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Un film esthétiquement soigné mais en retrait pour son réalisateur

Avec une actualité cinéma relativement calme, le nouveau film de Guillermo Del Toro devrait être un petit événement. Il faut dire que le bonhomme nous a offert des films plus que notables depuis le début des années 2000 avec entre autres Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim ou encore La Forme de l'eau. Des films reconnus par le public et la critique, même si dans le fond ils n'ont pas rencontré un succès considérable. Le réalisateur mexicain s'est tout de même forgé une réputation solide à Hollywood. Et pourtant ce Nightmare Alley débarque discrètement sur les grands écrans avec un casting pourtant impressionnant qui devrait attirer les spectateurs. On retrouve en effet Bradley Cooper, Cate Blanchett, Willem Dafoe, Rooney Mara et encore bien d’autres. En parallèle, il faut dire que le film a mystérieusement souffert d'une communication quasi absente expliquant l'échec prévisible qui rappelle un autre échec de son metteur en scène à savoir Crimson Peak sorti également dans un relatif anonymat en 2015 et nous rappelle que le réalisateur n'est pas à l'abri d'un second accroc. Le film démarre par l'introduction de son personnage principal interprété par Bradley Cooper. Cet homme mystérieux débarque dans une fête foraine et va alors s'immiscer dans les coulisses afin de trouver du travail auprès des forains dont il va suivre avec intérêt leur quotidien. On est bien sûr loin du parc flamboyant mais Guillermo Del Toro nous livre une galerie de personnages haut en couleur, détestables pour certains, attachants pour d’autres. Au-delà de cette peinture de portraits, il est difficile de savoir où le film veut nous emmener dans cette première partie. Il y a bien la curiosité d’en apprendre davantage sur les desseins de cet homme, loin d’être innocent et au passé sombre dans lequel il semble marqué par sa relation avec son père. Malgré une intrigue qui met du temps à se mettre en place, le film assure sur la forme avec un travail remarquable sur les couleurs et une minutie apporté sur les décors qui inspire le respect. Afin de faire sa place parmi les forains, cet homme va se tourner non sans intérêt vers un couple de médium et va apprendre les astuces dans cet univers où tout n'est finalement qu’illusion. Travaillant désormais à temps plein dans ce parc, il continue de s'impliquer davantage au quotidien tout en apprenant les ficelles du métier auprès de chaque forain dont le but est de duper le public. On commence à deviner ce que cet homme peut avoir en tête. Il semble en effet être attiré par un monde entouré de mensonges et de manigances dans lequel il semble s'épanouir. Alors qu’il trouvera l'amour dans ce parc, on se demande si celui-ci est bien sincère de la part de cet homme ambitieux. Prêt à voler de ses propres ailes, il décide enfin de quitter le parc et lancer sa carrière de médium dans les milieux huppés jusqu'au jour il va rencontrer une femme qui semble vouloir remettre en cause ses méthodes plus que douteuses. Il découvrira finalement que celle-ci est une psychiatre qui accompagne un juge afin de le tester sur ses véritables intentions. Rentrant ainsi dans la haute société, il va se lancer dans une arnaque grâce à ses compétences avec l’aide de cette mystérieuse docteure, une relation ambiguë qui ressemble plus à un jeu de manipulation. Cependant, cette introduction dans les hautes sphères va s'avérer bien plus dangereuse que prévue. De plus, le personnage semble obnubilé par son pouvoir de persuasion qui risque de le mener à sa destruction. Si dans un premier temps, le film se montre intéressant notamment dans cette première heure au sein de cette fête foraine permettant de nous présenter une fourchette de personnages et dans laquelle le réalisateur semble plus à l’aise que dans sa seconde partie plus tournée vers une arnaque à la destinée sombre mais au récit plus convenu et une maitrise moins évidente sur l’écriture de ses personnages hormis cette psychiatre jouée par une Cate Blanchett toujours parfaite. Par ailleurs, le film se perd dans des longueurs avec des séquences trop bavardes qui rallongent inutilement la durée trop longue. Le film affiche près de 2h30 au compteur. Clairement c’est une épine dans le pied et 30 minutes en moins auraient probablement apporté plus de rythme. On décroche régulièrement même si le film parvient à nous récupérer dans son final captivant. Globalement son personnage central est très bien traité entre son passé sombre et sa destinée. De plus, ses défauts ne doivent pas faire oublier le soin apporté à l’esthétisme du film, le savoir-faire du réalisateur fait encore des merveilles mais on pourra se montrer quelque peu déçu par sa nouvelle proposition moins alléchante que ses précédents métrages.

tdurden44
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le 19 janv. 2022

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