 30 premières minutes du film lorsqu’il lui explique comment on fait un « cretin ».

Néanmoins, un très bon film avec quelques phrases qui poussent à la réflexion.

Simsou
7
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le 11 janv. 2023

Critique lue 4 fois

Simsou

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