Dans une ambiance électrique, un conducteur déterminé arpente les rues de Los Angeles. Pas de musique de Kavinsky derrière, on n’est pas dans Drive. Ici ce conducteur ne conduit que son entreprise, dans une course furieuse, aucun braqueur. Enfin pas dans le sens conventionnel en tout cas. Dans ce film, avec une telle entreprise, seule l’intimité des gens est braquée. Même si d’aucun dirait que l’intimité est ce que l’on a de plus précieux.
Pour cela, il lui suffira de se munir d’une caméra bon marché, et d’un mépris total pour le genre humain, « We’re professonials, he’s a sale » comme il dirait si bien. Il, c’est le conducteur de cette entreprise, Lou. Lou est un sociopathe doublé d’un impitoyable homme d’affaire, dans un business qui nécessite une absence total de sens moral. Bref le type parfait pour le boulot qu’il fait. On pourrait même aller plus loin en parlant de lui comme la personnification du voyeurisme et de tout ce qui s’en suit d’on ne peut plus malsain dans le monde des médias.
L’interprétation de Lou par Jake Gyllenhaal est époustouflante, confirmant Jake comme un des acteurs les plus doué de sa génération. Un type à suivre donc. Il réussit à livrer un jeu d’acteur toujours prenant, ne laissant pas indifférent, que ce soit dans des films mémorable comme Donnie Darko, Jarhead, ou Enemy, ou dans des films plus oubliables comme La Rage Au Ventre.
De toute manière il ne pouvait en être autrement. Il fallait un acteur aussi talentueux que Jake pour interpréter un personnage pareil. Ce personnage aidé d’un associé qu’il exploite impunément, le justifiant par des monologues qui nous convaincraient presque de sa logique, de sa maigre paye comparé à ce que Lou gagne, et de tout ce que ce même Lou lui fait subir…
Ce même Lou devant se rendre toujours plus vite sur les lieux de crimes toujours plus sanglants, mettant en scène toujours les mêmes choses, avec un certain plaisir d’ailleurs, ou zèle, ou les deux probablement. Que des pauvres ayant un accident, ou tuant le riche. Si il était déjà criminel auparavant, jackpot. Ceci dit il évite les actes de viols, ces actes passent mal à l’écran, d’après la chaine de médias acheteurs de ces « scoops »…
Tout comme Cannibal Holocaust, (que je recommande bien sûr, un monument de subversion attaquant à la fois les médias et l’impérialisme américain, faudra sérieusement m’expliquer pourquoi ce film est si mal vu) le délicieusement bourré d’humour très noir à voir absolument C’est arrivé près de chez vous, ou encore Network, (Que je n’ai pas vu, faute grave, je sais, mais j’ai 18 ans et toute une inculture à combattre en circonstance atténuante pour un hypothétique jugement, donc on se calme) ce film aborde le thème des médias et de leur côté le plus déviant (avec la télé réalité, les émissions s’enrichissant sur le malheur des gens, et les NRJ music awards bien sûr). Il s’agit bien sûr du voyeurisme, omniprésent dans toute sortes d’émissions diverses et variés, (ne pas se répéter en citant les émissions du dessus comme exemple parfait). Bien que dans ce film on ne se concentre que sur celui du JT, le pire de tous au final, puisque les JT ont normalement comme devoir de nous apporter une information neutre et précise. La blague.
La neutralité, ça n’excite personne. La précision ça fait chier tout le monde.
Par contre avec le voyeurisme et le sensationnalisme, là le spectateur se sent vivant, là il peut se gaver d’actes violents divers montrés sur la lucarne plasma comme si il y était. Il se sent vivant. Il crée de l’audience et les médias font de l’argent, donc privilégieront ce type d’information à la neutralité et à la précision.
Le réalisateur, Dan Gilroy, écorche donc au vitriol, avec ce film, les médias télévisuels de masses, ainsi que les charognards leur servant de fournisseur, le tout de manière brillante. Une attaque salutaire, en effet je ne pensais pas qu’on pourrait en voire une aussi forte à l’heure actuelle.
Dan mène donc une course bien réalisée, (je ne voulais pas omettre la réalisation, sans être exceptionnelle, elle est quand même bien sympathique) assez sordide forcément, mais le jeu de Jake, le sociopathe qu’il campe, et la charge que ce film porte contre les médias, en valent largement la chandelle.