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Avec Nightmare Alley, Guillermo Del Toro délaisse son imaginaire fantastique peuplé de monstres et met de côté ses métaphores naïves et (très) appuyées pour un récit plus ancré dans le réel qui s’imagine justement sonder les pans les plus sombres de l’âme humaine.
Le réalisateur ne s’éloigne pour autant pas tant que ça de son univers visuel si singulier en plaçant son histoire dans le monde du cirque et des freak show, lui offrant un cadre parfait pour déployer une mise en scène sophistiquée et très référencée. Et c’est pour le coup impeccablement exécuté.
La direction artistique est splendide, de la photographie et ses couleurs saturée aux décors baroques des années 40. Un film noir flamboyant qui fait la part belle à ses personnages, plutôt bien construits et admirablement campés.
Mais la réflexion sur la monstruosité de l’âme humaine, le cœur et l’objet du film, bien qu’enveloppée dans un scénario accrocheur et portée par des effets de manche, s’avère plutôt creuse. Surtout, elle rate sa cible. Bradley Cooper est parfait dans le rôle de Carlisle, il embrasse la complexité de son personnage, transmet sa malice, sa roublardise, sa cupidité aussi, et on devine ses traumas passés. Or certes, ses actions sont répréhensibles, mais elles n’en font pas le diable pour autant. On peut en dire autant de son alter ego féminin incarné par Cate Blanchett, vénéneuse à souhait. Non, la noirceur absolue, le mal pur, se cache ailleurs. Or del Toro n’ose pas aller vers ce côté obscur, ce qui affadit considérablement la portée de son film.
Un peu comme son personnage principal, il montre de beaux atours factices pour tromper son monde et cacher une réalité très ordinaire. Du coup, c’est très long. Pourquoi 2h30, mais pourquoi ?

Créée

le 31 janv. 2022

Critique lue 62 fois

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